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Sahara occidental : nouveau revers cinglant pour le Maroc

Sahara occidental : nouveau revers cinglant pour le Maroc

Par NATALIA / Adobe Stock
Drapeau du Sahara occidental

Les dirigeants marocains ont cessé de bomber le torse sur la question du Sahara occidental après les récents revers judiciaires et diplomatiques dans ce dossier.

Leur attitude après les maigres succès obtenus de la reconnaissance par l’ex-président américain Donald Trump puis d’Israël de la marocanité du Sahara occidental semble être un lointain souvenir.

Et pour cause, le Makhzen n’a même pas le temps de savourer le soutien du président français Emmanuel Macron à sa cause sur le Sahara occidental. Le 30 juillet, sous la pression de la droite et de l’extrême droite françaises, le président français a reconnu implicitement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental occupé.

Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, qu’il aura l’occasion de rencontrer à Rabat lors de sa visite d’État au Maroc du 28 au 30 octobre, le président français a dit que la France considérait désormais que le plan d’autonomie marocain était la « seule base » pour se résoudre le conflit sahraoui. Le roi Mohammed VI n’a pas encore remercié Emmanuel Macron que le premier coup de massue ébranle le Palais royal.

Le 4 octobre, la Cour de justice de l’Union européenne a rendu un jugement historique en invalidant, définitivement, les accords commerciaux (pêche et agricole) avec le Maroc.

La CJUE a jugé que ces accords ont été conclus en méconnaissance des « principes de l’autodétermination » du peuple sahraoui. Elle a donné raison au Front Polisario qui a obtenu une victoire déterminante et historique.

Arrêt de la CJUE : un coup de massue pour le Royaume

Ebranlé par cet arrêt définitif, le roi Mohammed VI a consacré tout son discours devant le Parlement vendredi 11 octobre à la question du Sahara occidental.

Devant les députés, le roi qui est apparu affaibli, visage fermé, a remercié la France de son soutien et a tracé une nouvelle feuille de route pour poursuivre la politique du fait accompli dans les territoires sahraouis, mais il n’y a rien de nouveau. L’arrêt de la CJUE est définitif. Le coup est dur pour le royaume.

Après tant d’années de supercheries, de fuite en avant, de provocations  à l’égard de l’Algérie, d’espionnage des dirigeants européens, de corruption de parlementaires européens pour influencer leurs décisions sur le Sahara occidental, le Maroc est rattrapé par la réalité du conflit sahraoui qui est entre les mains de la commission de décolonisation de l’ONU.

La diplomatie algérienne avait vu juste. En mars dernier, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a dit que si le Maroc a marqué peut-être des "petits points politiques« , mais »la vérité amère" pour le royaume, c’est que quel que soit ce qu’il « fait sur le terrain », le dossier du Sahara occidental « demeure devant le Comité des 24 », l’autre nom de la commission de décolonisation de l’ONU.

Et c’est devant cette commission que le royaume a subi son deuxième revers en moins d’un mois. La 4e commission de l’Assemblée générale de l’ONU qui s’est tenue à New York du 3 au 17 octobre, a adopté une résolution reconnaissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Selon l’agence APS, cette résolution a été adoptée à l’unanimité et le Maroc ainsi que ses alliés ne s’y sont pas opposés.

L’ensemble des États membres des Nations Unies, y compris le Maroc, ont adopté par consensus cette résolution qui signifie, une nouvelle fois, un « désaveu cinglant » au Maroc qui voit la Communauté internationale toute « entière soutenir le droit du peuple du Sahara Occidental à l’autodétermination », selon une source algérienne.

Lors de cette réunion, des pétitionnaires pro-Sahara occidental ont « exprimé leur soutien au peuple du Sahara occidental qui vit sous l’occupation marocaine dans des conditions inhumaines depuis 50 ans ».

Ils ont qualifié les « actions » du Maroc au Sahara occidental de « colonialisme » en mettant en exergue la « violence » et « l’oppression systématique » contre le peuple sahraoui, selon la même source.

Ils ont appelé l’Espagne et la France à « cesser de soutenir le Maroc » et ont rappelé la décision de la CJUE du 4 octobre, tout en appelant les pays européens à s’y conformer.

Lors des débats, de nombreux pays ont réaffirmé leur soutien traditionnel au droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Ils ont rappelé que ce territoire, dernière colonie d’Afrique, est inscrit sur la liste des 17 territoires non-autonomes de l’ONU depuis 1963 et qu’il « demeure sans perspectives concrètes » d’un règlement juste et définitif et ce depuis plus d’un demi-siècle.

Le Maroc perd une autre bataille à l’ONU

Ces pays ont souligné que le Sahara occidental est une question de décolonisation qui « ne souffre d’aucune ambiguïté ». Ils ont estimé que les « négociations directes, de bonne foi et sans conditions préalables », entre les deux parties au conflit à savoir, le Maroc et le Polisario, sont « plus à même de permettre le règlement de ce conflit ».

Au nom de l’UE et des pays candidats (Monténégro, Moldavie, Bosnie Herzégovine, Macédoine du Nord et Saint marin), la Hongrie a salué les efforts du SG/ONU pour « parvenir à une solution juste, durable qui garantit l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément à la Charte des Nations Unies et des résolutions du Conseil de Sécurité ». Elle a « encouragé les parties (Le Maroc et le Front Polisario) à œuvrer en faveur d’une telle solution dans le cadre de l’ONU ».

La déclaration prononcée par la délégation de l’UE a « totalement discrédité les récentes positions affichées par la France et l’Espagne sur la question du Sahara occidental, dont le Maroc se félicite », pointe la même source algérienne.

Elle a aussi infligé un « nouveau revers au Maroc surtout après les arrêts de la CJUE qui annulent définitivement les accords de pêche et agricole entre l’UE et le Maroc, conclus sans consultation du peuple sahraoui et de son représentant légitime, le Front Polisario, et en violation du droit à l’autodétermination du peuple sahraouie ».

Cette résolution réaffirme le « droit inaliénable de tous les peuples à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et dans sa résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960, qui contient la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ».

Elle réaffirme aussi la « responsabilité » de l’ONU à l’égard du peuple du Sahara occidental, salue les efforts déployés par le secrétaire général des Nations-Unies et son envoyé personnel pour trouver au conflit une « solution politique qui soit mutuellement acceptable et assure l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ».

Enfin, cette résolution demande au Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux de continuer à suivre la situation au Sahara occidental et de lui présenter un rapport sur la question à sa quatre-vingtième session, selon notre source.

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