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Musulmans en France : le constat inquiétant du recteur de la Grande mosquée de Lyon

Musulmans en France : le constat inquiétant du recteur de la Grande mosquée de Lyon

Source : Facebook / La Grande Mosquée de Lyon
La Grande Mosquée de Lyon.

« Vus comme des terroristes, des salafistes, des islamistes »… Le quotidien des musulmans de France devient de plus en plus difficile. Kamel Kabtane, recteur de la mosquée de Lyon, se dit très inquiet pour les Françaises et Français musulmans, de plus en plus isolés et stigmatisés par la sphère politique.

Ces dernières années, les restrictions contre les personnes de confession musulmane se multiplient. Les violences islamophobes se banalisent. Les restrictions s’appliquent jusqu’aux écoles musulmanes, le dernier cas en date étant le retrait du contrat avec l’État au groupe scolaire privé Al-Kindi.

« On est en train de nous exclure de la société, de faire de nous des parias »

Les attaques viennent aussi des plus hautes autorités du pays, à l’exemple du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau qui a par exemple affirmé récemment que le foulard serait « l’étendard de l’islamisme », sans pour autant être contredit. Le ministre a également utilisé des mots blessants en ciblant les musulmans, évoquant notamment des « Français de papiers ».

Dans un entretien accordé à Mediapart, publié dimanche 26 janvier, le recteur de la Grande mosquée de Lyon et président du Conseil des mosquées du Rhône, Kamel Kabtane, a exprimé sans détour ses inquiétudes concernant l’avenir de la communauté musulmane en France.

Lui, qui a toujours su défendre cette communauté et qui a pu porter sa voix haut et fort, se sent désormais incapable de faire quoi que ce soit. « Je suis dégoûté. Je me demande : qu’est-ce que je peux faire de plus ? », a-t-il d’emblée confié au média d’investigation.

Il affirme que sa parole n’est plus audible ni entendue : « On est en train de nous exclure de la société, de faire de nous des parias ». En essayant de défendre le lycée Al-Kindi, auquel les autorités ont récemment retiré les subventions, son appel a été tout bonnement ignoré, ce qui lui a fait beaucoup de mal.

À l’époque où Kamel Kabtane avait créé la première association de Français musulmans en 1969 ou encore la Grande Mosquée de Lyon, érigée en 1994, il explique que l’état d’esprit envers les musulmans en France était complètement différent.

« Les musulmans sont vus comme des terroristes, des salafistes, des islamistes… »

Mais aujourd’hui, il trouve que « les choses ont changé » et que personne ne peut désormais entreprendre de tels projets. Il reconnaît que les attentats de Charlie Hebdo et les assassinats perpétrés par Mohammed Merah ont marqué un tournant majeur.

Mais « est-ce que c’est une raison de mettre la communauté musulmane, dans sa globalité, au ban de la société », se demande le recteur de la mosquée de Lyon. Avec cette stigmatisation sans précédent des musulmans en France, « tout le monde a peur ».

« Même nos responsables ont peur », car « la moindre parole, le moindre écrit, peuvent être utilisés contre eux ou leurs institutions », déclare encore l’intervenant. Le fait que le Rassemblement national (RN) attire plus de monde sur les questions de la religion et de l’immigration dégrade encore plus la situation des musulmans de France.

Le pire, c’est que ces discours de haine et islamophobes, qui se banalisent, sont portés même par certains responsables et personnalités politiques, au-delà du RN. « Aujourd’hui, on est surveillés comme le lait sur le feu. Je n’ai jamais connu une France aussi divisée, avec un aussi grand mal-être », déplore Kamel Kabtane.

Dans la France d’aujourd’hui, il regrette encore le fait que « les musulmans sont vus comme des terroristes, des salafistes, des islamistes… Je ne sais pas quels mots on peut encore inventer ». Et pour l’avenir, il ne demande qu’une chose : « qu’on nous fasse confiance ».

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