L’Algérie a réagi à la décision de la justice française qui a signifié mercredi 19 mars un non définitif aux demandes introduites par l’Algérie d’extrader l’ancien ministre de l’industrie, Abdeslam Bouchouareb, condamné en Algérie pour corruption.
L’avis défavorable a été rendu par la chambre de l’instruction de la Cour d’Aix-en-Provence, qui a ainsi mis fin à la procédure.
L’Algérie déplore l’absence « totale » de coopération judiciaire avec la France
Le ministère des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué diffusé ce jeudi 20 mars que le gouvernement algérien « prend acte » de cette décision de la justice française de rejeter la demande d’extradition de l’ancien ministre « condamné par la justice algérienne dans plusieurs affaires de corruption, de détournement de fonds et d’abus d’influence ayant infligé d’importantes pertes au Trésor public ».
La diplomatie algérienne a aussi souligné une absence « totale » de coopération judiciaire de la France malgré les accords qui lient les deux pays en la matière.
« Sans préjudice de son droit légitime de recourir à d’autres voies de recours possibles, le gouvernement algérien saisit cette occasion pour souligner l’absence totale de coopération entre le gouvernement français et la partie algérienne en matière d’entraide judiciaire, malgré l’existence de nombreux accords internationaux et bilatéraux dans ce domaine », a ajouté le MAE.
Cette absence de coopération de la France ne concerne pas que le dossier Bouchouareb.
Récupération des fonds détournés : l’Algérie accuse la France
"Dans le cadre de ses efforts pour récupérer les richesses pillées du pays, l’Algérie a été automatiquement et continuellement confrontée, et continue de rencontrer des lenteurs, des esquives et des atermoiements injustifiés et incompréhensibles de la part de la partie française, qui se traduisent par son absence de réponse aux vingt-cinq commissions rogatoires soumises par l’Algérie », lit-on dans le communiqué.
Le ministère des Affaires étrangères souligne par ailleurs que l’attitude de la France se distingue et diffère de celle des autres partenaires européens « qui coopèrent avec les autorités algériennes en toute sincérité et honnêteté et sans aucune arrière-pensée concernant la question des biens acquis illégalement ».
Ces autres partenaires européens ont pris conscience que cette question "revêt une importance particulière et une extrême sensibilité pour l’Algérie », conclut le communiqué de la diplomatie algérienne.
Abdeslam Bouchouareb, ministre de l’industrie entre 2014 et 2017 sous Bouteflika, a été condamné à cinq peines de 20 ans de prison pour corruption et malversations financières. L’Algérie a présenté à la France, où il est installé, six requêtes pour son extradition, en vain.
La Cour d’Aix-en-Provence a motivé son avis défavorable définitif par "les conséquences d’une gravité exceptionnelle » que pourrait avoir l’extradition vers l’Algérie de l’ex-ministre de 72 ans en raison de son âge et de son état de santé.