Économie

Le SoutH2 Corridor redéfinit la place énergétique mondiale de l’Algérie

Grand fournisseur de gaz pour l’Europe, l’Algérie sera un acteur encore plus significatif sur la carte énergétique mondiale grâce au projet de fourniture d’hydrogène vert pour le vieux continent, le SoutH2 Corridor.

« Les initiatives en cours suscitent des réflexions sur la place qu’occupera l’Algérie dans l’architecture énergétique internationale », écrit la célèbre plateforme américaine spécialisée, Energynews.

Pour résumer, le projet consiste à acheminer chaque année, à partir de 2030, 4 millions de tonnes d’hydrogène produit en Algérie, jusqu’en Allemagne, en passant par la Tunisie, l’Italie et l’Autriche. L’Algérie est le pivot de ce grand projet, « compte tenu de ses ressources solaires et éoliennes ».

SoutH2 Corridor opérationnel à partir de 2030

Le SoutH2 Corridor vient de faire l’objet d’une rencontre des ministres de l’Énergie des pays concernés, à l’issue de laquelle une déclaration d’intention a été signée mardi 21 janvier à Rome. L’Algérie y a été représentée par le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab.

L’Union européenne soutient ce projet dans le cadre de ses objectifs de diversification énergétique et le Plan REPowerEU. Elle l’a classé parmi les Projets d’Intérêt Commun (PIC).

L’UE veut que la part de l’hydrogène vert dans son mix énergétique augmente progressivement afin de réduire la dépendance aux énergies fossiles importées.

Pour les experts, les 4 millions de tonnes prévus répondront significativement aux objectifs européens en matière d’hydrogène.

Pour les pays maghrébins, les principales retombées seront la stimulation de l’activité économique et la création d’emplois, ainsi que le transfert de compétences avec « des effets d’entraînement pour d’autres secteurs ».

La Tunisie envisage aussi de mettre à profit le gazoduc passant sur son territoire pour développer ses propres capacités de production.

Hydrogène vert pour l’Europe : l’Algérie en pays pivot du SoutH2 Corridor

Le projet est gigantesque. À Rome, les discussions ont porté sur la réalisation d’un pipeline de 3.300 kilomètres. L’Algérie est déjà reliée à l’Italie par le gazoduc Transmed.

En janvier 2023, le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait évoqué, à l’occasion de la visite en Algérie de la présidente du conseil italien Giorgia Meloni, la relance du projet d’un deuxième gazoduc entre les deux pays, le Galsi, devant transporter, outre le gaz, de l’électricité, de l’ammoniac et de l’hydrogène.

Les installations existantes pourront être partiellement reconverties, indique Energynews, et des travaux de modernisation et de construction de nouveaux tronçons sont planifiés, « afin de transporter l’hydrogène à un débit commercialement viable ».

Il s’agit d’optimiser les installations existantes et limiter les coûts de construction.

Les entreprises impliquées dans le projet sont Sonatrach, Sea Corridor et Snam (Italie), VNG (Allemagne) et Verbund (Autriche).

Elles travaillent déjà sur des études techniques pour adapter et étendre les infrastructures existantes.

L’Algérie, d’un acteur régional à un fournisseur mondial d’énergie

Selon le ministère algérien de l’Énergie, les études de faisabilité intégreront des procédures pour garantir la sécurité et l’efficacité des futurs flux transfrontaliers.

Il faudra pour cela des cadres réglementaires clairs afin de faciliter la circulation de l’hydrogène à travers les frontières.

Selon Energynews, Sonatrach et Sonelgaz ont été mandatées pour déterminer les capacités de production en Algérie. Des missions techniques vont analyser l’opportunité d’implanter de grandes centrales photovoltaïques et éoliennes dans plusieurs régions d’Algérie.

Sur le plan financier et économique, les gouvernements des pays concernés veulent des plans d’investissements coordonnés. Le financement bilatéral Algérie – Union européenne devrait inclure des mécanismes de réduction des risques et des discussions sont en cours pour la mise en place de garanties quant à la stabilité réglementaire et au remboursement des emprunts.

Outre les aspects techniques, la future tarification est aussi évoquée, s’agissant d’un « facteur déterminant pour la pérennité de la filière ».

Il s’agit de fixer des tarifs qui prennent en compte l’amortissement des installations et la répartition équitable des bénéfices, rapporte Energynews.

En plus du gaz qu’elle exporte déjà en grandes quantités, l’Algérie veut renforcer sa place de principal fournisseur de l’Europe en énergie, avec l’hydrogène vert et l’électricité.

Jusque-là principal fournisseur de gaz pour les pays du Sud de la Méditerranée (Italie, Espagne, France), l’Algérie va étendre son influence et devenir un acteur énergétique de premier plan en Europe, avec le SoutH2 Corridor.

SUR LE MÊME SUJET :

Énergie : les cours de gaz et de pétrole en baisse

Les plus lus