À l’heure des réseaux sociaux et des nouvelles technologies de l’information, les fake news et la désinformation constituent une menace réelle pour la sécurité et la stabilité des États.
Le sujet a été au cœur d’un atelier régional du Bureau de liaison pour l’Afrique du nord du Comité des services de renseignement et de sécurité d’Afrique (CISSA), tenu dimanche 20 avril à Alger.
Deux hauts responsables algériens, Mohamed Meziane, ministre de la Communication, et le général Rochdi Fethi Moussaoui, directeur général de la Documentation et de la sécurité extérieure (DSE), se sont exprimés au cours des travaux et ont mis en exergue la nécessité d’une réponse africaine commune aux défis posés par le nouveau phénomène.
La lutte contre les fake news ne relève pas de la responsabilité d’un seul Etat, elle constitue un combat commun, a indiqué Mohamed Meziane, présent à l’atelier en sa qualité de représentant du Premier ministre Nadir Larbaoui.
L’Algérie demeure la cible de plans malveillants
Mohamed Meziane a appelé au « renforcement des législations nationales et internationales" et plaidé pour la création d’une plateforme africaine dédiée regroupant des experts en information sécuritaire et en technologie, chargés de proposer des solutions pratiques.
Il a aussi mis en avant l’importance d’investir dans la sensibilisation de la société, notamment des jeunes.
Le ministre de la Communication a souligné sue l’Algérie « a été et demeure la cible de plans malveillants visant à porter atteinte à sa sécurité et à sa stabilité".
De nombreux sites diffusant des fake news sur l’Algérie et les Algériens ont été créés ces dernières années à l’étranger. Ils sont devenus des vecteurs dangereux de propagation de fausses informations qui portent ainsi à l’image des Algériens à l’étranger, notamment en France où réside 80% de la communauté nationale à l’étranger.
"Mais, s’est-il félicité, grâce à la sagesse du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, à la vigilance des institutions officielles spécialisées et de l’ensemble des médias nationaux, ainsi qu’à la conscience élevée dont ont fait preuve les institutions de l’Etat, ces tentatives ont été déjouées avec efficacité et responsabilité ».
La lutte contre les fake news sur les réseaux sociaux doit être menée "à la fois sur les plans sécuritaire et médiatique, tout en promouvant une culture de vérification de l’information crédible », a estimé le ministre.
Roshdi Fethi Moussaoui : « La lutte contre les fake news, un combat existentiel »
« L’Algérie est pleinement consciente que sa stabilité et sa sécurité sont indissociables de celles du continent africain. C’est pourquoi elle poursuit ses efforts pour protéger ses institutions et préserver la cohésion de son peuple face aux campagnes qui la ciblent », a-t-il dit.
La stratégie de l’Algérie en la matière inclut « le renforcement des médias nationaux pour qu’ils soient une source fiable d’informations et en mesure de détecter et de réfuter les fake news », a indiqué M. Meziane.
Le général Moussaoui a, lui aussi, plaidé pour une réponse africaine commune face aux fake news et à la désinformation qui sont devenues « un outil que des parties malsaines utilisent pour déstabiliser, semer la discorde et jeter le doute sur les institutions étatiques ».
Il s’agit d’une « menace directe pour la paix et la stabilité, utilisée pour impacter les sociétés et ébranler la confiance entre les peuples et leurs gouvernements », a ajouté le DGDSE qui a estimé que ces nouvelles méthodes égalent les guerres dans leur puissance de nuisance.
« Le danger des nouveaux médias réside dans la facilité de circulation de l’information sans surveillance ni contrôle, ce qui a permis la prolifération des fake news », a relevé le chef des Services extérieurs algériens pour qui, la lutte contre le phénomène constitue un « combat existentiel » qui nécessite la « poursuite du travail commun afin de prémunir l’avenir de notre continent contre ces dangereuses menaces ».
« Ce combat n’est pas un choix, mais un devoir que nous impose notre responsabilité historique de protection de nos États et de nos peuples », a-t-il affirmé.
Le chef de la DGDSE a fait une série de propositions pour relever ce défi, parmi lesquelles le renforcement de la coordination et de la coopération entre les appareils de renseignements et de sécurité, l’établissement de partenariats avec les médias et les plateformes de réseaux sociaux pour la mise en place de mécanismes permettant de vérifier la véracité de l’information, la sensibilisation des citoyens et le renforcement du cadre législatif et juridique.
« L’Algérie demeurera à l’avant-garde de ces efforts », a assuré le général Rochdi Fethi Moussaoui.