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Retailleau et l’Algérie : une obsession de plus en plus critiquée en France

Retailleau et l’Algérie : une obsession de plus en plus critiquée en France

Source : Facebook Bruno Retailleau
Bruno Retailleau

Il n’y a pas que les Algériens de France et les Franco-Algériens qui dénoncent l’obsession du ministre français de l’Intérieur pour l’Algérie. D’autres voix s’élèvent comme celle de l’homme d’affaires Matthieu Pigasse pour le fustiger.

Ces voix le font d’autant plus aisément que les chiffres officiels relatifs à l’exécution des OQTF démontrent que, du moins sur l’Algérie, Bruno Retailleau et tout le courant extrémiste ne disent pas toujours la vérité.

Voix de la droite dure et de l’extrême-droite au sein du gouvernement, le ministre de l’Intérieur multiplie les accusations contre l’Algérie qui « cherche à humilier la France », « refuse de coopérer sur l’exécution des OQTF » et « ne respecte pas le droit international et les accords bilatéraux ». D’où la nécessité de lui opposer « un rapport de force » et une « riposte graduée ».

La vérité vraie sur l’exécution des OQTF (obligation de quitter le territoire français) se trouve dans les chiffres qui ne sauraient mentir de la Cour des comptes française.

Ils ont déjà été étalés sur le plateau de France Info en présence de Benjamin Stora, la semaine passée. Il en ressort que le Maroc, un pays que Bruno Retailleau « respecte énormément », ne fait guère mieux que son voisin. Pourquoi faire alors de l’Algérie un point de fixation ?

Taux d’exécution des OQTF : l’Algérie et le Maroc au même niveau

« Il faudra poser la question à Bruno Retailleau. Il y a une équivalence des chiffres entre les trois pays du Maghreb, or là, il y a un problème qui est de nature exclusivement politique », a répondu l’historien français spécialiste de l’Algérie.

Les chiffres détaillés ont été partagés par l’élu de gauche Mandat Pierre sur les réseaux sociaux. Le taux d’exécution des OQTF pour l’Algérie est effectivement faible, mais pas plus faible que les autres pays, notamment du Maghreb et d’Afrique.

Seules la Roumanie (41,1 %) et l’Albanie (21,7 %) sortent du lot. On pourrait ajouter un autre pays d’Europe, la Moldavie, avec un taux d’exécution des OQTF de 10,7 %. L’Algérie, elle, est dans la moyenne africaine, faisant autant que le Maroc (4,4 %), légèrement moins bien que la Tunisie (5 %) ou la Guinée (5,6 %), mais nettement mieux que de nombreux pays du continent (Sénégal, 2,7 %, Mali, 3,5 %, Égypte 1,3 %…) et d’ailleurs, comme la Turquie dont le taux d’exécution est de seulement 2,5 %.

Matthieu Pigasse critique l’obsession algérienne de Retailleau

Il y a donc bien une obsession de l’Algérie qui ne se justifie pas. Une obsession qui est « un problème », estime l’homme d’affaires proche de la gauche Matthieu Pigasse.

« L’obsession de Bruno Retailleau pour l’Algérie est un problème. La provocation, c’est lui. Figé dans le ressentiment, obsédé par le passé, il est incapable de penser à l’avenir », a-t-il écrit sur X, dénonçant « une politique de la rancœur, sans aucune vision ni projet ».

Pigasse estime qu’en faisant de l’Algérie « un bouc émissaire permanent », le ministre de l’Intérieur fait un « aveu d’impuissance » et de « vide des idées ».

Avant d’asséner cette vérité que tout le monde ne sait que trop bien, à savoir que l’agitation de Retailleau « est une manœuvre cynique et électoraliste, qui flatte les pires instincts racistes ».

Matthieu Pigasse est en France une sorte d’anti-Bolloré, toutes proportions gardées. Ce banquier a, lui aussi, investi dans la sphère médiatique (il est actionnaire dans Le Monde et le Huffington post et possède le magazine les Inrockuptibles et Radio Nova). Comme lui, ses médias développent un discours à l’opposé de celui de l’extrême-droite.

Il y a dix jours, il a apporté son soutien au journaliste Jean-Michel Aphatie, vilipendé pour avoir évoqué l’ampleur des crimes pendant la conquête de l’Algérie.

« Oui, la France a commis des atrocités en Algérie, pendant la conquête puis la guerre. C’est un fait, pas une opinion », a-t-il écrit sur le même réseau social, estimant que « regarder l’histoire en face est un devoir ».

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