Pour faire à la congestion de certains de ses ports, l’Algérie a pris au moins deux mesures importantes : l’agrandissement du port de Djen-Djen qui peut recevoir désormais des porte-conteneurs trois fois plus grands et le déroutement des navires vers des ports moins congestionnés.
Selon le transitaire algérien Transit Green Line, plus d’une vingtaine de navires seraient actuellement en rade au port d’Alger dans l’attente d’être déchargés.
Le transitaire a partagé sur les réseaux sociaux une note du ministère des Transports rappelant l’obligation de dérouter les navires vers d’autres ports en cas de congestion du plus grand port commercial du pays.
La note, datée de lundi 4 novembre et signée du directeur de la marine marchande au ministère des Transports, est destinée au président de l’Association professionnelle des agents maritimes algériens (APAMA).
Dans le cadre des démarches entreprises pour améliorer les conditions de prise en charge des escales des navires au niveau des ports algériens, les consignataires de navires sont informés que, dorénavant, en cas de congestion du port de destination pour les navires qu’ils sont mandatés à représenter, « ils doivent prendre leur responsabilité quant aux démarches nécessaires à entreprendre pour avertir au préalable les armateurs à l’effet de dérouter leurs navires à escaler à un autre port que celui de destination initiale », lit-on dans la note du responsable ministériel.
Des mesures pour décongestionner le port d’Alger
« Toute annonce de navires à destination des ports algériens doit se faire conformément aux dispositions du décret exécutif 02-01 du 6 janvier 2022 fixant le règlement général d’exploitation et de sécurité des ports », rappelle le même responsable.
En référence, la note cite les instructions émises lors du conseil des ministres du 2 juin 2024. Ce jour-là, le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait instruit le gouvernement de « concevoir une approche exhaustive pour une nouvelle stratégie de gestion portuaire ».
Il avait en outre enjoint de mettre en place « un mécanisme de coordination, en matière de gestion de la pression issue des délais d’attente en rade au niveau des ports, de manière à les réduire à une durée maximale de 24H ».
Le chef de l’État avait également « ordonné de réduire la pression sur le port d’Alger, de concert avec les agences maritimes commerciales, en dirigeant une partie du trafic maritime des navires de commerce vers tous les ports du pays ».
Ce problème de congestion avait amené l’armateur français CMA CGM à imposer le 2 septembre dernier une taxe supplémentaire de congestion (PCS, port congestion surcharge) sur le fret à destination de l’Algérie.
Cette taxe supplémentaire a été fixée à 150 euros par conteneur de 20 pieds au départ du nord de l’Europe vers les ports algériens d’Alger, Skikda, Béjaïa et Oran. L’armateur a toutefois fait marche arrière en annulant la charge supplémentaire le 9 du même mois.
Outre le déroutement des navires vers des ports moins sollicités, l’Algérie a agrandi le port de Djen Djen à Jijel qui peut recevoir désormais des porte-conteneurs de 6.000 EVP contre 2.500 auparavant, ce qui permettrait de réduire le nombre de navires qui accostent dans les ports algériens et d’éviter le détour par des ports étrangers plus grands. Le 3 novembre, ce port situé à Jijel a reçu un navire de 365 m, une première en Algérie.
En 2023, 126 millions de tonnes de marchandises et plus de 1,55 million de conteneurs équivalents vingt pieds (EPV) ont été traités par les ports algériens, selon les chiffres publiés en septembre dernier par l’Entreprise portuaire d’Alger (EPAL).