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Le Maroc renforce sa coopération militaire avec Israël

A quoi joue le Maroc dans le dossier du Moyen-Orient ? Cité parmi les éventuelles destinations des habitants de la bande de Gaza que Donald Trump veut éloigner de leur terre, le Maroc n’a pas vraiment dénoncé le projet, exprimant juste un désaccord, du bout des lèvres.

Cela, tout en poursuivant les affaires, notamment les gros contrats d’armements avec Israël. Rabat a même joué un mauvais tour à son allié français en préférant les pièces d’artillerie de l’Israélien Elbit Systems à celle du Français KNDS.

Cette affaire illustre le renforcement de la coopération militaire entre le Maroc et son nouvel allié israélien qui est devenu son 3e fournisseur d’armement avec une part de 11% des achats d’armes achetées par le royaume, derrière les Etats-Unis (69%) et la France (14%) sur la période 2019-2023, selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) publié en mars 2024.

La presse israélienne a rapporté la semaine passée que les habitants de Gaza, suivant le plan du président américain, seront déplacés, outre vers l’Egypte et la Jordanie, vers la Somalie, le Puntland (région autonome de Somalie) et le Maroc.

Des observateurs ont estimé que Rabat ne pourra pas dire non au risque de perdre le soutien américain et occidental à sa colonisation du Sahara occidental.

Ce week-end, le ministre des Affaires étrangères du Maroc, Nasser Bourita, s’est exprimé sur le sujet, indiquant que “la décision appartient toujours aux Palestiniens” et que le Maroc ”n’est pas concerné par la relocalisation des Palestiniens de Gaza”. Il s’agit de la position la plus timorée dans tout le monde arabe et musulman face à l’idée de Donald Trump.

Armement : le Maroc préfère Israël et joue un mauvais tour à la France

La contestation de la normalisation s’accroît au Maroc depuis la divulgation du plan de Trump. « Les Palestiniens sont nos frères et ils sont toujours les bienvenus ici, mais nous n’accepterons jamais ce plan car il ne s’agit que d’un nettoyage ethnique », a déclaré au média New Arab Ismail Hanoui, membre du comité marocain contre la normalisation. 

Les anti-normalisation perçoivent la proposition comme “un affront à la souveraineté du Maroc”, estimant que la seule réponse qu’il faut donner est de rompre les relations avec Israël et fermer son bureau de liaison à Rabat. 

Les militants marocains constatent avec dépit que les affaires, notamment les contrats d’armement, ont repris avec force dès l’annonce d’un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël.

Selon le journal français La Tribune, le Maroc vient de finaliser un important accord d’armement avec la société de défense israélienne Elbit Systems. Celle-ci a remporté un contrat de fourniture de 36 pièces d’artillerie autotractées ATMOS 2000, devançant l’entreprise française KNDS.

Selon New Arab, l’accord avec Elbit Systems est perçu en France comme un coup dur pour Paris, qui s’est rapproché de Rabat en lui offrant la reconnaissance de sa “souveraineté” sur le Sahara occidental.

La Turquie est aussi citée comme un autre pays avec lequel le Maroc tisserait des liens dans le domaine de l’industrie de Défense. Selon la radio française RFI, qui interprète “une discrète parution au bulletin officiel marocain”, des drones de l’entreprise turque Baykar pourraient être construits dans le royaume. “Ce serait une première en Afrique”, souligne le média français.

Dans une interview accordée la semaine passée au journal français L’Opinion, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a révélé ce qu’il a dit à son homologue français Emmanuel Macron lorsque celui-ci lui a fait part de son projet de reconnaître la “souveraineté marocaine” sur le Sahara occidental l’été dernier. “Vous faites une grave erreur ! Vous n’allez rien gagner et vous allez nous perdre”, lui a dit le président algérien.

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