En seulement quelques jours, une vidéo publicitaire sur Instagram a mis le feu aux poudres : une tour Eiffel voilée, un slogan provocateur, et voilà que la France replonge dans un débat passionné autour du voile et de la laïcité.
Derrière ce coup de communication hors normes, on retrouve Nada Merrachi, une entrepreneuse néerlandaise d’origine marocaine.
À seulement 26 ans, elle est à la tête de la maison Merrachi, une marque de « modest fashion » -mode pudique- spécialisée dans les vêtements couvrants et amples.
Les hijabs et foulards Merrachi cartonnent en ligne (220k abonnés sur Instagram), mais pas que. Nada Merrachi a ouvert une boutique à Amsterdam en 2020, puis une boutique éphémère à Anvers, en Belgique, en 2024.
Désormais, elle débarque en force à Paris, avec une boutique éphémère dans le quartier du Marais, du 22 au 30 mars. Le moins que l’on puisse dire, c’est que son arrivée dans la capitale française ne passe pas inaperçue !
La marque Merrachi fait un tollé médiatique et politique
@bymerrachi Remember when they banned the hijab? 👀 #merrachi #modestfashion ♬ original sound – MERRACHI
Pour annoncer l’ouverture de sa future boutique « pop-up store », Nada Merrachi a fait les choses à sa manière : en dévoilant un clip promotionnel dans lequel la tour Eiffel est parée d’un hijab et d’un voile.
La publicité va encore plus loin avec des déclarations sans équivoque : « Le gouvernement français déteste voir arriver Merrachi », et « Vous vous rappelez quand ils ont interdit le hijab ? ».
Avec 3.2 millions de vues sur TikTok et 1 million sur Instagram pour la vidéo, la polémique ne tarde pas à éclater, tant parmi la classe politique que dans la sphère médiatique.
Laurent Neumann, journaliste pour BFM TV, a rapidement recadré le débat. « Le foulard n’est interdit que dans les écoles et les administrations », rectifie-t-il. De son côté, Géraldine Woessner, rédactrice en chef du Point, dénonce un message qui pourrait « alimenter l’hostilité » et suggérerait « que le foulard est pudique et que nous ne le sommes pas ».
La réaction est encore plus virulente à l’extrême droite. Lisette Pollet, députée du Rassemblement National (RN), fulmine sur X :
« Inacceptable ! La Tour Eiffel, symbole de la France, détournée par la marque Merrachi qui la couvre d’un voile islamique dans une publicité provocatrice. C’est une instrumentalisation idéologique et commerciale qui heurte nos valeurs républicaines et notre patrimoine ».
Un marketing original controversé
@bymerrachi Wow, Paris… I have no words!!🥹 You showed up with so much love, this community is everything ❤️🇫🇷 #merrachi #merrachigirl ♬ Paradise..Maher Zain – 🥷
Si certaines voix s’élèvent en France pour dénoncer une publicité qui choque l’opinion publique, force est de constater que la marque Merrachi a trouvé son soutien auprès des consommateurs.
Dans le dynamique quartier du Marais parisien, des centaines de clientes se sont déplacées pour découvrir les nouvelles collections de hijabs, abayas, foulards, vestes, robes et pantalons signés Merrachi.
La styliste d’origine marocaine affiche un positionnement premium avec sa marque, une mode pudique qui allie style et valeurs religieuses et qui défie la fast fashion.
Autodidacte, Nada aurait appris la couture dans l’atelier de sa grand-mère et de sa tante au Maroc. Ce n’est qu’en 2020 qu’elle lance sa marque avec son mari, Zouhair El Moujtahid, indique Le Figaro.
La boutique parisienne de Merrachi est ouverte jusqu’au dimanche 30 mars, avec de nouvelles collections spéciales pour l’Aïd.
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