Lyna Khoudri est sans doute l’un des visages les plus en vue du cinéma franco-algérien. Récompensée par le César du Meilleur Espoir Féminin en 2020, elle a su s’imposer par son talent et ses choix de rôles audacieux.
Ambassadrice de la prestigieuse marque Chanel, elle incarne une élégance moderne en posant pour la couverture de Madame Figaro cette semaine.
Dans une interview accordée au magazine de mode, elle révèle que sa carrière florissante a été marquée par des remarques racistes déguisées en compliments.
« Je suis née en Algérie, je suis 100 % algérienne »
Née à Alger en 1992, Lyna Khoudri a grandi entre deux cultures. Son père, Rabah Khodri, était un journaliste connu de la télévision algérienne. Il animait une célèbre émission politique.
Sa famille est partie s’installer en France alors qu’elle est âgée de 2 ans. Une expérience de déracinement qui va marquer la comédienne et influencer ses choix artistiques.
« Je suis un mixte des deux cultures : je suis née en Algérie, je suis 100 % algérienne par mes deux parents, et j’ai grandi et je vis en France », affirme-t-elle au magazine Madame Figaro.
Fière de ses racines algériennes, l’étoile du cinéma français aujourd’hui âgée de 32 ans, se distingue par des choix de rôles souvent en lien avec l’actualité et porteurs de messages politiques et sociétaux.
Forte de son expérience dans le cinéma et les séries, Lyna Khoudri revient sur une phrase qu’on lui a souvent adressée lors des castings : « Toi, c’est bien parce que tu ne fais pas trop arabe ».
Jeune actrice, elle a longtemps pensé qu’il s’agissait d’un compliment. Ce n’est que plus tard qu’elle réalise à quel point cette remarque est raciste :
« Le pire, c’est que j’ai longtemps cru que c’était un compliment, alors que c’était raciste. J’étais jeune et je me disais que c’était une bonne chose de pouvoir passer à travers les mailles du filet qui impose aux Arabes de ne jouer que des Arabes ».
La star franco-algérienne pointe ainsi du doigt les préjugés qui persistent dans l’industrie du cinéma, une discrimination qui fait que les rôles sont attribués en fonction des origines.
Lyna Khoudri, un talent reconnu de Paris à Hollywood
Lyna Khoudri a néanmoins su tirer son épingle du jeu, et ce, grâce à la force de son caractère. Depuis le film Papicha de Mounia Meddour qui l’a révélée au grand public, elle n’a choisi que des rôles porteurs de messages sensibles.
« J’ai envie de capter l’attention, de faire vibrer. J’espère toujours que je fais quelque chose de spécial ou d’intéressant », exprime-t-elle. Et sa filmographie le prouve bien.
Que ce soit dans le film Novembreavec Jean Dujardin qui revient sur les attentats de Paris en 2015, ou dans le drame franco-algérien Nos Frangins qui retrace la sinistre affaire Malik Oussekine, la comédienne donne du corps à ses interprétations.
Lyna Khoudri n’est pas qu’une étoile montante du cinéma français. Elle a également su se faire un nom à l’international en jouant aux côtés des grands noms d’Hollywood.
En 2021, on la retrouve dans The French Dispatch de Wes Anderson, où elle partage l’écran avec Timothée Chalamet, Frances McDormand et Bill Murray. Une expérience qui renforce sa visibilité sur la scène mondiale, sans toutefois la détourner de son amour pour le cinéma d’auteur.
« C’est par les arts que le monde changera »
En 2023, la comédienne prête ses traits à Constance Bonacieux dans l’adaptation des Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon, une prestation qui confirme son talent pour les rôles historiques et nuancés.
« Quand je joue par exemple Constance Bonacieux dans Les Trois Mousquetaires, elle m’intéresse parce qu’elle n’est pas uniquement l’amoureuse de d’Artagnan, c’est aussi une intrépide qui risque sa vie », décrit-elle avec passion.
Pour 2024 et 2025, Lyna Khoudri sera à l’affiche de plusieurs productions, notamment Les Aigles de la République de Tarik Saleh, Le Gang des Amazones de Mélissa Drigeard, et la série Carême de Martin Bourboulon disponible sur Apple TV+.
L’actrice franco-algérienne, portée par son amour de la diversité, garde un espoir en un cinéma toujours plus ouvert pour faire évoluer les mentalités : « Le cinéma et la culture ont toujours un temps d’avance. Au plus profond de moi, je suis convaincue que c’est par les arts que le monde changera ».