Les milieux d’extrême droite en France ne rate aucune occasion pour verser son venin sur les Algériens établis en France et les Français d’origine algérienne. Récemment, c’est le maire franco-algérien de Melun qui a fait les frais de cet acharnement de l’extrême droite, l’accusant de ne pas être « suffisamment Français » pour être un élu.

Kadir Mebarek a été élu maire de Melun le 17 octobre 2023. Cet avocat de 48 ans a pris la succession de Louis Vogel, son ancien professeur de droit devenu sénateur. Né à Melun, il a grandi dans un quartier de la ville où il a fait sa scolarité.

Depuis une rencontre tenue avec l’Union de la communauté algérienne à Melun, dans le département de Seine-et-Marne, en région Île-de-France, Kadir Mebarek est ciblé par des attaques répétées sur ses racines familiales et sa binationalité.

« Nous, les Algériens ici en France … » : les propos à l’origine de la polémique

Lors de son allocution devant la communauté algérienne, le maire a eu le malheur d’utiliser le pronom « nous » en parlant des Algériens.

Au cours de sa prise de parole, le maire a évoqué l’élection présidentielle en Algérie en reprenant la formulation « nous ». « Sur la question de l’élection (algérienne, NDLR), je pense que c’est un moment très important pour la communauté, pour l’Algérie au sens large, mais pour notre communauté, ici », a-t-il déclaré.

« Nous, les Algériens ici en France, on est une communauté qui est relativement ostracisée, y compris par rapport à nos frères tunisiens ou marocains. On nous trouve toujours des poux dans la tête, on est toujours les mauvais garçons ou les mauvaises filles… », a ajouté le maire.

Une prise de parole qui a fait l’objet de nombreux commentaires. Les milieux d’extrême droite française n’ont pas tardé à relayer l’extrait de la vidéo, dénonçant le fait qu’un Algérien soit à la tête de Melun.

Le discours de l’extrême droite, à propos du « grand remplacement », est revenu au débat, notamment sur le réseau X. « Kadir Mebarek semble agir en tant que membre d’une cinquième colonne algérienne, déterminée à porter atteinte à notre nation », a écrit un internaute.

« On me demande d’effacer mon histoire pour être plus Français que Français »

Les détracteurs de ce maire franco-algérien sont allés jusqu’à remettre en cause sa qualité à exercer son mandat après cette prise de parole. Cité par le média français Actu, l’élu a poussé un gros coup de gueule contre ces attaques dont il est victime depuis cette prise de parole.

« On est toujours en train d’essayer de trouver un argument, un indice, que je ne suis pas suffisamment Français aux yeux de certains. Ils veulent prétexter que je n’ai pas la légitimité d’être un élu », a-t-il déclaré.

Et pour appuyer ses propos, il ajoute « on me demande d’effacer mon histoire pour être plus Français que Français ». Pour lui, le tollé qu’ont suscité ses propos n’est pas lié au fait qu’il soit d’une origine étrangère, mais plutôt au fait qu’il soit d’origine algérienne.

« Comme des millions de Français, j’ai une histoire familiale. Elle aurait pu être italienne, polonaise, portugaise… Mais j’ai prononcé le mot ‘Algérien’ », a affirmé le maire, qui dénonce une tentative de déstabilisation.