En Algérie, la capacité de résistance à l’aridité de l’arganier, cet arbre qui produit l’huile la plus chère au monde, suscite l’admiration de tous. Les plantations se multiplient non seulement dans la région de Tindouf où cet arbre est endémique mais également dans d’autres wilayas. Décimée par le surpâturage et la sécheresse, cet arbre renait sous l’effet d’une politique ambitieuse visant à planter 200.000 arbres en Algérie.
C’est le cas à Msila où les services des forêts viennent de procéder à la plantation d’arganiers sur plus de 300 hectares. Sur une étendue de terre dépourvue de cailloux, de jeunes arbres sont impeccablement alignés.
Leurs troncs sont munis d’un manchon en plastique, un moyen d’éviter les dégradations des animaux. Entre les allées, un tracteur auquel est attelée une citerne permet d’arroser les plants. L’arrosage est indispensable avant que l’arbre ne développe ses racines et soit autonome.
L’Algérie veut planter 200.000 arganiers
Mêmes scènes à Mostaganem où en mai dernier Djamel Touahria, le directeur général des forêts était en visite de terrain. L’occasion de souligner l’importance du programme national de plantation et de s’enquérir de la réhabilitation des pépinières locales. Ce programme vise la mise en terre de 200.000 arganiers. Il a été initié par le président Abdelmadjid Tebboune.
L’engouement est visible dans la région de Chlef, où comme le relevait en mai dernier l’agence APS, les services de la Conservation locale des forêts ont procédé à de premières plantations entre 2010 et 2016. Des plantations d’abord modestes avec 60 arbres puis jusqu’à 200 à El Karimia par Benhalima Salaouatchi, un investisseur privé.
À l’époque, il confiait à l’APS : « les premiers résultats de cette culture sont prometteurs, au vu de la floraison des arbres et du début de fructification, en attendant la récolte prévue entre les mois de juillet et août prochain ».
Confiant dans ce projet, il ajoutait : « l’arganier est un arbre endémique du sud du pays, qui s’est parfaitement acclimaté au microclimat de la wilaya et aux différents sols où il a été planté ».
Benhalima Salaouatchi ne compte pas s’arrêter à la production d’amandes d’argan, il s’attelle également à « la multiplication des plants d’arganier en vue de leur distribution aux agriculteurs intéressés ».
De leurs côtés, les services forestiers s’engagent également dans la production de jeunes plants et organisent des journées de formation et de sensibilisation au profit des agriculteurs de la région.
L’arganier, un arbre exceptionnel
L’arganier est aujourd’hui au centre de l’attention de plusieurs équipes d’universitaires. Leurs études visent à mieux connaître la biologie de l’espèce et à sa reproduction.
Ces études font état d’une aire de l’arganier qui couvrait jusqu’à 1 400 000 ha au début de l’ère quaternaire et estimée à quelque 700 000 hectares en 1965. Plusieurs études alertent sur la situation de l’arganeraie de Tindouf.
Dès 2015, co-auteur d’une étude sur la question, l’expert Mohammed Ould Safi notait les dégâts liés à « la sécheresse, la pollution, la dégradation des sols, le surpâturage, les coupes illicites de bois et les insectes ravageurs, particulièrement les termites ».
Pour sa part en 2012, Zahira Souidi de l’université de Mascara faisait remarquer à l’occasion d’un article collectif relatif sur la sauvegarde des arganiers algériens que leur reproduction naturelle « ne s’observe presque plus dans les sites naturels ».
En cause, « la récolte quasi-totale des fruits pour produire l’huile d’argan et l’aridité croissante du climat ». À cela s’ajoutent les dégâts de l’élevage anarchique. Les rares fruits restés au sol qui germent sont la proie des troupeaux de chèvres et de dromadaires.
Le cas de l’arganeraie de Tindouf
Les études actuelles portent sur la sélection des types d’arganiers les plus productifs et les meilleures techniques de reproduction en pépinières. Les universitaires vont jusqu’à rechercher les espèces de champignons du sol associés aux racines de l’arganier contribuant à sa croissance. L’idée étant d’inoculer en pépinière les jeunes plants avant leur plantation.
Quant à la localisation particulière des arganiers dans la région de Tindouf, des chercheurs l’expliquent par la proximité de l’océan atlantique. L’air humide océanique se condense sur les feuilles à la fin de la nuit et les gouttes d’eau tombant au sol sont récupérées par les racines les plus superficielles.
Entre volonté politique, moyens techniques des services forestiers, regain d’intérêt des particuliers et travaux universitaires, l’arganier pourrait voir son déclin enrayé en Algérie.
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