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Le Maroc confronté à une grave crise migratoire : la grande évasion

Le Maroc est confronté à une grave crise migratoire. Un dispositif policier impressionnant a été déployé ces derniers jours autour de l’enclave espagnole de Ceuta pour empêcher ce que l’on peut qualifier de grande évasion du royaume vers l’Espagne.

Pour éviter que l’enclave espagnole soit prise d’assaut par les migrants, dont de nombreux Marocains, mais aussi des Subsahariens, les autorités marocaines ont déployé d’importantes forces de police et de gendarmerie dans la ville de Fnideq, voisine de Ceuta.

Des centaines de migrants marocains avec un petit groupe de Subsahariens ont tenté de prendre d’assaut l’enclave espagnole, mais ils ont été repoussés par les forces de l’ordre. Certains ont tenté de forcer les barrières de sécurité mises en place par la police, d’autres ont essayé de traverser la frontière à la nage.

Des affrontements ont eu lieu toute la journée de dimanche entre les centaines de migrants clandestins et les forces de l’ordre dans cette ville marocaine.

Crise migratoire au Maroc : dispositif policier inédit autour de Ceuta

« Il s’agit du plus important déploiement de sécurité jamais réalisé à Fnideq », a déclaré Mohamed Benaïssa, militant marocain des droits de l’homme, dont les propos ont été rapportés par les médias. Ce militant explique que les autorités marocaines ont « agi de manière préventive en mettant en place de multiples points de contrôle sur les routes menant au Nord du Maroc ».

Une soixantaine de migrants clandestins ont été arrêtés ces derniers jours suite à l’appel lancé sur les réseaux sociaux pour la grande évasion.

Que cache cette nouvelle tentative de prendre d’assaut Ceuta ?

À l’époque, le Maroc a utilisé le chantage migratoire pour faire pression sur l’Espagne alors que les deux pays étaient en crise. Ce qu’il a réussi puisque, moins d’une année après, en mars 2022, le gouvernement espagnol de Pedro Sánchez a changé radicalement la position de Madrid sur le conflit au Sahara occidental, en soutenant les thèses marocaines.

Cette affaire a montré la voie aux migrants marocains. En juin 2022, une tentative de prendre d’assaut l’enclave de Melilla par des candidats à l’émigration clandestine s’est terminée dans un bain de sang. Bilan : 37 morts.

Cette violente répression n’a pas dissuadé des centaines de Marocains à tenter leur chance cette semaine pour rallier l’enclave espagnole et fuir les conditions de vie de plus en plus difficile au Maroc où le chômage des jeunes a enregistré un taux record de 38 %, selon le dernier rapport de l’OCDE sur le royaume.

Selon les autorités marocaines, 15.000 migrants ont été arrêtés en août dernier alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Espagne, via Ceuta et Mellila, les deux seuls postes frontaliers terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique.

Depuis le début de l’année, plus de 45.000 candidats à l’émigration clandestine ont été interpellés par les forces de l’ordre du royaume, soit une moyenne de plus de 5.600 par mois.

Il reste à savoir si la tentative actuelle de prendre d’assaut Ceuta ne fait pas partie de la stratégie migratoire du Maroc pour faire pression sur l’Union européenne concernant le Sahara occidental et les enquêtes sur ses ingérences dont il fait l’objet dans certains pays européens.

Si en mai 2021, le royaume a laissé faire les migrants, cette fois, il veut montrer qu’il peut maîtriser la situation, mais tout en montrant à l’Europe ce qui l’attend s’il baisse la garde.

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