L’Algérie ambitionne de planter un million de palmiers dattiers à l’horizon 2027. Un objectif annoncé jeudi par le Secrétaire général du ministère de l’Agriculture, du Développement rural, Hamid Bensaâd à l’occasion de l’ouverture du 2ᵉ Salon international des dattes, jeudi à Alger,
Des plantations qui devraient s’ajouter aux 174.000 hectares de palmiers actuellement en production.
Selon l’agence APS, Hamid Bensaâd a rappelé les efforts des pouvoirs publics pour aider la filière, notamment par « la mise à disposition des moyens d’irrigation nécessaires, la gratuité des palmiers destinés à être plantés, via les directions des services agricoles ainsi que par un soutien dans la lutte contre les maladies menaçant leurs exploitations ».
Un soutien, qui selon le Secrétaire général du ministère de l’Agriculture, a permis que les dattes algériennes réussissent à « conquérir les marchés de plus de 90 pays à travers les continents, grâce à leur bonne qualité et à leur diversité de plus de 1.000 variétés », ajoutant que ces dattes connaissent un « fort engouement et une demande croissante à l’étranger ».
Pour sa part, El-Hadi Bakir, Secrétaire général du ministère du Commerce a mis en relief les progrès de la filière soulignant « un bond qualitatif grâce à la grande volonté des acteurs de cette filière » et a réaffirmé « la détermination du ministère à accompagner les producteurs et exportateurs, notamment dans les indemnisations par le biais du Fonds spécial pour la promotion des exportations ».
Cette 2ᵉ édition du Salon international des dattes, qui s’est tenue du 21 au 23 novembre, a vu la participation de plus de 180 exposants, dont des producteurs, stockeurs, emballeurs, exportateurs, transformateurs, et artisans locaux, note l’APS. Outre les participants algériens, ceux de Tunisie, Libye et Turquie étaient présents.
Ce salon, qui a été organisé par la Chambre nationale d’agriculture, souligne le rôle grandissant que joue cette organisation qui se veut un espace professionnel dédié aux agriculteurs.
Algérie : diversité de dattes intéressante
Si la variété Deglet Ennour est la plus connue, les palmeraies algériennes regorgent d’une diversité de dattes intéressante tant pour leur utilisation traditionnelle que par leurs gènes. En effet, ces variétés présentent des dates de récolte, de taux de sucre ou de durée de conservation différentes.
Si la variété Deglet Ennour enracinée dans le terroir de Tolga (Biskra) présente une chair tendre, d’autres variétés présentent une texture plus dure et leur aptitude à la conservation en fait une marchandise de choix exportée vers les pays du Sahel. Des exportations effectuées dans le cadre légal du troc de dattes contre des animaux d’élevage.
Quant au patrimoine génétique des palmeraies locales, il se caractérise par des gènes de résistance à la salinité, à la sécheresse ou aux maladies. Aussi, des efforts sont réalisés afin de sauvegarder cette extraordinaire diversité face au diktat des variétés les plus appréciées des consommateurs.
Diversité de producteurs
Une diversité également observée au niveau des phœniculteurs. Aux côtés des traditionnelles palmeraies irriguées à partir de foggara où des crues d’oueds sont venus s’ajouter des investisseurs mobilisant les eaux souterraines par le biais de forages.
Une évolution étudiée en détail dans la commune d’El Ghrous (Biskra) par des équipes d’universitaires, dont Tarik Hartani et Ali Daoudi de l’École nationale Supérieure d’Agronomie. Dès 2015, ces co-auteurs notent que : « Le maraîchage sous serres a, en effet, attiré des agriculteurs venus de différentes régions d’Algérie (Tipaza, Djelfa, M’sila, Batna, etc.). Certains se sédentarisent et deviennent phoeniciculteurs, d’autres réinvestissent leur capital ailleurs ».
Ainsi, l’installation de ces nouveaux agriculteurs et le développement du maraîchage sous serre a entraîné la transformation du paysage « passant d’une oasis à étages (palmiers dattiers, arboriculture et maraîchage) à des cultures sous serres qui se développent à côté de plantations monospécifiques », notent ces chercheurs.
Ils citent un des premiers agriculteurs à avoir eu des serres dans la commune d’El Ghrouss : « Je possédais 14 serres en 1989 et je louais, par ailleurs, des emplacements de serres à 15.000 DA l’unité à des dizaines de locataires. C’est cela qui m’a permis de planter les palmiers ». Un maraîcher dont l’exploitation est aujourd’hui exclusivement phœnicicole, selon les universitaires lors de leur enquête de terrain.
Avec son extension, la filière dattes en Algérie se donne comme objectif de miser sur la qualité et la durabilité. Déjà certains producteurs évoluent vers la culture biologique très appréciée des importateurs étrangers alors que d’autres producteurs pratiquent l’irrigation localisée.
Car bien qu’adapté aux températures du Sud, le palmier n’en demeure pas moins gourmand en eau. Une eau, indispensable au programme de développement des cultures stratégiques au Sud.
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