Économie

L’Algérie exclut le blé français d’un appel d’offres

L’Algérie aurait exclu le blé français d’un important appel d’offres qu’elle vient de lancer pour l’acquisition de 500.000 tonnes de céréales, rapporte ce mercredi 9 octobre l’agence Reuters, citant des « sources commerciales ». Les mêmes sources ont lié cette décision de l’Algérie à la crise diplomatique en cours avec la France.

L’Algérie a procédé fin juillet dernier au retrait de son ambassadeur à Paris suite à la décision du gouvernement français de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et de considérer le plan d’autonomie marocain de 2007 comme « la seule base pour parvenir à une solution » au conflit.

La crise politique déborde-t-elle sur le terrain économique ?

Le poste d’ambassadeur d’Algérie en France est désormais vacant après la publication d’un décret présidentiel mettant fin aux fonctions de Saïd Moussi, qui l’occupait avant la crise.

La crise semble avoir débordé sur la sphère économique et commerciale avec cette décision de l’Algérie d’exclure complètement le blé français, déjà en perte de vitesse sur le marché algérien, de ses approvisionnements.

Reuters indique que l’Algérie a lancé mardi son dernier appel d’offres régulier portant sur l’acquisition de 500.000 tonnes de blé. Les achats de l’Algérie sont gérés par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et, jusque-là, le blé français figurait dans la liste des origines homologuées et facultatives que les fournisseurs étrangers pouvaient choisir.

En pleine crise entre les deux pays, l’Algérie se détourne de nouveau du blé français

Cette fois, les acheteurs algériens ont spécifié aux éventuels fournisseurs non français qu’ils ne devront pas proposer de blé français comme option d’approvisionnement, et les entreprises françaises n’ont pas été invitées à participer à l’appel d’offres, ont indiqué au même média « six sources au fait du dossier ».

Cette décision de l’Algérie est un coup dur pour la filière céréalière française déjà en butte à une mauvaise saison. Ses retombées peuvent être significatives, car elle émane d’un pays qui est considéré comme l’un des plus gros importateurs de blé au monde et dont la France a été de surcroît l’un des principaux fournisseurs pendant de longues années.

En 2023, l’Algérie a importé 6,5 millions de blé, selon les données de l’établissement français des produits de l’agriculture et de la mer FranceAgriMer, publiées en janvier dernier.

Le pays est en passe d’assurer son autosuffisance, mais seulement en blé dur, maïs et orge. La culture du blé tendre n’est pas très adaptée au sol et au climat algériens.

Lors de la campagne électorale de l’élection présidentielle du 7 septembre dernier, le président-candidat Abdelmadjid Tebboune s’est engagé à ce que l’Algérie n’importera plus « un seul kilogramme de blé dur » à partir de 2026.

Coup d’arrêt aux importations algériennes de blé français ?

Les blés de la mer Noire, notamment le blé russe, devraient être les grands bénéficiaires de la décision algérienne de se détourner de nouveau du blé français.

La Russie est le premier exportateur mondial de blé, mais elle ne compte l’Algérie parmi ses clients que depuis quelques années. Après un net recul au début des années 2020, le blé français est revenu en force sur le marché algérien suite au réchauffement des relations entre les deux pays.

Les chiffres des Douanes françaises sur le commerce extérieur entre l’Algérie et la France, repris en septembre dernier par la Lettre économique de Business France (qui est le service économique de l’ambassade de France en Algérie), ont fait état d’une reprise « spectaculaire » des exportations vers l’Algérie des produits agricoles français, dominés par les céréales. La hausse a été de +90,5 % au premier semestre 2024 par rapport à la même période de 2023.

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L’autosuffisance de l’Algérie en blé dur sous la loupe des États-Unis

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