Économie

Pourquoi les entreprises algériennes s’intéressent au marché français

Le Salon International de l’Agriculture à Paris 2025 ferme ses portes ce dimanche 2 mars. L’Algérie était présente et son pavillon a connu un record d’affluence, a constaté TSA sur place.

Si des entreprises algériennes se frottent pour la première fois à l’export vers la France où réside une importante communauté algérienne, d’autres sont solidement ancrées sur ces marchés et innovent.

Il y avait foule autour du pavillon Algérie, situé à proximité de celui du Cameroun et du Maroc. Un pavillon réduit à 100 m2 cette année contre 150 les autres années du fait de l’absence de la Safex et des opérateurs publics, dans un contexte de grave crise diplomatique entre la France et l’Algérie.

Cependant, plus d’une vingtaine d’entreprises algériennes avaient fait le déplacement à Paris à l’initiative d’un organisateur privé spécialisé dans l’organisation de foires et salons internationaux dont les prochains se tiendront en Italie, Espagne et Portugal. Un Salon où chacun des exposants a obtenu son visa.

Parmi les produits labellisés présents au Salon de l’agriculture de Paris 2025 figurent les olives de table dont la célèbre Sigoise et des variétés de figues sèches dont celle de Béni Maouche.

L’huile d’olive algérienne Baghlia, plusieurs fois primée à l’international, était présente pour la première fois, de même que le camembert Tassili.  Des hôtesses ont présenté des plateaux de dégustation et nombreux sont les visiteurs qui ont été surpris que l’Algérie produise des camemberts aussi délicieux.

Les habitués étaient présents : producteurs d’huile d’olive, de dattes Deglet Nour et conserverie Thala. De nouveaux producteurs présentaient miel de fleurs d’oranger ou d’arbousier et nougat.

France : la diaspora algérienne, un marché cible

Plusieurs exposants offraient des dégustations et avant le début du mois de Ramadan, le public se pressait pour goûter huile d’olive, dattes ou caviar d’aubergine.

Les Algériens vivant en France, se sont déplacés en nombre pour visiter le pavillon de l’Algérie au Salon international de l’agriculture de Paris 2025.

L’attachement de la diaspora algérienne à leur pays d’origine a été relevé à travers de nombreux témoignages. Ainsi un visiteur a promis : « Je viendrai sans arrêt. Pour les produits algériens, je suis prêt à me déplacer ». Un autre avoue : « Je commence toujours ma visite au Salon par le pavillon de l’Algérie. »

Le Salon a été l’occasion pour bon nombre de visiteurs de faire des emplettes avant le mois de Ramadan qui a commencé samedi 1er mars en France.

Pour les entreprises présentes à ce Salon, le marché français est intéressant par sa taille mais également du fait de la présence de ces consommateurs d’origine algérienne qui souhaitent retrouver les produits et saveurs auxquels ils sont habitués ou qu’ils veulent découvrir.

Cap vers l’exportation

Les témoignages d’exposants recueillis lors de ce Salon font état de nombreux professionnels français qui souhaitent importer des produits d’Algérie.

Le représentant de l’huile d’olive Thissirt a déclaré avoir des ambitions à l’export : « Nous voulons l’amener au niveau mondial, chez Auchan et les grandes supérettes, pas qu’en France mais en Belgique et partout. »

Après les boucheries halal, on assiste en France au développement d’enseignes halal. Un marché avec une croissance annuelle de 15% et un chiffre d’affaires annuel de plus de 7 milliards d’euros selon le cabinet Solis Conseil. Un marché qui peut constituer une porte d’entrée en France pour les produits du terroir algérien.

En 2022, lors du Salon international de l’agroalimentaire de Paris, une quinzaine de professionnels algériens de l’huile d’olive ont pu rencontrer des importateurs français et européens. Des opérateurs pointilleux qui tiennent avant tout de s’assurer de la qualité et des capacités de production de nouveaux produits qu’ils pourraient référencer dans leurs linéaires.

Les entreprises algériennes désirant être présentes à l’étranger bénéficient d’une aide de 50% à l’exportation. Début janvier, l’agence APS a apporté des précisions.

Auparavant « l’opérateur économique souhaitant bénéficier de l’aide était obligé de payer l’intégralité des coûts, avant de profiter de la réduction après avoir soumis son dossier administratif à la direction générale » signale-t-elle.

Aujourd’hui, la donne a changé. Une plateforme numérique a été créée « pour simplifier les procédures et faciliter l’accès au soutien du Fonds destiné à la promotion des exportations (FSPE) » indiquait-elle.

Autre avantage, le tarif des conteneurs pratiqué par les compagnies maritimes dans le sens Alger-Marseille, est moitié moins cher que dans le sens inverse.

Délégations officielles au pavillon Algérie

La pavillon Algérie a reçu la visite de multiples délégations. C’est le cas de Chefs de cuisine étoilés de l’Académie culinaire de France.

Des visiteurs ont déclaré être venus pour découvrir de nouvelles saveurs à travers les produits exposés sur les stands étrangers. Ils se sont longuement arrêtés au niveau du stand de la conserverie Thala.

John Marc, arborant autour du cou un ruban aux couleurs de la France avec l’insigne honorifique de l’Académie culinaire de France, a confié : « Être fier d’être sur le stand de l’Algérie avec tous ces beaux produits.  J’espère que vous allez nous en offrir plus pour faire de la bonne cuisine. »

Un professionnel algérien a énuméré pour TSA ces visites : « On a reçu des diplomates français du quai d’Orsay. Ils ont dégusté nos produits et se sont déclarés être ravis de voir le pavillon algérien malgré le contexte actuel. Pour eux, la présence de l’Algérie est plus que nécessaire pour le renforcement des relations bilatérales et les échanges économiques ».

Il poursuit son énumération : « On a reçu également des responsables de Rungis et plusieurs délégations africaines, du Congo, du Cameroun, du Nigéria, du Sénégal, de Tunisie et même du Maroc qui sont venus déguster nos produits. »

Thala, qualité et professionnalisme

Cette année encore, la conserverie Thala s’est distinguée par la variété des produits exposés mêlant authenticité et professionnalisme.

Une authenticité que l’entreprise rappelle en précisant que ses produits sont grillés au feu de bois. Sur son stand, la scénographie est soigneusement étudiée :  brins de paille sur les étals, éclairage adéquat et mention « Produit artisanal. ALGERIE ».

Ce professionnalisme est également visible à travers le packaging des produits, le tablier et les gants portés par le personnel chargé de préparer les produits à déguster.

La conserverie continue d’élargir sa gamme. Aux côtés des salades de piment et poivron grillé « méchouiya », des bocaux de tomates séchées ou de purée d’ail, du caviar d’aubergine et de la méchouiya d’olives sont aujourd’hui présents. Nouveautés 2025, l’ouverture d’un service de vente en ligne.    

La conserverie a tenu à remercier ses clients à travers des promotions à l’image de cette affichette indiquant « Promo Salon : une huile d’olive + 4 pots, 20€ contre 28€ ».

Un professionnalisme qui progresse également sur les autres stands. On note l’absence d’huile d’olive conditionnée dans des bouteilles en plastique, le développement du conditionnement dans des flacons en verre opaque et des étiquettes permettant d’établir la traçabilité des produits.

Cette année encore, des entreprises algériennes présentes au Salon de l’agriculture de Paris ont témoigné de la qualité des produits du terroir algérien. Une démarche qui montre l’image d’une économie qui se démarque des seules exportations d’hydrocarbures et d’entreprises qui souhaitent se confronter aux normes du marché mondial. Enfin, une image de l’Algérie différente de celle que souhaite montrer certains médias.

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