Pour bénéficier d’un regroupement familial, les étrangers établis en France doivent notamment justifier d’une présence en France de plus de 18 mois (12 mois pour les Algériens), un titre de séjour d’au moins un an, des ressources suffisantes et un logement qui répond aux normes de salubrité et d’équipement.
Ceci dit, ces conditions sont loin d’être le principal souci des étrangers candidats au regroupement familial au niveau de la préfecture de l’Essonne, près de Paris. Certains attendent une réponse depuis des mois, voire depuis des années, dévoile un article du média français Le Parisien, publié ce 10 décembre 2024.
Pour demander le regroupement familial, les étrangers établis en France doivent d’abord déposer leur dossier au niveau de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). Ce dernier, une fois son enquête effectuée, transmet le dossier à la préfecture qui dispose normalement d’un délai de six mois pour rendre une réponse au demandeur.
Préfecture de l’Essonne : le « cauchemar » des demandeurs de regroupement familial
Mais la préfecture de l’Essonne fait attendre certains demandeurs depuis « deux ou trois ans ». C’est ce que confie Adélia, une Algérienne de 36 ans, qui attend toujours le feu vert de sa préfecture pour faire venir son mari en France.
Cette ressortissante algérienne confie qu’elle est arrivée en France en 2014 et qu’elle a déposé sa demande de regroupement familial après son mariage en décembre 2021, soit depuis trois ans.
Bien qu’elle soit cadre dans une entreprise sous CDI, qu’elle paye ses impôts et qu’elle soit bien insérée dans la société, elle attend la réponse de sa préfecture depuis trois ans.
Cette Algérienne assure qu’elle vit « un véritable cauchemar » à cause de ces lourdeurs administratives. « Tous nos projets sont repoussés : notre évolution professionnelle, avoir un enfant… On vit en suspens et via les réseaux sociaux », ajoute Adélia qui se rend régulièrement en Algérie pour voir son mari.
Préfecture de l’Essonne : au moins 200 familles dans l’attente
Adélia dénonce le fait qu’un simple droit s’est transformé en un parcours de combattant. « On a l’impression d’être puni parce qu’on est étranger », a-t-elle ajouté, soulignant que les demandeurs de regroupement familial accomplissent pleinement leurs devoirs mais ne jouissent pas pour autant de leur droit de vivre avec leurs familles.
Plusieurs personnes sont dans la même galère que Adélia. Zoheir, un marocain de 45 ans, essaye de faire venir sa femme en France depuis 2022. Après une longue attente, il est gagné par le doute. A défaut de pouvoir la faire venir, il compte aller la rejoindre lui-même.
Ce Marocain est pourtant payé à hauteur de 2.500 € par mois, il dispose d’un logement dans les normes, et il est titulaire d’un titre de séjour de plus d’un an. Bien que l’enquête de l’OFII se soit bien passée, depuis que son dossier est arrivé à la préfecture de l’Essonne, « c’est le silence complet ».
Zoheir, qui estime que les demandeurs se retrouvent « face à un mur », confie que le « le plus terrible, c’est le fait de ne pas avoir un interlocuteur ». Selon Achref, un des représentants d’un collectif créé pour dénoncer les retards de la préfecture, « au moins 200 familles » attendent une réponse.
Préfecture de l’Essonne : 800 dossiers de demande de regroupement familial en attente
De son côté, la préfecture de l’Essonne, contactée par le journal français, confirme que 800 dossiers de demande de regroupement familial sont en attente. La préfecture assure toutefois avoir adopté de nouvelles procédures afin d’accélérer le processus.
En attendant que les fruits de ce changement apparaissent à partir de mars ou d’avril 2025, la préfecture invite les membres du collectif à lui signaler les cas les plus sensibles afin qu’ils soient étudiés le plus rapidement possible.
Selon les parlementaires du Nouveau Front Populaire de l’Essonne, cette préfecture « est celle qui affiche les pires délais de traitement ». Tout en dénonçant « un manque de moyens humains », ils soulignent que des demandeurs de regroupement familial attendent une réponse depuis 2021.