search-form-close
Massinissa Askeur : un Algérien qui bouleverse l’art et la mode à l’étranger

Massinissa Askeur : un Algérien qui bouleverse l’art et la mode à l’étranger

Source : Instagram Massinissa Askeur
Massinissa Askeur

Il est né en Algérie avec un crayon dans la main et un regard curieux sur le monde. De la Casbah d’Alger à la Biennale de Venise, et du Carrousel du Louvre à Times Square, Massinissa Askeur a eu un destin hors normes.

Découvrez le portrait de cet autodidacte lauréat du prestigieux Lion d’Or, artiste et styliste renommé, intellectuel et ambassadeur de sa culture aux quatre coins du globe.

Massinissa Askeur, un pur styliste algérien à la conquête du monde

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Massinissa Askeur (@massyaskeur)

À seulement 38 ans, Massinissa Askeur a inscrit son nom en lettres d’or dans l’histoire de l’art et la mode contemporaine.

Né sur les hauteurs d’El-Biar en 1987, il grandit à Alger-Centre, y côtoie la rue et s’imprègne du dynamisme qui caractérise la capitale algérienne. Aujourd’hui, il pose fièrement : « Je suis né en Algérie et j’ai grandi en Algérie… Je suis un produit 100 % algérien ».

Dans un entretien exclusif à TSA – Algérie, le jeune styliste revient sur ses premiers pas dans l’art, quand il dessinait déjà sur des coquillages : « Dans mon parcours, il y a plusieurs phases. La première est quand j’étais en Algérie, j’ai commencé à m’intéresser au dessin depuis tout petit. Je ramenais à la maison des coquillages sur lesquels je dessinais ».

S’il est aujourd’hui établi à Milan (Italie), la capitale de la mode, et s’il parcourt le monde pour partager sa vision de l’art et du design, Massinissa Askeur porte en lui une mémoire plurielle : issu d’une famille originaire de Larbaâ Nath Irathen sur les hauteurs de Tizi-Ouzou à la Casbah, il a également vécu à Blida durant son adolescence.

Son retour à Alger pour des études universitaires d’Histoire de la Méditerranée aboutira à un envol qui était déjà tracé. C’est ainsi que le jeune Massinissa rejoint l’Italie et étudie à l’Université de Milan, une évidence pour ce passionné d’histoire.

« Je suis fasciné par l’histoire des Romains, l’ancienne Égypte, les Grecs et les anciennes civilisations de la mer Méditerranée », nous confie-t-il.

C’est là, dans les rues milanaises, que va débuter sa jeune carrière d’artiste : « J’ai commencé à dessiner des vignettes pour des petits journaux, notamment à Milan. Ça a plu à beaucoup de gens, et on m’a demandé plus de collaborations ».

« Je suis le premier Lion d’Or africain, nord-africain et algérien »

Alors que les connaisseurs sont séduits par ses dessins, les collaborations s’enchaînent. Viennent ensuite les expositions. D’abord modestes, ses expositions deviennent rapidement prestigieuses : à Milan, à Rome et à Venise.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Massinissa Askeur (@massyaskeur)

Massinissa Askeur vient d’entrer dans le monde de l’art professionnel. Il relate : « On m’a remarqué, et on m’a proposé de faire une grande exposition à Rome. C’était ma première exposition en tant qu’artiste professionnel. Il faut savoir qu’on devient professionnel lorsqu’on peut vivre avec son art ».

Deux ans après ses débuts officiels, l’artiste algérien est contacté par la Biennale de Venise, la plus célèbre des expositions d’art multidisciplinaire.

« La Biennale de Venise est une sorte de foire qui rassemble des artistes du monde entier, qui exposent leur art contemporain. C’est la Biennale qui vous approche, et c’est un grand honneur quand elle vous contacte ! », explique-t-il.

Là encore, le talentueux Massinissa se fera remarquer. Il sera notamment approché par Vittorio Sgarbi, figure majeure de la critique d’art italienne et ancien secrétaire d’État à la Culture. « Il a décidé de m’organiser d’autres expositions à Milan et ailleurs. C’est pratiquement devenu mon manager », confie l’artiste algérien.

En 2023, c’est l’apothéose, « la plus grande consécration qu’un artiste peut avoir dans sa vie » : Massinissa Askeur reçoit le trophée du Lion d’Or pour les arts visuels, un prestigieux prix qui récompense sa carrière fulgurante.

« Je suis le premier Lion d’Or africain, nord-africain et algérien. Le seul autre Lion d’Or entre l’Italie et l’Algérie, c’est celui du film La Bataille d’Alger en 1966, décerné à l’Italien Gillo Pontecorvo », souligne-t-il fièrement.

La naissance du symbolisme abstrait

Un symbole immense pour cet artiste algérien qui a débarqué à Milan comme jeune étudiant avec « un sac à dos et un peu de monnaie dans la poche ». Aujourd’hui, ses œuvres sont cotées à plus de 15.000 €.

« Le maire de Venise, Luigi Brugnaro, m’a décerné le Lion d’Or pour ma carrière. Lorsque j’ai débarqué en Italie, je n’étais qu’un étudiant qui cherchait de petits boulots pour étudier en parallèle. Passer de ça à la reconnaissance de mes œuvres qui ont une cotation internationale à partir de 15.000 €, c’est un peu extraordinaire ! ».

Si Massinissa Askeur a pu se faire un nom aussi jeune dans le monde hermétique de l’art, c’est notamment, car il est le précurseur d’une discipline nouvelle : le symbolisme abstrait.

Inspiré par les jarres et les tapis berbères, ou encore les gravures rupestres du Tassili et de Taghit (Béchar) dans le Sahara algérien, il réinvente ce langage profondément ancré dans le patrimoine algérien et, plus globalement, nord-africain.

Dans ses différentes œuvres, il mêle des symboles de tifinagh (écriture berbère), d’arabe, de grec et de latin, car il estime que « c’est important de montrer notre richesse au monde entier ».

Alors même qu’il a créé un style unique, Massinissa Askeur reste modeste : « Je n’ai rien inventé. J’ai seulement modernisé et codifié le symbolisme algérien pour l’offrir au monde via un filtre artistique 2.0 ».

Créatif et inventif, il cultive sa passion depuis toujours : « J’ai la passion du dessin depuis très jeune. À l’école, mon prof de dessin disait à mon père : « Il dessine bien, il faut investir dans ce domaine… » ».

Un autodidacte qui inspire le monde de l’art

Le styliste peintre a cependant toujours refusé l’académisme, s’éloignant volontairement des codes de l’art : « Je suis autodidacte, mais surtout éclectique. J’ai fait exprès de ne pas faire l’École des Beaux-Arts, que ce soit en Algérie ou en Italie. Je n’ai pas voulu faire une formation dans l’art pour ne pas altérer mon style ».

Il décrit son style comme « archaïque et tribal », et il fait tout pour préserver cette particularité. « Si je vais dans des écoles, je n’aurais plus ma touche personnelle. De cette manière, je reste créatif, et je suis le maître dans le courant du symbolisme abstrait. Je l’ai créé ! ».

Aujourd’hui, plusieurs universités enseignent son style, à l’instar de l’université Paul Valéry à Nice en France. Une reconnaissance rare pour un artiste de son vivant.

Massinissa Askeur ne s’arrête pas à la peinture. Son art s’étend également au stylisme : « J’ai été remarqué par de grands créateurs qui m’ont demandé de dessiner leurs tissus. J’ai ensuite lancé ma marque de vêtements de haute couture, Maison Askeur ».

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Massinissa Askeur (@massyaskeur)

Invitations au Festival de Cannes, apparitions dans les magazines Elle et Vogue, défilés à New York… Le designer est entré dans le cercle très fermé des créateurs internationaux par la grande porte, et il n’a pas manqué de faire rayonner la culture nationale.

« Lors du défilé que j’ai organisé à New York, j’ai présenté le Karakou algérien que j’ai un peu redessiné. Le célèbre pantalon « seroual chanta » ou « seroual mdawar » a fait un tabac. Tout le monde se demandait ce qu’était ce pantalon, ils sont restés bouche bée. En un mot, je m’inspire de ma culture et des gens de ma culture », dit-il.

« Meilleur design algérien » et « Citoyen exemplaire de l’année »

Ses toiles ont été projetées à Times Square à New York, ses œuvres exposées dans le théâtre de Broadway, et Massinissa est toujours convié à parcourir le monde pour faire voyager son art.

En Inde, le ministère de la Culture lui propose un musée consacré au symbolisme abstrait, tandis qu’en Chine et à Dubaï, les invitations affluent. « On me contacte aussi pour être membre de jury de concours de beauté comme Miss Europe ou Miss Monde », explique Massinissa Askeur.

Véritable touche-à-tout, il s’intéresse également au théâtre et au design de montres Napoléon : « En 2019, le Consulat d’Algérie à Milan a organisé une fête où j’ai exposé mes montres. J’ai obtenu les prix du Meilleur design algérien, et du Citoyen exemplaire de l’année ».

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Massinissa Askeur (@massyaskeur)

Son prochain projet porte sur l’écriture, avec une « autobiographie philosophique » à écrire à bord du train de luxe l’Orient-Express, à la manière d’Agatha Christie et son célèbre roman policier Le Crime de l’Orient-Express.

Lors du Festival de Cannes 2023, le styliste et designer algérien a été élu héritier intellectuel du style de Joan Miró, grand artiste surréaliste espagnol : « J’ai été honoré par le maire et l’université Paul Valéry au Festival de Cannes en tant que Premier Symboliste important au monde, parmi les 500 meilleurs artistes dans l’histoire ».

De son côté, le célèbre magazine Mondadori Store le cite parmi les 500 artistes contemporains les plus influents du monde dans son annuaire « Artisti 22 ».

« Je suis resté authentique, je suis resté l’Algérien que j’étais »

Si son succès dépasse les frontières, Massinissa Askeur reste profondément attaché à l’Algérie. Il affirme à TSA : « Quand j’ai commencé à avoir du succès avec mon Lion d’Or, on m’appelait le Lion d’Or italien. Et en France, on disait « C’est un Algérien, il faut l’étouffer ». Je suis resté authentique, je suis resté l’Algérien et l’Africain que j’étais. Il ne faut pas se perdre dans ce voyage ».

C’est d’ailleurs là son message aux jeunes artistes : l’authenticité, car « c’est l’authenticité qui paie ». « Mon conseil est de rester soi-même, de ne pas changer pour plaire aux autres. Il faut aussi savoir résister, s’entendre soi-même, être bien éduqué et surtout modeste », adresse-t-il à la jeunesse.

Son lien avec son pays natal transparaît également dans les fêtes culturelles tenues quelques fois par an en Italie, « pour promouvoir la destination Algérie ». Des fêtes organisées par le Forum économique italo-algérien dont il est président.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Massinissa Askeur (@massyaskeur)

Des efforts qui lui ont valu une aspiration à la médaille Chevalier de la République en Italie, équivalente à la médaille d’honneur, ainsi qu’un musée communal à son nom.

Il souhaite aussi faire des collaborations en Algérie pour mettre en avant les sites archéologiques qui, selon lui, méritent une plus grande visibilité.

Avec un futur documentaire italien à retrouver sur Netflix, un défilé de mode attendu en mai 2025 au Marriott de Cannes à l’occasion du Festival où il est invité sur le tapis rouge, et d’autres projets ambitieux, Massinissa Askeur entend poursuivre son incroyable ascension.

Après tout, dit-il, « on n’est jamais arrivés dans la vie, il faut garder la tête sur les épaules et continuer à travailler ! ».

SUR LE MÊME SUJET :

Un écrivain algérien reçoit un prix inattendu en Italie

  • Les derniers articles

close