Au Maroc, les déclarations du président de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), la plus importante ONG au royaume, Aziz Ghali, concernant notamment le Sahara occidental, ont suscité un tollé.
Le militant a fait l’objet d’attaques virulentes de la part des médias marocains réputés proches du Palais. Sur les réseaux sociaux, des appels à son incarcération ont été lancés.
Dans la foulée de ces attaques, des rumeurs sur une prétendue arrestation du défenseur des droits de l’Homme ont même été relayées, ce que le concerné n’a pas manqué de démentir catégoriquement ce lundi 16 décembre.
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Dans une interview accordée au média en ligne Arabi 21 diffusée samedi, le président de la plus importante ONG au Maroc a parlé sans filtre sur plusieurs questions d’actualités au Maroc, dont la liberté de la presse, la politique de normalisation avec Israël et surtout, la question du Sahara occidental.
Réitérant la position intransigeante de la plus importante ONG marocaine vis-à-vis du conflit sahraoui, Aziz Ghali a soulevé un tollé au Maroc. C’est le point qui a été le plus commenté par les médias et les relais du Palais royal.
En réponse aux accusations du média en ligne Barlamane, l’accusant d’utiliser sa position en tant que président de l’AMDH pour servir « la position de l’Algérie » concernant la cause sahraouie et pour « faire pression sur le Maroc », il rappelle que la position de l’AMDH est claire.
Maroc : tirs groupés contre Aziz Ghali après ses propos sur le Sahara occidental
« La position de notre organisation (Association marocaine des droits humains) sur le Sahara occidental est claire. Par exemple, lors du 5ᵉ congrès, notre association a pris position en faveur de l’autodétermination », a déclaré Aziz Ghali.
Aziz Ghali, président de l’Association des droits humains au Maroc, relance le débat sur le #SaharaOccidental 🇪🇭 en appelant à un référendum d’autodétermination, conformément aux résolutions de l’@ONU_fr pic.twitter.com/Bl4PLkv3gn
— Salim DJELLAB (@SalimDjellab) December 15, 2024
Par la suite, poursuit l’intervenant, l’AMDH a plaidé en « faveur d’une solution négociée entre l’État marocain et le Front Polisario qui satisfasse toutes les parties » et qui « épargne une guerre à la région ». De plus, il affirme que ces négociations ne doivent pas être menées dans le cadre du projet d’autonomie prôné par le Maroc.
« Si c’est dans le cadre du projet d’autonomie, pourquoi le gouvernement va-t-il négocier ? La négociation veut dire qu’il y a débat et que la question n’est pas encore tranchée », précise-t-il, réitérant la position de l’AMDH qui plaide pour « une solution négociée entre le Maroc et le Front Polisario qui satisfait toutes les parties, pas seulement une seule ».
Azizi Ghali ajoute que la position de l’AMDH est celle de l’ONU qui ne soutient guère le plan d’autonomie marocain. « Si l’ONU appuyait le plan d’autonomie, pourquoi y a-t-il eu des négociations ? », a-t-il interrogé.
Les déclarations du défenseur marocain des droits de l’Homme, minimisant donc la reconnaissance unilatérale du Maroc de sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental, l’ont exposé à des attaques virulentes de la part de médias marocains.
Le média en ligne Barlamane parle, par exemple, « d’une obstination singulière à saper l’unité nationale tout en revendiquant un rôle de défenseur des droits humains ».
Concernant la rumeur de son arrestation, relayée notamment par l’activiste marocain Fouad Abdelmoumni, Aziz Ghali a répondu ce lundi 16 décembre sur sa page Facebook : « Je ne sais pas d’où Fouad tient cette information, car elle est totalement fausse ».
Le site 360.ma, proche du Palais royal, a qualifié de « graves dérapages » les propos de Aziz Ghali sur le Sahara occidental. Pour ce site, le président l’AMDH a « dépassé les bornes en s’alignant sur les thèses du Polisario ».
Professeur des universités, Mehdi El Karouani a versé dans l’insulte pour s’en prendre au président de l’AMDH. « Il est inconcevable qu’au sein de notre société, puissent exister des individus aussi incultes ou aussi déloyaux que cet homme, Aziz Ghali », a-t-il écrit sur le réseau social X alors que Youssef Farid, membre du Forum marocain pour la citoyenneté et les droits humains, a estimé que Aziz Ghali a perdu la « boussole ».