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Médecins algériens en France : la douche froide

En France, des centaines de médecins diplômés à l’étranger, dont des Algériens, sont en grève de la faim depuis mercredi 5 mars pour dénoncer la précarité de leur statut. L’Académie française de médecine s’est exprimée sur les revendications.

Pour pouvoir exercer, ces praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue), et malgré leur longue expérience pour certains, sont contraints de passer le concours des épreuves de vérification des compétences (EVC) pour obtenir une équivalence française de leur diplôme étranger. Ce concours ne prend pas en compte leur expérience sur le terrain.

Actuellement, pas moins de 300 médecins sont en grève de la faim pour dénoncer les « iniquités » du concours en question et réclamer des régularisations promises par le gouvernement Attal, en janvier 2024, pour lutter contre les déserts médicaux.

L’Académie française de médecine inflexible

En réponse à ce mouvement national, l’Académie de médecine a reconnu, dans un communiqué diffusé le 7 mars, « l’importance de leur contribution pour garantir l’accès aux soins sur tout le territoire », rappelant que le recrutement de ces médecins « est nécessaire face aux tensions hospitalières ».

Cependant, l’Académie maintient sa position sur « la nécessité d’une évaluation rigoureuse de leurs compétences », et ce, par le biais des épreuves de vérification des connaissances (EVC), un examen national qui doit rester « sélectif ».

Alors que les Padhue dénoncent des notes seuils à géométrie variable, le communiqué de l’Académie de médecine affirme que le « niveau d’exigence des épreuves théoriques de cet examen peut varier selon les spécialités ».

Parmi les grévistes de la faim, figure le docteur Karim Fatnassi, un médecin venu d’Algérie, qui exerce à l’hôpital d’Hirson, dans l’Aisne (Hauts-de-France), ne lâche rien, mais continue à assurer ses consultations, avec un brassard rouge sur lequel est marqué « Grève ».

« À chaque fin de contrat, on est stressé. On ne sait pas se projeter dans l’avenir »

« On travaille avec des contrats de trois mois, de six mois et renouvelables à chaque fois », a expliqué ce médecin algérien de 49 ans qui travaille dans les hôpitaux français depuis le deuxième confinement, en 2020.

« À chaque fin de contrat, on est stressé. On ne sait pas se projeter dans l’avenir. C’est pour cette raison que l’on porte ce brassard », poursuit-il dans une déclaration accordée à France Info vendredi 7 mars.

Bien qu’il dispose d’une longue expérience, Dr Karim Fatnassi travaille sous un contrat de six mois, de praticien associé, presque comme un contrat d’interne. « C’est-à-dire, j’exerce dans un service sous la responsabilité d’un chef de service qui valide mon travail et mes prescriptions », précise-t-il.

En plus de la précarité de son statut, ce qu’il gagne par mois n’est pas du tout à la hauteur de son expérience et le plonge aussi dans une précarité sociale. « Les Padhue gagnent entre 1.700 et 2.400 euros par mois. On ne vit pas en fait. On attend toujours la fin du contrat. On ne peut pas se projeter et faire des projets », déplore-t-il.

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