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Présidentielles en Algérie : Zoubida Assoul, une avocate à la conquête de la présidence

Présidentielles en Algérie : Zoubida Assoul, une avocate à la conquête de la présidence

Source : Facebook Zoubida Assoul
Zoubida Assoul.

Après Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, Zoubida Assoul, présidente de l’UCP, est la deuxième femme dans l’histoire de l’Algérie à briguer la magistrature suprême.

Lorsqu’elle annonça en mars dernier sa candidature pour les présidentielles anticipées du 7 septembre prochain, nombreux parmi ceux qui ont suivi son parcours se sont demandés si le contexte politique s’y prêtait et si elle n’adoptait pas une nouvelle approche, compte tenu de ses positions tranchées en faveur d’une véritable rupture qu’elle n’a cessé de clamer depuis sa décision de créer un parti politique.

C’est que Zoubida Assoul, sous les projecteurs depuis quelques années, s’est forgée une stature de femme politique opposante dont les positions semblaient ne pas s’accommoder avec la trajectoire politique de ces dernières années.

En se lançant dans la course à la magistrature suprême, cette magistrate de formation, ambitionne pourtant d’initier une nouvelle ère dans le pays.

Retour sur le parcours politique de Zoubida Assoul

« Les rencontres que j’ai eues avec des citoyens à travers diverses régions ont révélé un consensus sur le blocage que traverse notre pays ces dernières années. La gestion de la pandémie et ses conséquences n’a pas permis de tirer profit de nos atouts pour atténuer les effets d’une crise mondiale. Face à ce constat, j’ai pris mes responsabilités », explique-t-elle à TSA.

« Je porte un projet ambitieux pour initier une nouvelle ère dans notre pays. Ce projet, que je présente à toutes les Algériennes et tous les Algériens, sera notre guide pour les cinq prochaines années, si j’ai la confiance de la majorité des électrices et des électeurs », ajoute-t-elle.

Ce projet n’est pas seulement le fruit de son combat qu’elle a mené ces dernières années au sein du mouvement Mouwatana, d’abord, lancé en 2018 en compagnie d’autres figures politiques comme Soufiane Djilali et Ahmed Benbitour, puis au sein du Hirak, mais aussi de sa longue expérience acquise en sa qualité d’ancienne cadre supérieure de l’État.

Juge des familles à seulement 26 ans en 1982, Zoubida Assoul gravit vite les échelons en devenant sous-directrice du département de protection des mineurs au ministère de la Justice puis inspectrice jusqu’en 1993.

Nommée chargée des études au secrétariat général du gouvernement en 1994, elle est l’une des rares femmes à être désignée pour siéger au sein du Conseil national de transition (CNT), une institution parlementaire ad-hoc créée dans la foulée de la « vacance » du pouvoir née de l’arrêt du processus électoral en 1992.

Cette expérience, à cheval entre l’exercice politique et la gestion, lui sera d’un précieux apport pour mieux percevoir l’état de la gouvernance du pays, ses lacunes, ses convulsions et son évolution.

Son passage comme conseillère du défunt président du Conseil de nation (Sénat) Bachir Boumaza qui l’a sollicité pour ses compétences, notamment dans le domaine juridique, puis sa présidence du réseau des femmes juristes arabes au milieu des années 2000, finissent par la conforter dans ses convictions que d’autres paradigmes de gouvernance sont nécessaires pour l’Algérie.

C’est donc naturellement qu’elle décide, dans la foulée du « printemps arabe », en 2011, de lancer sa propre formation politique, l’Union pour le changement et le progrès (UCP) dont elle est présidente à ce jour.

Progressivement, elle se fait remarquer sur la scène politique nationale, notamment par sa maîtrise de la législation, mais aussi par sa position contre le cinquième mandat du Président Abdelaziz Bouteflika (1999-2019).

Durant les élections présidentielles avortées de 2019, elle apporte son soutien au candidat Ali Ghediri, un homme alors sans parti, ni ancrage, mais qui plaidait la « rupture ».

Ce choix ne s’avéra pas payant puisque le candidat sera arrêté en juin de la même année et emprisonné pour le chef d’accusation d’ « atteinte au moral de l’armée ».

Mais pas de quoi dissuader la native de Tébessa de poursuivre son combat en faveur de l’avènement de la « deuxième république ».

C’est ainsi qu’elle prend fait et cause pour le Hirak et participe à de nombreuses initiatives de l’opposition, mais qui, pour diverses raisons, n’ont pas connu d’aboutissement.

Et pas seulement : elle enfile aussi sa robe d’avocate pour défendre de nombreux détenus d’opinion arrêtés durant cette période.

Alors qu’elle décide de boycotter les élections législatives de 2021, Zoubida Assoul voit son parti ciblé par une plainte du ministère de l’Intérieur, lequel sera finalement débouté par le Conseil d’État.

Devant une conjoncture de plus en plus difficile autant sur le plan politique qu’économique, Zoubida Assoul appelle en 2022 à une élection présidentielle anticipée.

Restée sans écho, cette proposition va toutefois secouer quelque peu le microcosme politique. Mais pas de quoi tempérer son plaidoyer en faveur d’un véritable changement et d’un assainissement de plusieurs lois, dont la Loi fondamentale.

Promesses et ambition

En s’engageant aujourd’hui dans la course à la prochaine présidentielle anticipée algérienne du 7 septembre prochain, Zoubida Assoul entend porter un projet fondé notamment sur les points consensuels exprimés pendant le Hirak, à savoir l’État de droit, l’indépendance de la justice, les libertés individuelles et collectives, même si elle admet que les conditions d’une compétition loyale sont loin d’être réunies.

« Je crois, dit-elle, fermement que ces conditions doivent être arrachées. Depuis la convocation du corps électoral (pour les présidentielles du 7 septembre, NDR), j’ai adressé quatre notes à l’ANIE (Autorité indépendante des élections, NDR) pour signaler des incohérences, des défaillances techniques et administratives et des discriminations. À ce propos, je suis la première candidate à la candidature de l’histoire de l’Algérie indépendante à signer une convention d’avocat conseil pour nous accompagner pendant ce processus devant les institutions ».

« Mon rôle de leader est d’alerter l’Autorité chargée des élections afin qu’elle puisse améliorer le processus qui n’est que dans sa phase d’expérimentation. Une nation se construit collectivement, et c’est ce que je fais avec mes appels publics, mes lettres ouvertes et l’inclusion citoyenne dans toutes mes démarches. Je me bats pour créer les conditions qui permettront, dans quelques années, une compétition véritablement loyale », soutient-elle.

Zoubida Assoul veut secouer l’élite en Algérie

Un combat de tous les jours qui est aussi du ressort de l’élite. « Une élite doit prendre ses responsabilités et prendre des risques pour faire changer les choses. Il est regrettable de constater l’inertie d’une bonne partie de notre élite », constate-t-elle.

Pour Zoubida Assoul, 68 ans, les leaders politiques doivent créer les « conditions pour mobiliser cette élite ».

« Même si le système actuel marginalise et exclut les compétences dans tous les secteurs et à tous les niveaux. J’ai l’ambition à travers ma candidature et le projet que je propose de mobiliser cette élite pour contribuer positivement à la construction d’une économie solide et diversifiée, des institutions fortes et pérennes qui nous sortent du pouvoir personnel. Et préparer les conditions nécessaires d’un changement de paradigme dans la gouvernance de notre pays », développe Zoubida Assoul, seconde femme dans l’histoire de l’Algérie indépendante à postuler pour la magistrature suprême après Louisa Hanoune qui est également candidate pour la présidentielle du 7 septembre.

Aura-t-elle la confiance des Algériens ? Même si le chemin est laborieux, Zoubida Assoul veut inscrire le pays dans une trajectoire de développement durable, car les enjeux que charrie la prochaine présidentielle sont multiples, à ses yeux.

« Le premier enjeu est sécuritaire, dans un contexte géopolitique de tensions continues. Ce volet sécuritaire ne peut être consolidé qu’avec un développement économique et humain à l’échelle nationale et locale. Le deuxième enjeu est diplomatique : nous devons jouer notre rôle pivot dans la région du Sahel, en Afrique et au Sud de la Méditerranée. Enfin, l’enjeu du soft power, que nous exploitons très mal, mérite une attention particulière », détaille-t-elle.

Et sa promesse : « Soyez assuré qu’avec ma présidence, toutes les élites et compétences du pays, où qu’elles se trouvent, seront mobilisées au service du rayonnement de l’Algérie ».

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