Économie

Les céréaliers français s’inquiètent de la perte du marché algérien

La filière céréales française est inquiète. Les professionnels français du secteur notent une baisse des ventes de blé tendre à l’Algérie et se demandent si cette baisse est liée à la nouvelle position de la France sur le Sahara occidental.

Sous le titre « Les tensions avec l’Algérie freinent les exports de blé français », le média spécialisé Terre-net s’interroge sur la baisse historique des exportations de blé vers l’Algérie.

L’Algérie, un pays qualifié de « client historique et majeur de la France » est regretté. De 2 à 6 millions de tonnes (Mt) de blé dans les années 2010, les exportations vers l’Algérie ont chuté à  1,6 à 1,8 Mt ces dernières années. Pour l’année 2024, les Douanes françaises font état de seulement 31.500 t de blé français acheté par l’Algérie.

Agriculteur en grandes cultures dans la Marne et président du conseil spécialisé pour les grandes cultures au sein de FranceAgriMer, Benoît Piètrement s’est inquiété récemment qu’un « appel d’offre [de l’OAIC] n’a pas été envoyé aux opérateurs français » et l’expliquait par : « Des raisons diplomatiques [qui] font que les relations avec l’Algérie sont plus que compliquées ».

Pour le site Terre-net, ces relations sont « tendues depuis trois ans, elles se sont encore davantage crispées à l’été, quand Emmanuel Macron a soutenu publiquement la position marocaine sur le Sahara occidental, reconnaissant la souveraineté du Maroc sur ce territoire contesté ».

Terre-net semble rassuré par le démenti publié jeudi 7 novembre par les services du Premier ministre algérien sur le blocage du commerce entre l’Algérie et la France, après une rumeur qui a affolé les milieux d’affaires des deux pays pendant 48 heures.

Benoît Piètrement le reconnaît cependant : « Voilà, on a perdu ce marché, mais il faut qu’on soit positionnés sur d’autres – Maroc, pays d’Afrique subsaharienne-».

Le professionnel français reste optimiste : « Il y a quelques années, c’était compliqué pour d’autres raisons avec le Maroc, et les relations sont redevenues très bonnes… Il ne faut certainement pas lâcher ! ».

Avec le Maroc, le défi est loin d’être irréalisable, car la filière céréales française avance en territoire commercialement conquis.

Certains observateurs français, font remarquer qu’entre le Maroc et la France, depuis plusieurs années, les céréaliers français ont réussi à s’imposer à travers un deal consistant à accepter l’entrée en France des tomates marocaines contre la vente de blé français au Maroc même si cela devait affaiblir la filière française de la tomate.

De tout temps, la puissante Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), dominée par les gros céréaliers, a toujours été écoutée par les ministres de l’Agriculture.

L’optimisme de Benoît Piètrement vis-à-vis du marché marocain s’explique également par sa présence au sein de la délégation qui a accompagné le président français lors de son récent voyage au Maroc.

Une participation qui s’est traduite pour la filière céréales française par la signature d’un mémorandum d’entente visant à « renforcer la coopération dans le  domaine  de  la  recherche  agronomique  et  du développement  agricole », selon le communiqué final. 

Algérie, viser l’autosuffisance en blé dur

L’Office algérien des céréales (OAIC) a toujours cherché à diversifier ses fournisseurs. Quant aux opérations en Algérie, elles visent à une autosuffisance en blé dur à travers l’augmentation des surfaces emblavées.

L’objectif est d’atteindre 3 millions d’hectares pour la campagne labour-semis 2024 et de mettre en valeur plus d’un million d’hectares de terre dans le sud du pays à l’horizon 2028, dont « 500.000 hectares destinés à la production des céréales et de l’orge, 220.000 hectares au maïs, et 20.000 hectares aux légumineuses », selon l’APS.

À l’occasion, « 2025 sera la dernière année où l’Algérie importera le blé dur » a souligné le ministre.

Enfin, dès cette campagne, la société italienne Bonifiche Ferraresi participe à la production de blé dur sur une concession agricole devant s’étendre sur 36 000 hectares irrigués à partir de 160 forages.

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