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Le « monstre à trois têtes » qu’utilise le Maroc contre l’UE

Le « monstre à trois têtes » qu’utilise le Maroc contre l’UE

Le drapeau du Maroc et de l'Union européenne,

N’ayant pas réussi à vaincre le peuple sahraoui ni par la guerre ni à l’usure du cessez-le-feu sans fin, le Maroc a concocté un autre plan visant à imposer le fait accompli de la colonisation du Sahara occidental en utilisant l’Union européenne.

Dans une contribution publiée, samedi 28 décembre, dans le journal espagnol El Independiente, le militant sahraoui Abderrahman Buhaia a explicité les éléments de ce plan qui s’apparente à la stratégie du bâton et de la carotte.

L’Union européenne est un bloc compact, prospère, démocratique, moderne et solvable. « C’est le passe-partout dont le Maroc a besoin pour surmonter la barrière de la légalité internationale » et « l’aval définitif » qu’il doit « brandir sur la nébuleuse scène politique internationale pour s’emparer du territoire non-autonome du Sahara occidental », explique l’interprète et enseignant sahraoui.

Le plan pour mettre l’UE du côté du Maroc se décline en quatre points, trois relevant du « bâton » et le dernier de la « carotte ».

Chantage migratoire, drogue et terrorisme

Le premier point est d’implanter dans l’esprit des politiques européens l’idée que le Maroc est le bouclier infaillible dont l’Europe ne peut se passer pour se protéger de « la redoutable triade » que constituent le trafic de drogue, la migration clandestine (ou trafic d’êtres humains) et le terrorisme.

La deuxième étape est de lancer ce « monstre à trois têtes, que le Makhzen nourrit, soigne et chouchoute », sur l’Europe, en s’appuyant sur l’Espagne, utilisée comme un pont pour étouffer le vieux continent avec l’immigration et l’inonder de haschisch marocain et aussi de cocaïne, « que les navires de Colombie et d’autres pays d’Amérique latine déchargent en toute impunité dans les ports de Laâyoune et de Dakhla ».

« La côte espagnole dans son ensemble (péninsule, îles Baléares et îles Canaries) vit depuis des décennies sous la menace constante de la redoutable triade. C’est la conséquence directe d’avoir un narco-État comme voisin », note l’auteur de la contribution.

Quant à la troisième tête du monstre, le terrorisme, « Dieu seul sait jusqu’où va sa portée, mais son niveau et les dégâts qu’il peut causer ne devraient certainement pas être inférieurs à ceux des drones israéliens sophistiqués avec lesquels le Makhzen frappe les civils sahraouis, mauritaniens ou algériens qui traversent le désert », écrit Abderrahman Buhaia.

Espionnage et corruption de personnalités européennes

La troisième méthode du plan marocain est « dénuée de toute éthique et moralité comme tout ce qui concerne le Makhzen ».

Il s’agit de l’espionnage numérique d’hommes politiques européens et de personnalités de premier plan via des logiciels malveillants, comme on l’a vu avec le scandale Pegasus.

Le but est évident : les personnes espionnées deviennent les otages des services marocains et n’ont que deux options, dénoncer, comme l’a fait le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, ou se taire et obéir, comme l’a fait le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez, explique l’auteur de la tribune.

Parallèlement à l’espionnage, les Marocains ont aussi recours à la corruption des responsables et élus européens, comme il a été démontré par la justice belge qui a enquêté sur le scandale de corruption de députés du Parlement européen.

Les hommes politiques que le Makhzen a ainsi réussi à corrompre étaient liés à lui par le fait d’avoir accepté le pot-de-vin, et ils sont tenus de se conformer aux instructions qui leur sont données. C’est l’une des raisons pour lesquelles le Parlement européen, malgré sa diversité politique, est toujours réticent à envisager une motion liée à la cause sahraouie, explique Abderrahman Buhaia.

Ouvrir le Sahara occidental au pillage

La politique de la carotte, c’est le quatrième levier du plan marocain. C’est « le plus important » et c’est, « ironiquement, celui qui finirait par provoquer l’effondrement comme un château de cartes, de tout le plan », estime Buhaia.

Il s’agit d’ouvrir grand les portes du Sahara occidental occupé au pillage total et effréné des ressources naturelles du territoire, que sont essentiellement les produits de la pêche, les produits agricoles et le phosphate.

« Le Maroc travaille sans relâche, jour et nuit, et s’acharne à piller, à rassembler tout ce qu’il peut, comme s’il craignait d’être expulsé le lendemain », explique l’auteur de la tribune.

Par cette politique de la carotte et du bâton, le Maroc a réussi à tenir l’ensemble de l’UE pendant des années et à se faire considérer comme « un partenaire privilégié et stratégique, pour lequel il vaut la peine de fermer les yeux ».

Mais ce que les stratèges marocains ont omis, c’est l’indépendance de la justice européenne, une notion « impensable » chez eux.

Le 4 octobre 2024, la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a déclaré nuls les accords commerciaux sur la pêche et les produits agricoles signés entre l’Union européenne et le Maroc, pour avoir inclus le Sahara occidental dans leur champ d’application sans avoir le consentement de son peuple, légitimement représenté par le Front Polisario.

Cela laisse présager « un horizon sombre pour le Maroc, qui avait basé sa dernière cartouche sur l’utilisation de l’Union européenne pour approuver l’occupation du Sahara occidental », conclut Abderrahman Buhaia.

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