En matière de blé dur, le pari de l’autosuffisance dès 2025 pourrait être atteint par l’Algérie. Les dernières pluies au Nord du pays ont redonné espoir aux agriculteurs et au Sud, les surfaces emblavées ont augmenté.
Déjà au Sud de Tébessa, des agriculteurs ont commencé la récolte d’orge et se félicitent des moyens mis en œuvre par l’Office algérien des céréales (OAIC). Les longues files d’attente devant les silos des CCLS pourraient ne plus être qu’un lointain souvenir.
Des moyens logistiques considérables
La Télévision algérienne a diffusé un reportage sur les moyens logistiques mis en œuvre par l’OAIC, monopole public de l’importation des céréales. Un convoi impressionnant de camions de fort tonnage et d’engins de récolte est vu se dirigeant vers Adrar. Au Sud, tout semble mis en œuvre pour récolter le moindre grain de blé.
Le ministère de l’Agriculture annonce des surfaces à récolter au Sud de près de 150.000 hectares, dont 40.000 hectares de plus par rapport à la saison passée. Aussi, la flotte de camions du monopole public de l’importation des céréales a été renforcée de 120 camions de marque Mercedes, ce qui porte le nombre à plus de 1.500, selon l’APS.
Dans ces régions, les distances entre les champs circulaires sous pivot et les centres de collecte sont souvent de l’ordre de 100 km avec une partie constituée de pistes.
Pour cette campagne, « 260 centres de proximité de stockage des céréales seront réceptionnés d’ici juin prochain, afin d’atteindre une capacité de stockage globale de 17 millions de quintaux », a indiqué Youcef Cherfa.
Le ministre a précisé que « 65 centres seront réceptionnés durant ce mois d’avril, tandis que 99 autres seront réceptionnés en mai. »
Une campagne préparée dès début avril. Le ministre a réuni les directeurs des CCLS et les cadres du ministère et a insisté sur la mobilisation de tous et « l’importance d’une action proactive pour permettre aux agriculteurs de livrer leurs productions aux CCLS conformément au cahier des charges établi entre les deux parties », rapporte l’APS.
Des moyens logistiques impressionnants
Ces moyens logistiques ont été également déployés lors de la moisson précédente. Les médias avaient montré pour la première fois ces impressionnants convois de camions et engins de récolte se dirigeant vers le Sud. Des images qui avaient fait forte impression.
Aussi, les achats de blé tendre réalisés cet hiver par l’Algérie ont parfois suscité l’étonnement sur les réseaux sociaux. Certains internautes pensaient qu’après l’impressionnante récolte au Sud, les besoins nationaux en blé étaient entièrement couverts. En fait, ce n’est que le début d’un vaste programme qui vise d’ici 2027 à l’irrigation d’un million d’hectares.
Les premiers résultats de ce programme sont impressionnants. Les prévisions du ministère font état d’une récolte de 954.000 quintaux à El Menia, 963.500 quintaux à Adrar, 353.300 à Timimoune, 360.000 à Ouargla, 208.000 quintaux à El Oued ou encore 250.000 à Biskra.
L’ensemble des surfaces au Sud devrait permettre la récolte de près de 3 millions de quintaux même si en la matière, rien n’est jamais assuré. Au Sud de Khenchela, dans la zone de Nememcha, une récente tempête a déchiré le plastique des serres et a fait verser le blé proche de la maturité.
Progrès en blé dur
En septembre 2024, Youcef Cherfa a indiqué que l’autosuffisance en blé dur pourrait être acquise à condition d’emblaver 1,6 million d’hectares. Un objectif auquel contribue l’extension des superficies au Sud et celles situées au Nord. Dans cette zone, les dernières pluies ont sauvé la récolte sur ce qui constitue la plus grande surface céréalière du pays.
Si au Sud, les surfaces emblavées ne sont que de 150.000 hectares, elles concernent actuellement au Nord près de 2 millions d’hectares.
Début avril, face à l’absence de pluies, les parcelles de blé donnaient des signes inquiétants de dessèchement. Dans le Sud de la wilaya de Bouira, l’inquiétude était grande.
Les dernières pluies ont permis de consolider les rendements dans les régions les plus fertiles et de sauver les récoltes dans les régions marginales. Les quantités de pluies sont telles que les agriculteurs craignent aujourd’hui le développement des maladies et l’expert Saïdi Chaabane met en garde contre l’extension de foyers de rouille.
Blé dur, des réserves de productivité
Au Nord, malgré l’irrégularité des pluies, les réserves de productivité sont grandes. L’enjeu en culture non irriguée est d’arriver à ce que le blé résiste à des intervalles de 3 à 4 semaines sans pluie. La mise à la disposition par les CCLS de nouvelles variétés peut permettre d’y contribuer, de même que les techniques de préservation de l’humidité du sol.
La fourniture de semoirs et d’engins de récolte de plus large envergure par les constructeurs locaux est également annoncée.
De son côté, la National Higher School of Agronomy d’El Harrach a récemment mené une mission de plusieurs jours en concertation avec les agriculteurs de la wilaya de Sétif pour « co-construire une évaluation participative des pratiques céréalières sur les parcelles visitées » sur la base de « l’agro-écologie. »
Un ensemble de mesures et d’initiatives qui peuvent concourir à renforcer la production locale de céréales.
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