Récurrentes depuis plusieurs années, les attaques contre la diaspora algérienne en France s’intensifient alors que les relations entre les deux pays traversent une crise sans précédent.

Trois médias de la galaxie de l’homme d’affaires Vincent Bolloré, CNews, Europe 1 et Le Journal du Dimanche, ont commandé un sondage sur l’immigration, précisément algérienne.

Arrêt de l’immigration algérienne en France ?

Les résultats publiés mercredi 8 janvier sont sans équivoque : 66 % des Français se sont dit favorables à l’arrêt immédiat de toute immigration en provenance d’Algérie. Seuls 33 % des Français n’approuvent pas l’idée, tandis que 1 % ne se prononcent pas, selon ce sondage visiblement orienté.

L’arrêt de l’immigration algérienne est évidemment plébiscité par les sympathisants de l’extrême-droite (98 %) et à un degré moindre par ceux de la droite classique (78 %).

Les partisans du camp du président Macron, qui a eu des mots très durs à l’égard de l’Algérie, sont 66 % à souhaiter que l’immigration algérienne s’arrête.

Même à gauche, l’idée ne serait pas foncièrement rejetée : 44 % des sympathisants du Parti socialistes, 34 % de ceux des Écologistes et 26 % des proches de La France Insoumise (LFI) y sont favorables.

Par tranches d’âge, le rejet de l’immigration algérienne est plus marqué chez les plus de 50 ans (74 %) que chez la jeune génération (56 % chez les 18-24 ans).

2,5 millions d’Algériens en France

Simultanément, le directeur de l’Observatoire de l’immigration, Nicolas Pouvreau-Monti, s’est exprimé, toujours sur CNews, et a livré des chiffres qui laissent entendre que les Algériens ne sont pas seulement trop nombreux en France mais surtout que leur nombre va en grandissant.

Selon lui, il y a aujourd’hui en France environ 900 000 immigrés algériens au sens strict de l’immigré qui est "une personne née étrangère à l’étranger, et qui peut avoir acquis la nationalité française".

Ce nombre est triplé pour atteindre 2,5 millions si l’on compte les immigrés algériens, leurs enfants et leurs petits enfants. Concrètement, le nombre de binationaux franco-algériens est d’au moins 1,6 million.

Trop d’immigrés algériens en France ?

"Sur les 900 000 immigrés algériens de première génération, on a aujourd’hui environ la moitié qui sont arrivés après l’an 2000. Donc c’est une immigration qui est aussi en accélération récente", a précisé le directeur de l’Observatoire de l’immigration.

C’est aussi cette période de turbulences et d’attaques contre l’immigration algérienne que l’ancien Premier ministre Édouard Philippe a choisi pour réitérer son appel à la révocation de l’accord franco-algérien de 1968. Pour lui, "le moment est venu" pour passer à l’acte.

À une journaliste de France 5 qui lui fait remarquer qu’il s’est "planqué« ces derniers mois, il a répondu qu’il a »formulé des propositions assez massives", particulièrement celle de dénoncer l’accord avec l’Algérie sur l’immigration.

"Ce n’est pas du tout une petite chose. Je suis parfaitement conscient de la portée diplomatique de cette dénonciation mais je crois que, s’agissant du contrôle de l’entrée sur le territoire et du contrôle de qui reste sur le territoire, cette dénonciation est opportune et que le moment est venu".

Influenceurs algériens arrêtés

Les auteurs de cette offensive généralisée contre l’immigration algérienne croient tenir un argument supplémentaire après l’arrestation d’influenceurs algériens pour "appels à la violence". La liste des influenceurs ciblés par la justice française s’élargit avec l’ouverture à Lyon d’enquêtes pénales contre deux individus après leur signalement.

Le parquet de Lyon a précisé que la première enquête a été ouverte pour "provocation à la commission d’un crime ou d’un délit« , et la seconde pour »menaces de mort et provocation publique à la haine".

Trois signalements avaient été effectués par la préfecture du Rhône contre les influenceurs algériens "Sofia Benlemmane« , »Abdesslam Bazooka« et »Laksas06".

Le parquet n’a pas précisé lesquels de ces trois individus sont visés par les enquêtes pénales.

Vendredi et dimanche derniers, trois individus ont été arrêtés à Brest, Echirolles et Montpellier pour les mêmes motifs. Les deux premiers ont été placés en détention provisoire et le troisième dans un centre de rétention administrative en vue de son expulsion vers l’Algérie.