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« Le Rif n’a jamais fait partie du Maroc » : à Alger, le mouvement du Rif expose son projet

En plus du Sahara occidental qu’il occupe illégalement depuis 1975, le Maroc a un autre dossier sur les bras, celui du Rif dont un mouvement réclame le recouvrement de l’indépendance de cette région.

La cause rifaine commence à engranger du soutien au niveau international comme on a pu le constater au cours de “la journée du Rif” organisée ce samedi 23 novembre à Alger. 

Outre des partis politiques algériens, il y avait à cette “première manifestation en dehors de l’Europe”, un ministre délégué du gouvernement sud-africain et des représentants du Mozambique et du front Polisario.

La “journée du Rif” est organisée par le Parti national rifain (PNR), un mouvement créé en 2023 qui réclame la restauration de la République du Rif.

Un de ses membres, Youva El Ghedioui, a tenu à ce que les mots justes soient employés pour désigner le mouvement de cette région du Nord du Maroc.

“Il ne s’agit pas d’un mouvement séparatiste parce que, historiquement, le Rif n’a jamais fait partie du Maroc. Notre objectif est de restaurer la République du Rif, la première qu’a connu le continent africain”, a-t-il indiqué. 

D’où le thème choisi pour cette journée du Rif : la République du Rif et le recouvrement de l’indépendance. 

Les initiateurs du mouvement veulent ainsi mettre en exergue “la légitimité historique et juridique” de la revendication des Rifains à récupérer ce qui leur a été enlevé de force, a indiqué El Ghedioui. 

« Historiquement, le Rif n’a jamais fait partie du Maroc »

“Les enfants du Rif ne sont pas des séparatistes, car le Rif n’a jamais fait partie de cette entité organique appelée le Maroc, une entité étrangère implantée dans le corps de l’Afrique pour servir les intérêts des puissances coloniales”, a insisté le membre du PNR, rappelant qu’en vertu des accords instituant le protectorat français en 1912, les Alaouites ont remis à la France le sultanat de Marrakech en contrepartie de leur maintien au pouvoir. 

La République du Rif est le premier Etat d’Afrique du Nord à proclamer son indépendance, en 1921, sous la conduite de Abdelkrim El Khettabi. La République a duré 5 ans, jusqu’en 1926, lorsque Abdelkrim a été vaincu par les troupes françaises et espagnoles, aidées par la famille alaouite, toujours au pouvoir au Maroc un siècle après. 

La bataille d’Al Anoual, en 1921, reste la plus lourde défaite infligée par les Rifains à une armée coloniale, avec 24.000 soldats espagnols tués d’un coup, a rappelé Abderrahmane Soualah, du parti algérien de l’Union des forces démocratiques et sociales (UFDS). 

“La République du Rif était un symbole de dignité et avait la pleine souveraineté sur son territoire. Mais ce rêve n’a pas duré longtemps parce que la République a été la cible de complots internationaux et de l’alliance de forces colonialistes internes et étrangères”, a regretté Youva El Ghedioui.  

Celui-ci a remercié l’Algérie pour l’accueil de cet événement, soulignant qu’il est dans l’ordre des choses que “la Mecque des révolutionnaires”, qui a été la première à reconnaître la République sahraouie, soit aussi la première à reconnaître la légitimité du combat des Rifains.

Le militant a révélé qu’il ne s’est pas rendu dans le Rif depuis 10 ans. “Si j’y vais, ce serait mon dernier voyage”, a-t-il dit, soulignant que de nombreux militants de la cause rifaine comme lui croupissent dans les prisons du royaume. “Nous nous rendrons dans le Rif le jour où cette terre sera purifiée de la souillure des Alaouites”, a-t-il souhaité. 

En attendant, le combat pacifique continue pour libérer le Rif. El Ghedioui a lancé un appel à tous les Africains afin de considérer désormais “le Sahara occidental et le Rif comme les deux  dernières colonies d’Afrique”. “La question du Rif est une partie du combat de l’Afrique contre le colonialisme”, a-t-il ajouté. 

Un point de vue partagé par le ministre délégué de l’Afrique du Sud et le représentant du Mozambique qui a rapporté cette phrase dite un jour par le président de son pays au roi du Maroc : “Le meilleur pays africain est celui qui ne colonise pas les autres pays africains”.

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