Décédé samedi 19 avril en France, Lounis Hamitouche a rejoint ce jeudi sa dernière demeure dans le village de Chellata (Béjaïa) qui l’a vu naître il y a 79 ans.

Une foule immense est venue des quatre coins de la wilaya et de nombreuses régions du pays rendre hommage à cet industriel hors pair qui a laissé une empreinte indélébile dans la marche de l’Algérie sur la voie de l’investissement et du développement économique.

Hadj Lounis Hamitouche a eu droit à des obsèques populaires, à la hauteur de ce qu’il a été tout au long de son parcours : un homme parti de rien, qui a connu le succès mais qui est toujours resté humble, proche du peuple.

Les autorités aussi apprécient ce qu’il a fait pour les plus faibles, mais aussi pour l’économie nationale.

Selon des sources sûres, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a chargé le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula, de transmettre ses condoléances aux enfants du défunt. “Vous êtes une locomotive”, avait lancé le président Tebboune au fondateur de la laiterie Soummam à la Foire de la production nationale en 2022.

En ce jeudi printanier, ils sont venus de partout pour lui rendre un dernier hommage. La placette du village s’est avérée exiguë pour contenir tout le monde. Les citoyens du village ont toutefois assuré une organisation parfaite. La foule a commencé à affluer sur le village depuis hier, mercredi, pour la cérémonie de recueillement.

Dès l’annonce de son décès samedi dernier, toute l’Algérie a rendu hommage à l’infatigable Industriel. Il est rare qu’un homme, de surcroît un homme d’affaires, mette tout le monde d’accord.

Hadj Lounis Hamitouche fait l’unanimité auprès des Algériens qui n’oublient pas tout ce qu’il a fait pour aider les autres, lui qui aimait répéter que sa fortune ne lui appartenait pas, que c’est Dieu qui l’a mise entre ses mains et qu’il se doit d’en faire bon usage.

Il s’est notamment distingué pendant la crise sanitaire de COVID-19 en 2020-2021 en lançant une vaste opération d’acquisition d’équipements d’oxygène au profit des hôpitaux du pays. Il était aussi là lors des deux qui ont ravagé la Kabylie à la même période. Les Algériens étaient aussi très touchés lorsqu’il est volé au secours d’un jeune berger de Jijel qui s’est fait voler son maigre cheptel.

Lounis Hamitouche, un homme apprécié pour sa bonté, son succès et son parcours singulier

“Cette unanimité témoigne de la bonté de l’homme”, a déclaré un imam qui a fait le déplacement de loin.

Hamitouche a cette particularité d’être apprécié de tous, par le peuple et par les responsables qu’il a toujours soulagés face à la charge de subvenir aux besoins de la population.

L’actuel wali de Mila se souvient que quand il était chef de daïra à Akbou, Hadj Hamitouche l’a beaucoup aidé. Le responsable assure avoir reçu de l’industriel 4 ambulances à Tizi-Ouzou, où il est devenu secrétaire général de la wilaya, puis un générateur d’oxygène de 2 milliards de centimes, comme wali de Tamanrasset.

“Il a laissé son empreinte dans la société algérienne par ses actions caritatives et humanitaires”, a déclaré pour sa part Ouled Ali El Hadi, président de la JS Kabylie.

Hamitouche a aussi l’estime de ses pairs industriels. Issad Rebrab a tenu à faire le déplacement. Le fondateur du groupe Cevital était très ému.

Lounis Hamitouche est admiré pour son succès, sa bonté mais aussi pour son parcours atypique qui ressemble à un conte de fée, le parcours d’un enfant berger, orphelin de père et de mère, devenu un grand capitaine d’industrie et l’une des plus grandes fortunes du pays.

Malgré son enfance difficile, Hamitouche a réussi dans la vie. Son plus grand succès est évidemment la laiterie Soummam, lancée en 1993 et devenue aujourd’hui le leader national des yaourts et produits laitiers. Même dans la gestion de son groupe, l’homme d’affaires a tenu à concilier les aspects économique et social.

Aux quatre coins du pays, il a financé des dizaines de jeunes agriculteurs qui alimentent son usine en lait et des distributeurs qui se chargent d’acheminer ses produits dans toute l’Algérie. Jusqu’à Tamanrasset, et au même prix que dans le nord, aimait-il à souligner.