Société

Martin triste, l’un des oiseaux les plus nuisibles au monde, arrive en Algérie

L’Association algérienne de documentation de la vie sauvage alerte sur l’apparition en Algérie du Martin triste, Acridotheres tristis, un oiseau classé parmi les espèces les plus invasives au monde par l’Union internationale pour la conservation de la nature.

L’oiseau été repéré et filmé à Alger. La Conservation des forêts de Laghouat a lancé une alerte pour sensibiliser sur les dangers du Martin triste. Cet oiseau n’a pas été toutefois signalé dans d’autres régions du pays, à l’exception d’Alger. Dans le parc national du Djurdjura, sa présence n’a pas été détectée.

Il s’agit d’un oiseau appartenant à la famille des étourneaux bien connus en Europe pour la menace qu’ils causent sur la biodiversité et les écosystèmes.

L’oiseau est facilement reconnaissable, sa tête et sa poitrine sont de couleur noire et le bec et les pattes sont jaunes. Le contour des yeux est particulier, la peau est jaune en forme d’amande. En vol, l’espèce présente un dessous des ailes et un ventre blanc.

La Conservation des forêts de Laghouat lance une alerte

Selon le site spécialisé Birds, cet oiseau est « familier et effronté, souvent venant dérober quelques petits morceaux près des gens ou des animaux domestiques ».

Ces oiseaux sont querelleurs « les uns envers les autres, on les trouve habituellement en petits groupes lâches. Pendant la période de reproduction, ils sont hautement territoriaux et les couples voisins se disputent souvent férocement », selon la même source.

Durant l’automne et en hiver, ils se nourrissent en groupes de 5 à 20 oiseaux. Durant la journée, ils peuvent parcourir 10 km et plus entre les dortoirs et les aires de nourrissage chaque jour, indique ce site spécialisé qui poursuit : « Excepté les femelles en train d’incuber, le Martin triste passe la nuit dans des dortoirs communs hébergeant plus de 1000 oiseaux ».

Leur nidification se fait sous forme de colonies, l’espèce a tendance à nicher en colonies très denses en utilisant des bâtiments mais le plus souvent des arbres.

Des spécialistes ont dénombré jusqu’à 5.000 individus sur un même dortoir ou nichoir mais c’est surtout lors de leur vol que les groupes peuvent atteindre des chiffres impressionnants : de l’ordre de 160 000 individus. Le vol de ces dizaines de milliers d’oiseaux dessine alors des formes mouvantes très spectaculaires dans le ciel.

Ce sont ces regroupements qui peuvent causer des nuisances tant dans leur recherche de nourriture que lorsqu’ils s’installent en grand nombre dans les arbres en milieu urbain pour passer la nuit.

 

Ces arbres constituent des nichoirs qui sont utilisés pendant plusieurs jours ce qui occasionne un bruit incessant lors de leur arrivée en fin d’après midi et des amas de déjections. Leurs fientes tapissent alors le sol et les véhicules stationnés à proximité.

 

Cette espèce d’oiseau a un régime alimentaire très varié : insectes, petits vertébrés, fruits et graines. De ce fait, sa présence en grand nombre modifie les équilibres dans les écosystèmes par des attaques incessantes envers les autres espèces d’oiseaux et la concurrence pour les ressources alimentaires.

Le Martin triste s’attaque aux cultures, dont les arbres fruitiers. Il raffole des cerises ce qui peut causer de graves pertes aux agriculteurs qui sont alors obligés d’utiliser des filets de protection.

Comme de nombreuses autres espèces d’oiseaux, cette espèce peut être porteuse de maladies dont la grippe aviaire mais également de parasites pouvant provoquer des affections de la peau chez l’homme.

En ville, ce sont les nuisances sonores qui sont le plus à craindre lors des rassemblements bruyants le soir dans les arbres utilisés comme nichoirs. Dans les cas les plus graves, à l’étranger, des municipalités n’hésitent pas à équiper les arbres de filets permanents pour éloigner les volatiles.

C’est donc le comportement grégaire de ces oiseaux, leur appétit vorace, leur capacité à se reproduire rapidement et leur aptitude à occuper de nouvelles niches écologiques en s’adaptant à divers climats, comme celui du nord de l’Algérie, qui posent problèmes.

Le Martin triste repéré en Algérie : voici comment se protéger contre cet oiseau 

Les moyens de lutte sont nombreux : effaroucheurs visuels, filets dans les cas les plus graves mais également biologiques en favorisant la présence de petits rapaces par l’installant de nichoirs qui leur sont spécifiques.

Parfois, un simple piquet en bois peut servir de point d’observation pour les rapaces. Ceux-ci sont les ennemis du Martin triste et ils permettent ainsi une régulation de leur population.

Parmi les effaroucheurs, les objets réfléchissants sont très utilisés à l’étranger. Comme l’espèce est en général effrayée par les objets brillants qui reflètent la lumière, certains jardiniers recommandent de « suspendre des CD, des morceaux de miroirs ou des bandes réfléchissantes près de vos cultures pour les éloigner » et de veillez à « les placer de manière à ce qu’ils bougent légèrement avec le vent, de sorte à créer un effet scintillant ».

L’Association algérienne de documentation de la vie sauvage appelle à une mobilisation de tous afin de limiter les impacts de cette espèce.

Pour cela des mesures pourraient être prises pour surveiller les populations de martin triste, sensibiliser le public et adopter les stratégies d’éradication adaptées dont la destruction des nids voire la capture d’individus afin de réduire leur nombre.

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