Tandis que la France recule dans la sphère économique algérienne, les entreprises d’autres pays, comme la Chine, la Turquie et l’Italie, grignotent de plus en plus de parts.

Les Italiens sont particulièrement présents dans divers secteurs en Algérie, notamment dans la réalisation d’infrastructures. L’exemple de Condotte est édifiant.

Ce nom ne dit peut-être pas grand-chose au large public algérien, mais l’entreprise spécialisée dans les travaux publics a un portefeuille de projets en Algérie de plusieurs centaines de millions d’euros.

L’agence italienne Agenzia Nova a consacré un reportage aux activités de la société en Algérie, mis en ligne sur son site internet mercredi 6 février.

Avant d’arriver en Algérie, Condotte a fait ses preuves dans plusieurs autres pays d’Afrique où elle a réalisé « des ouvrages de grande valeur d’ingénierie », allant de la construction de barrages au déplacement de monuments archéologiques. Elle est aussi sur le point de livrer une importante autoroute au Koweït.

TGV Oran – Tlemcen : une part de 1,2 milliard pour Condotte

En Algérie, l’entreprise joue aujourd’hui "un rôle de premier plan dans les infrastructures », assure à Agenzia Nova son vice-président Ugo Cozzani.

 C’est, par exemple, Condotte qui prend en charge les travaux de réalisation de la ligne de chemin de fer à grande vitesse (LGV) Oued Tlelat – Tlemcen, d’une longueur de 130 kilomètres.

La ligne fait partie de l’immense projet de la rocade ferroviaire électrifiée des hauts plateaux allant de la frontière marocaine à la frontière tunisienne. La ligne est d’une vitesse de 220 km/h. Le taux d’avancement des travaux est estimé à 80%.

L’ensemble de l’ouvrage est « exceptionnel », explique le responsable de l’entreprise italienne, précisant qu’il comporte 17 kilomètres de viaducs, un tunnel naturel, un tunnel artificiel, une gare ferroviaire et des ouvrages technologiques.

Condotte détient 75% dans le consortium de réalisation pour le compte de l’Anesrif, l’agence nationale de suivi des investissements ferroviaires. Le consortium est constitué avec une autre entreprise italienne, Rizzani De Eccher, qui en détient 25%. La part de Condotte s’élève à 1,2 milliard d’euros.

Condotte, une entreprise italienne qui voit grand en Algérie

Condotte détient aussi une part importante, 53%, d’une valeur de 200 millions d’euros, dans un autre grand projet d’infrastructures en Algérie, cette fois pour le compte de l’Algérienne des autoroutes (AA). Il s’agit de la 4e Rocade d’Alger, une autoroute traversant les hauts plateaux de Khemis Miliana à Bordj Bou Arreridj, sur 262 kilomètres. La société italienne a obtenu en consortium une tranche de 100 kilomètres.

Selon son vice-président, une nouvelle organisation du chantier a été mise en place avec la création d’une unité opérationnelle spécialisée dans la construction de ponts et de viaducs.

L’entreprise a toutefois sous-traité certains travaux, comme la réalisation des sous-structures des viaducs, à l’entreprise chinoise CRCC International.

Condotte voit ses ambitions en Algérie grandir. Elle lorgne déjà au moins une partie du méga-projet du port d’El Hamdania, près de Cherchell.

Estimé à 5 milliards de dollars, le projet consiste à réaliser 25 quais d’une capacité de 25,7 millions de tonnes de marchandises par an. Le port en eaux profondes d’El Hamdania sera le port grand port commercial d’Afrique du Nord.

Condotte lorgne le projet du grand port du centre en Algérie

Bien que les plus grandes entreprises chinoises ont le projet dans le viseur, avec la proposition de financer les travaux en contrepartie de la gestion du futur port, Condotte a pris ses devants.

Ugo Cozzani assure que son entreprise a développé d’excellentes relations avec l’entreprise algérienne Cosider et a déjà signé des accords avec le Chinois CRCC, et pourrait participer à la construction du port, indique-t-il.

Condotte espère aussi participer à un autre projet annoncé récemment par les autorités algériennes, celui de l’extension du port de Djen Djen, dans la wilaya de Jijel.

Ugo Cozzani souligne que l’Algérie fait partie du plan Mattei lancé en 2022 par la présidente du Conseil Giorgia Meloni pour une nouvelle coopération vertueuse entre l’Italie et l’Afrique. Ce qui, explique-t-il, ouvre à l’entreprise la possibilité d’obtenir en Italie des financements et des réductions des taux d’intérêt pour ses projets en Algérie.