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Maroc : aggravation inquiétante du chômage et du déficit commercial

La sécheresse aggrave les problèmes économiques et sociaux du Maroc. Frappé de plein fouet par la faiblesse des précipitations, le secteur de l’agriculture a perdu des milliers d’emploi, contribuant à la hausse du taux global du chômage dans le royaume.

Le secteur agricole représente près de 15 % du PIB du royaume et contribue à 38 % à l’emploi. Cette proportion est encore plus significative en milieu rural, à 74 %.

Les dernières statistiques du Haut-commissariat au plan (HCP), dévoilées ce lundi 3 février 2025, font état d’une hausse du taux de chômage global au Maroc en 2024, atteignant 13,3 %, contre 13 % en 2023.

Le HCP a expliqué cette hausse principalement par le fait que le secteur agricole continue à perdre des emplois en raison de la sécheresse qui frappe le Maroc depuis sept ans.

À la fin de l’année passée, le Maroc comptait 1,63 million de chômeurs, pour 37 millions d’habitants, a indiqué la même source. Les pertes d’emplois dans le secteur primaire se sont élevées pendant le même exercice à 137 000 postes, a-t-elle précisé. De nombreuses exploitations agricoles n’ont pas résisté à sept années consécutives de sécheresse.

En 20024, les secteurs qui ont créé le plus d’emplois sont ceux des services, de l’industrie et de la construction. Selon l’organisme gouvernemental, le chômage touche particulièrement les jeunes (36,7 %, contre 35,8 % en 2023), les diplômés (19,6 %) et les femmes (19,4 %).

Taux de chômage record chez les jeunes au Maroc 

Comme le souligne le site zonebourse.com, le gouvernement marocain a multiplié les promesses de réduire le taux de chômage, mais il peine visiblement à les tenir, ce qui lui vaut de nombreuses critiques au Maroc.

Le même média rappelle qu’en janvier dernier, le gouvernement de Aziz Akhannouch a pointé du doigt la sécheresse comme responsable de la hausse du chômage dans le royaume.

Pour l’année en cours, le gouvernement a annoncé un investissement de 1,4 milliard de dollars pour encourager la création d’emplois, en comptant sur les petites et moyennes entreprises et l’emploi des jeunes.

En septembre dernier, la ministre marocaine de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a annoncé que plus de 9.000 entreprises marocaines tous secteurs confondus ont déclaré faillite en 2024.

Les prévisions du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), dévoilées à la même période, ont fait état de 16 000 cas de faillite à la clôture de l’exercice 2024, soit 13 % de plus qu’en 2023 et le double de la moyenne annuelle des faillites de la période 2016-2019.

En septembre 2024, l’OCDE (Organisation de la coopération et du développement économique) a estimé dans un rapport le taux de chômage des jeunes au Maroc à plus de 35 %. Le rapport avait coïncidé avec la tentative d’évasion collective de la jeunesse marocaine lorsque des milliers de jeunes ont tenté d’entrer de force dans l’enclave espagnole de Ceuta à partir de la ville marocaine de Fnideq.

Maroc : un déficit commercial abyssal en 2024

La situation de larges franges de la population est rendue intenable aussi par le caractère inégalitaire de l’État marocain, classé en mars 2023 parmi les États les plus inégalitaires au monde par le rapport mondial sur les inégalités (Inequality World Report), avec 10 % de la population qui accapare plus de 50 % des revenus du royaume.

En plus de la hausse du chômage, le Maroc a vu son déficit commercial se creuser de 7,3 % en 2024 pour s’établir à 306,7 milliards de dirhams, soit près de 30 milliards d’euros, selon l’Office du change. Le Maroc a exporté pour 454,97 milliards de dirhams (45 milliards d’euros) et a importé 761,45 milliards de dirhams (76 milliards d’euros) en 2024.

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