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Retailleau accusé d’« obsession anti-algérienne » en Algérie et en France

Retailleau accusé d’« obsession anti-algérienne » en Algérie et en France

Source : Facebook Bruno Retailleau
Bruno Retailleau

C’est le genre de situation que ne pouvait pas manquer le ministre français de l’Intérieur pour réitérer ses accusations contre l’Algérie.

Bruno Retailleau a de nouveau accusé l’Algérie suite à une attaque au meurtrière couteau commise à Mulhouse par un Algérien radicalisé sous OQTF. « L’obsession anti-algérienne » du ministre de l’Intérieur est dénoncée aussi bien en France qu’en Algérie.

Samedi 23 février, une attaque au couteau a fait un mort et sept blessés à Mulhouse. Un drame qui a exacerbé les tensions entre l’Algérie et la France.

Selon Bruno Retailleau, l’auteur de l’attaque est arrivé illégalement d’Algérie en 2014 et a été condamné pour apologie du terrorisme.

Sur le plateau de TF1, le ministre de l’Intérieur a soutenu que si le jeune radicalisé n’a pas pu être expulsé, c’est parce que les services consulaires algériens, « sollicités à 10 reprises », ont refusé de lui délivrer un laissez-passer consulaire. Du coup, il a réitéré son appel à « poser un rapport de force » avec l’Algérie.

France – Algérie : Jean-Noël Barrot désavoue encore Bruno Retailleau

La réponse lui est venue du sein même du gouvernement français, par la voix du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

« Ce qui nous intéresse, c’est la sécurité des Français, pas le rapport de force pour le rapport de force (…) Quand on agit de façon unilatérale, en disant »J’arrête les visas« , ça ne fonctionne pas. Nous agissons par la diplomatie, avec une palette d’outils dont nous parlons, et d’autres dont nous ne parlons pas », a dit Jean-Noël Barrot sur CNews et Europe 1 ce dimanche 23 février.

Le chef de la diplomatie française a rappelé qu’un accord de coopération « très exigeant » a été signé en 2022 avec l’Algérie et le nombre de reconduites à la frontière a été triplé. 

La députée européenne de La France Insoumise (LFI) Manon Aubry a pour sa part dénoncé « l’obsession xénophobe de Bruno Retailleau, qui vise à toujours monter le niveau de tension et à cibler les Algériens ». La parlementaire du parti de Jean-Luc Mélenchon a particulièrement fustigé cette tendance à la généralisation et à l’amalgame à chaque acte terroriste ou délictuel.  

"On jette l’opprobre sur l’ensemble des ressortissants algériens, l’ensemble des Franco-Algériens de notre pays qui vont se sentir une nouvelle fois visés alors qu’ils n’ont strictement rien à voir avec cet attentat terroriste », a-t-elle dénoncé sur France Info.

Manon Aubry a démonté tout l’argumentaire de Bruno Retailleau, l’accusant de provoquer, par sa politique, le contraire de ce qui est recherché concernant cette question des OQTF.

"Pour qu’il y ait une OQTF, il faut un laissez-passer consulaire et pour qu’il y ait un laissez-passer consulaire, il faut qu’il soit délivré par l’Algérie. Et ce n’est pas en montant le niveau de tension avec l’Algérie que vous les obtenez », a-t-elle expliqué.

Pour Manon Aubry, Bruno Retailleau « essaie de gonfler un peu les muscles » et la méthode qu’il a choisie « n’est pas la bonne ».

Djilali Soufiane : « Retailleau est obsédé par les Algériens »

En Algérie, Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, a utilisé la même formule pour qualifier l’attitude du ministre de l’Intérieur. « Retailleau est obsédé par les Algériens », a-t-il écrit sur X.

L’homme politique algérien en veut pour preuve les chiffres de la criminalité en France (334 890 de victimes de coups et blessures volontaires en 2023), alors que « seuls les quelques actes délictueux des Algériens sont exposés et systématiquement amplifiés, même lorsqu’ils sont le fait d’un schizophrène ». Soufiane Djilali fait référence à l’attaque de Mulhouse.

« L’amalgame entre délinquance et nationalité algérienne devient non seulement stigmatisant mais aussi dangereux pour notre communauté », a-t-il conclu.

Dans un autre tweet, Soufiane Djilali a invité Bruno Retailleau à être « moins ingrat envers les Algériens », lui rappelant que 37,5% des médecins généralistes étrangers exerçant en France sont Algériens, « formés dans les universités et les hôpitaux algériens grâce au Trésor public ».

« Au lieu de régler les problèmes de fond des Français, les politiques essayent de détourner l’attention de leur peuple en créant des abcès de fixation contre un pays qu’ils considèrent comme plus faible qu’eux », a accusé le président de Jil Jadid.

Le tweet a suscité la réaction de l’ancien ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt, qui a volé au secours du ministre de l’Intérieur, estimant qu’il « n’a pas dit que les Algériens sont le problème de la France ».

« Il y a un discours politique en France qui cible les Algériens en tant que tel », a toutefois insisté Soufiane Djilali.

Bruno Retailleau est en croisade depuis plusieurs mois contre l’Algérie, appelant à plusieurs reprises à lui imposer des sanctions pour l’amener à coopérer sur cette question des OQTF.

En janvier dernier, il a accusé l’Algérie de « chercher à humilier la France » suite à son refus d’accueillir l’influenceur Doualemn dont il avait lui-même ordonné l’expulsion. 

Malgré des rappels à l’ordre à peine voilés du chef du Quai d’Orsay, Retailleau continue à développer un discours qui aggrave les tensions avec l’Algérie.

Dans un entretien accordé au journal français L’Opinion début février, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a cité nommément le ministre français de l’intérieur comme étant un facteur de blocage. « Tout ce qui est »Retailleau« est douteux compte tenu de ses déclarations hostiles et incendiaires envers notre pays », a déclaré le chef de l’État, qui a également fustigé dans le même entretien plusieurs figures de la droite dure et de l’extrême-droite française, comme Marine Le Pen, Jordan Bardella et Éric Ciotti.

Bruno Retailleau est soupçonné d’utiliser l’Algérie pour séduire l’électorat de son camp politique. Selon un sondage réalisé début février par Opinion Way, il est le favori pour prendre la tête du parti Les Républicains. 

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