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Maroc : la grande évasion de migrants met à nu le régime de Mohammed VI

Maroc : la grande évasion de migrants met à nu le régime de Mohammed VI

Migrants
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Le Maroc est secoué par la grande évasion des migrants vers l’enclave espagnole de Ceuta. Les relais du palais royal accusent l’Algérie comme à chaque fois que le régime se retrouve face aux conséquences de sa gestion.

Les témoignages des jeunes marocains qui tentent de passer de l’autre côté de la frontière sont toutefois accablants. Ils veulent fuir la misère et le marasme et il est vain de tenter d’impliquer l’Algérie pour détourner les regards sur cette grave situation.

C’est décidément une manière éculée du régime marocain de changer de sujet quand rien ne va : pointer du doigt le voisin algérien.

La tentative de plusieurs milliers de jeunes de franchir la barrière qui sépare Ceuta du territoire marocain a fait suite à un appel lancé sur les réseaux sociaux pour prendre d’assaut l’enclave dimanche 15 septembre.

S’en est suivie une mobilisation jamais vue de tous les services de sécurité dans la ville de Fnideq, point de ralliement convenu pour la « grande évasion ».

Les images des files interminables des camions de police et de gendarmerie ont fait le tour du monde. Des affrontements ont eu lieu avec les jeunes migrants et des centaines de ces derniers ont été arrêtés.

Face à un tel camouflet pour le roi et son gouvernement, leurs relais ont évidemment un coupable tout désigné. D’abord, on a accusé les services algériens d’être derrière l’appel lancé pour prendre d’assaut l’enclave.

On a aussi voulu faire croire que les milliers de migrants qui ont tenté de se rendre à Ceuta étaient soit des Algériens, soit des Subsahariens refoulés vers le Maroc par les services de sécurité algériens.

 L’Algérie n’avait pas eu besoin de démentir ces allégations. Ce sont les médias et réseaux sociaux marocains qui l’ont fait et très promptement.

Des dizaines de vidéos sont mises en ligne par les médias et influenceurs marocains dans lesquelles les jeunes migrants, tous des Marocains, expliquent avec une infinie clarté leurs motivations. Il en ressort que la misère sociale au royaume de Mohamed VI est intenable.

« Dans ce pays, rien ne va »

« Je suis de Kenitra et je suis venu ici pour risquer ma vie. Dans ce pays, rien ne va », dit un jeune. « Nous souffrons, nous n’avons aucun droit. Personne ne veut vivre dans ce pays », renchérit une jeune fille.

Ce que révèle la « grande évasion » des jeunes marocains 

« Ils m’ont détruite et ont détruit mon fils. Il a faim, il n’a rien à manger. C’est pour lui que je veux émigrer en Europe », déclare en pleurs une femme qui se dit divorcée en sans emploi.

« Je suis prête à vendre un rein pour payer le passeur en lui s’agenouillant devant lui. Prends ce que tu veux de moi et sauve-moi avec mon enfant », crie-t-elle.

L’un des pays les plus inégalitaires au monde, le Maroc a été touché de plein fouet par les retombées de la crise sanitaire, du séisme de septembre 2023 et de la sécheresse qui l’affecte depuis cinq ans.

L’inflation et le chômage ont rendu la situation sociale de larges franges de la population encore plus insupportables.

Les derniers chiffres de l’OCDE (organisation de la coopération et du développement économique), publiés la semaine passée, font état d’un taux de chômage de 13% et de 38,5% chez les jeunes. Un record historique.

Les prix de certains produits, notamment les carburants et les produits alimentaires, sont devenus inaccessibles pour des millions de Marocains.

Pour l’activiste exilée Dounia Filali, les images impressionnantes de ces derniers jours résument « le bilan d’un quart de siècle sous le règne du roi Mohammed VI » et révèlent « la véritable condition d’un peuple marocain accablé et opprimé ».

Ces scènes réfutent et mettent à nu « ceux qui nous critiquent pour avoir exposé la réalité du peuple marocain » dévoilent « les propagandes du régime, tant au niveau national qu’international » et démystifient « les mensonges du Makhzen », a écrit la militante marocaine sur X.

 

Le Maroc, « plus grand État social d’Afrique », vraiment ?

En évoquant la propagande et le mensonge, le Premier ministre Aziz Akhannouch s’est ridiculisé samedi 14 septembre en affirmant, alors que des milliers de jeunes marocains tentaient de fuir le pays, que le Maroc est devenu « le premier État social d’Afrique ».

Pour de nombreux internautes, les images filmées autour de Ceuta reflètent fidèlement la réalité du régime marocain : alors que le peuple fait face au chômage et à la pauvreté, le roi et son gouvernement préfèrent investir dans l’acquisition de matériel répressif, comme le montrent les moyens impressionnants déployés.

En juin dernier, le Maroc a passé une commande auprès des Israéliens pour la fourniture d’un satellite espion coûtant 1 milliard de dollars. Évidemment, l’Algérie n’a rien à voir dans cette gabegie.

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