La nouvelle allocation touristique de 750 euros pour les voyageurs algériens entrera officiellement en vigueur avant la fin du mois de Ramadan ou juste après l’Aïd-el-Fitr, a annoncé le ministre des Finances en fin de la semaine dernière.

Quel sera l’impact de ce droit de change sur le marché noir de la devise ? Deux scénarios sont possibles.

Ce mardi 24 février, les cambistes du square Port-Saïd d’Alger proposent le billet de 100 euros contre 25.100 dinars, soit l’unité pour 251 dinars. Le dollar est cédé, quant à lui, contre 243 dinars, soit le billet de 100 dollars contre 24.300.

L’entrée en vigueur du nouveau montant de l’allocation touristique aura certainement un impact sur l’écart entre le taux de change parallèle et officiel.

Impact de l’allocation touristique sur le marché noir : deux scénarios envisageables

C’est d’ailleurs l’un des objectifs de l’État derrière l’augmentation de ce montant (750 euros pour les adultes et 300 euros pour les enfants). C’est ce qu’a expliqué vendredi le président de la commission parlementaire des finances et du budget, Oussama Arbaoui.

Dans une déclaration au quotidien Echorouk, il a indiqué que l’application du montant de 750 euros intervient dans le cadre des efforts de l’État visant à « réduire l’écart entre le taux de change officiel et le marché parallèle des devises ».

L’objectif principal des autorités est en effet de réduire l’écart entre le taux officiel et parallèle, d’éviter un emballement des cours et surtout de contrôler les sources d’approvisionnement du marché noir de la devise dans le cadre dans la contre le blanchiment d’argent.

Après l’entrée en vigueur du nouveau montant accordé aux voyageurs au taux de change officiel, deux scénarios sont envisageables pour le marché noir de la devise en Algérie.

Premier scénario : effondrement du marché parallèle de la devise

Le premier étant l’effondrement du marché parallèle. Après l’application du nouveau montant, le recours au marché noir de change sera fortement réduit, ce qui entrainera une baisse de la demande et une hausse de l’offre.

Sachant que ce marché est principalement régi par le principe de l’offre et de la demande, ce déséquilibre peut entrainer une forte baisse des valeurs des devises, notamment l’euro et le dollar.  

Si les voyageurs à destination de la Tunisie, qui constituent le contingent le plus important des Algériens qui se rendent chaque année à l’étranger, seront aussi autorisés à obtenir ce montant, ce sera un autre coup dur qui sera porté au marché parallèle de la devise.

Selon Oussama Arbaoui, « les voyageurs par voie terrestre ne seront pas exemptés de l’allocation touristique ». L’année dernière, la Tunisie a enregistré l’entrée de 3.511.469 touristes algériens, en hausse 15.6 % par rapport à l’année 2023.

La baisse de la demande sur les devises au marché parallèle sera donc très importante, si les voyageurs à destination de la Tunisie seront aussi autorisés à obtenir le nouveau montant. Mais tout va dépendre des modalités d’octroi de la nouvelle allocation touristique.

Une baisse des cours pendant une courte période

Le deuxième scénario sera une baisse des cours pendant une courte période, pour ensuite se stabiliser à des niveaux relativement hauts, ce qui est fort probable, compte tenu des besoins constants des Algériens en devises pour notamment les soins à l’étranger, les études, les importations de divers produits…

L’allocation touristique ne sera accordée qu’une fois par an pour chaque voyageur, alors que de nombreux Algériens voyagent plusieurs fois par an à l’étranger. Leurs besoins en devises sont toujours importants et ne peuvent pas être satisfaits par l’Etat.

Le marché noir leur sera donc toujours indispensable. Les cambistes sont certains que la nouveau droit de changer va peser sur les cours de l’euro et du dollar sur le marché noir des devises en Algérie. La preuve : après l’annonce de la hausse de l’allocation touristique le 8 décembre dernier, le marché s’est effondré. Le cours de l’euro est passé de 262 dinars l’unité le 9 décembre à 242 DZD le 29 décembre.

La question est de savoir combien et pendant combien de temps ? Aussi ? il n’est pas écarter de nouvelles  mesures du gouvernement pour lutter contre le marché noir des devises, d’autant que le Groupe d’action financière (Gafi), lors de sa réunion à Paris, du 19 au et 21 février, a maintenu l’Algérie dans sa liste grise.