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Le film « Alger », avec Nabil Asli, sort au Québec : ce qu’en dit la presse canadienne

Un polar palpitant débarque cette semaine sur les écrans québécois. C’est un film coup de poing qui ne vient pas d’Hollywood, ni d’Europe, mais d’Algérie, avec une enquête tendue dans une société en reconstitution.

Il s’agit du film « Alger », le premier long métrage du réalisateur algérien Chakib Taleb-Bendiab, avec l’incontournable Nabil Asli dans le rôle principal. 

Ce thriller policier se frotte à la réalité vécue dans la capitale algérienne. Tout en finesse, il aborde les sujets tabous que sont l’enlèvement d’enfants et la pédophilie.

« Alger », le film algérien sort au Canada

 

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Avec le long métrage « 196 mètres/Algiers », Chakib Taleb-Bendiab frappe fort avec une équipe, un décor et un scénario 100 % algériens. On y suit la disparition d’une petite fille qu’un inspecteur et une psychiatre vont tenter de retrouver. Pour rendre l’histoire crédible, l’équipe n’a pas hésité à s’immerger dans le quotidien de vrais policiers.

« On a beaucoup travaillé avec des policiers. On était en infiltration, en immersion avec une vraie “brigade des mineurs”. Donc on a côtoyé de vrais inspecteurs, on a vu des interrogatoires, etc. Ça a beaucoup aidé les comédiens », dévoile l’acteur Nabil Asli au journal québécois Le Devoir.

Le comédien, qui a campé le personnage de l’inspecteur Sami, est une star des grand et petit écrans algérien. Depuis 3 ans, il est installé au Québec. Il révèle sur son personnage :

« Il est complexe et a des défauts. Il est têtu, mais en même temps, il aime bien son travail et il veut faire les choses jusqu’au bout. Chakib et moi avons beaucoup travaillé sur ce personnage, car on voulait qu’il soit naturel.

Parfois, quand on incarne des policiers, on tombe tout de suite dans les clichés. On voulait s’approcher d’un portrait subtil et de la réalité des policiers ».

Alger la Blanche en personnage principal

Aux côtés de Nabil Asli et Meriem Medjkane (qui interprète la psychiatre), l’autre star du thriller est la ville elle-même. Le film a été intégralement tourné à Alger, de quoi faire découvrir une capitale rarement montrée avec une telle authenticité.

 

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Chakib Taleb-Bendiab explique à ce propos : « Le film parle aux Algériens parce que c’est raconté par nous-mêmes. Quand vous racontez votre histoire par vous-mêmes, que vous ne la déléguez pas à quelqu’un d’autre, tout passe.

Ce qu’on veut, c’est réactiver en fait un cercle vertueux avec le cinéma algérien et ramener les gens en salle avec des films qui leur ressemblent et qui sont bien faits ».

Le réalisateur ne cache pas sa volonté de reconnecter le public algérien avec ses propres récits, en explorant les facettes cachées de la capitale. « J’ai utilisé la ville comme un exhausteur de la société algérienne », souligne-t-il.

Alger porte effectivement les traces d’un lourd passé. Elle a été « colonisée, décolonisée, elle a connu des guerres successives, l’indépendance ou encore une guerre civile », dit-il au micro de Radio-Canada OHdio.

Une production à petit budget qui porte un message universel

« Alger », qui est disponible dans les salles de cinéma québécoises, a été réalisé avec moins de 500.000 dollars. Il n’en impressionne pas moins par la qualité de son scénario, son ambiance sonore et sa mise en scène, soulignent les médias canadiens et des internautes. Le scénario est effectivement ponctué de nombreux indices et leitmotivs.

La critique suit, et le public aussi. Le film de 92 minutes a eu son succès commercial en Algérie en restant 18 semaines à l’affiche. Il a été présenté dans de nombreux festivals à travers le monde, à Rhode Island aux États-Unis, en Espagne, en Autriche, en Suisse, en Égypte et en Tunisie, entre autres.


Il a également représenté l’Algérie dans la course aux Oscars dans la catégorie Meilleur long métrage international en 2025. Et au Québec, le long-métrage algérien fait carton plein !

« On est venu le présenter en Abitibi [région du Québec] et on a eu une salle comble magnifique. On a eu 3 minutes de standing ovation, c’était génial », confie le réalisateur.

Si sa production plaît tant, c’est notamment pour son message universel sur la mémoire collective, et sa réflexion sur la résilience d’un peuple marqué par la guerre civile.

Il explique : « Je voulais sortir des clichés positifs et négatifs. Je ne voulais pas entrer dans le misérabilisme. Pour moi, les grands peuples, ce sont ceux qui affrontent leur trauma, ce sont ceux qui affrontent leur histoire, ce sont ceux qui affrontent leur passé. Et c’est pour ça que je pense que le peuple algérien est un grand peuple courageux ».

Sarah-Louise Pelletier-Morin, écrivaine et lauréate du prix Émile-Nelligan, décrit ce long métrage comme un « bel hommage aux oubliés en marge de l’Histoire ».

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