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Samira Brahmia, artiste franco-algérienne : un parcours atypique en 3 dates

Samira Brahmia, artiste franco-algérienne : un parcours atypique en 3 dates

Samira Brahmia Instagram officiel
Samira Brahmia

Artiste inclassable, Samira Brahmia trace son chemin entre diverses influences, entre tradition et modernité, entre rock, raï et musiques du monde, entre la France et l’Algérie. Une diversité que l’on retrouve dans son nouvel album Pink Casbah.

Chanteuse, musicienne et compositrice, cette Franco-Algérienne sort des sentiers battus avec de nouveaux morceaux qui portent une vision audacieuse sur la musique algérienne et africaine, loin des clichés.

Rencontre avec Samira Brahmia, une femme à l’identité plurielle qui chante ce qu’elle pense. De sa naissance à Paris et son retour en Algérie avec ses parents, ses débuts avec la chanson et le climan, et son engagement pour la reconnaissance des artistes du spectacle en Algérie : voici le parcours de cette artiste plurielle en trois dates clés.

 

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Samira Brahmia, l’artiste qui tisse des liens entre l’Algérie et la France

Née de parents algériens en France, Samira Brahmia n’y a pourtant pas grandi. Son père, étudiant puis médecin à Besançon, prête serment alors qu’elle n’a qu’un an, avant de décider de retourner en Algérie « pour contribuer à l’effort national » après la guerre d’indépendance.

C’est ainsi qu’elle passe son enfance à Chlef, élevée dans la culture algérienne par des parents qui la poussent toujours vers le haut.

« J’ai fait le chemin inverse : je suis née en France mais je n’y ai jamais vécu jusqu’à l’âge de 26-27 ans. Je suis la fille de Chlef, j’ai grandi à l’algérienne avec des parents ouverts d’esprit, qui m’ont appris à aimer l’Algérie, ses paysages et ses gens », révèle Samira Brahmia dans un entretien à TSA Algérie.

Ce modèle d’éducation, l’artiste l’applique avec son fils, également né en France et aujourd’hui étudiant à Alger. Elle se réjouit même de lui offrir un brassage culturel qui lui permet de « se sentir à sa place des deux côtés de la Méditerranée ».

Les débuts dans la musique et la chanson

L’histoire de Samira Brahmia avec la musique remonte à son enfance, lorsque ses parents l’initient à différents styles musicaux : « J’ai grandi dans une maison où on écoutait aussi bien Cheikha Remitti que Ray Charles et Charles Aznavour ».

Elle apprend jeune à jouer du piano, à Chlef, puis, lorsqu’elle rejoint Alger pour ses études universitaires, elle apprend la guitare, un instrument ne la quittera plus.

À l’université, elle fait ses premiers pas dans la chanson avec les membres du groupe de rock algérien Index, avec qui elle partage une passion pour Dire Straits, Eric Clapton et d’autres figures du rock.

Progressivement, elle et ses amis prennent conscience de l’importance d’écrire une musique qui leur ressemble, fidèle à leurs racines. C’est ainsi que la jeune artiste, alors choriste au sein d’Index, se met à composer.

« Je me suis rendu compte que j’avais des choses à dire. J’étais attachée à ma guitare, et ça me faisait du bien », nous confie-t-elle.

Au début des années 2000, la chanteuse débutante a l’opportunité d’assurer la première partie du groupe algérien Gnawa Diffusion à Alger, et c’est là qu’elle a le déclic : « C’est là où j’ai compris que ma place était sur scène ».

Elle tente alors de bâtir une carrière en Algérie, mais elle s’est vite heurtée au manque de structures adaptées à l’époque. « Il n’y avait pas de petites salles pour me produire, et je savais que je ne voulais pas faire les mariages », confie-t-elle.

La chance lui sourira de l’autre côté de la Méditerranée où, invitée à un festival dans la Drôme en France, son pays de naissance, elle décide qu’il est temps pour elle de voir plus grand.

Samira Brahmia, un talent révélé au monde par la télévision française

Des années durant, Samira Brahmia va parfaire son art musical jusqu’en 2015, année durant laquelle elle est conviée à l’émission « The Voice: La Plus Belle Voix », diffusée sur TF1.

Initialement réticente à participer à la 4e saison de l’émission de chant, elle accepte finalement de tenter l’expérience, et tant le jury que le public seront charmés par son timbre de voix exceptionnel.

Pour les auditions à l’aveugle, la chanteuse algérienne a choisi un titre reconnaissable entre mille : « Haramtou bik Nouassi ». Elle interprète cette chanson arabo-andalouse iconique à sa manière et sera, sans surprise, qualifiée pour la suite de l’émission.

La prestation de Samira a eu un écho bien au-delà de son succès auprès du jury. « En France, les gens issus de la diaspora ont peu de références de réussite, et c’est frustrant. Beaucoup ont vu en moi quelqu’un qui leur ressemble et qui les représente », réalise-t-elle.

Grâce à son passage dans The Voice, elle sera repérée par l’actrice et réalisatrice d’origine algérienne Rachida Brakni, laquelle lui offre un rôle dans son premier long métrage, De sas en sas, sorti en 2016.

Samira Brahmia, une visionnaire qui refuse les étiquettes

Les chansons de Samira, interprétées avec force et dynamisme, passent de l’arabe à l’amazigh, du français à l’anglais. L’artiste ne se laisse pas enfermer dans un style ou une langue.

Véritable touche-à-tout, elle varie les registres de musique et se laisse emporter par son inspiration et les histoires qu’elle veut raconter. « Je ne choisis pas la langue ou le style de mes chansons. Il y en a qui le font, mais ce n’est pas mon genre. Cela dépend de ce qui m’inspire », affirme-t-elle.

Quoi de plus normal lorsqu’on vient d’un environnement où se mêlaient Cheikha Remitti, Miriam Makeba, Manu Dibango ou encore Aretha Franklin !

Sa vision musicale libre et métissée a inspiré Samira Brahmia pour son nouvel album, Pink Casbah, en hommage au souvenir d’une « Casbah cosmopolite et moderne », une déclaration d’amour à l’Algérie et à l’Afrique qu’elle joue aux côtés de noms qui ont marqué la scène musicale algérienne : Youcef Boukella, Khliff Miziallaoua, Karim Ziad, et  Meddhy Ziouche.

Dans ce nouveau projet haut en couleurs, elle insère une reprise de Remitti, icône incontournable de la chanson algérienne, ainsi que des compositions originales qui revendiquent une identité algérienne moderne et une affirmation de son africanité.

Le premier single, sorti ce jeudi 6 février sur les plateformes Spotify, Apple Music, et Deezer, est intitulé Sankara, un hommage au leader panafricaniste Thomas Sankara.

Elle décrit : « Ce n’est pas une chanson triste, c’est une chanson très afrobeat dans laquelle je joue avec le groove et les mots, où je dis que je suis fière d’être Africaine, que j’ai compris comment le monde fonctionne, et qu’il est temps de récupérer nos victoires ».

Les férus désireux de découvrir ce nouveau titre en direct peuvent retrouver Samira Brahmia le 12 février dans la salle de concert New Morning de Paris, à partir de 19h30.

D’autres dates sont prévues dans le cadre de la Pink Casbah Tour 2025-2026 : à Toulouse en avril, à Colombes en mai, à Lézan en juin, entre autres dates.

La pochette de l’album est également éloquente : sur fond de rose, l’artiste arbore des Dreadlocks, une tenue africaine colorée entre tradition et modernité, et une panoplie de bijoux africains ethniques. Le ton est donné !

Une ambassadrice de la culture algérienne

Samira Brahmia est une artiste engagée. Forte de ses 20 ans de métier, elle plaide pour la reconnaissance des artistes et techniciens du spectacle en Algérie.

« Il y a de très belles voix en Algérie, mais elles se cantonnent trop souvent au raï alors qu’elles peuvent élargir leurs horizons », souligne-t-elle, et d’ajouter : « Globalement, je trouve qu’il y a un manque de formation », invitant la jeune génération à s’initier aux métiers de la musique.

Aux jeunes talents qui se cherchent encore, elle recommande : « Ne vous bridez pas, ne vous enfermez pas dans des modes. Prenez du recul, remettez-vous en question et écoutez votre instinct ».

Aujourd’hui, Samira Brahmia est une figure incontournable de la scène musicale en Algérie et la diaspora en France. Elle découvre et soutient de nouveaux talents dans le cadre de l’émission Nagham DZ sur Ennahar TV, émission où elle est membre du jury depuis juillet 2024.

Elle joue également un rôle actif dans la promotion de la culture algérienne en France et en Europe, allant à la rencontre de son public et revendiquant son identité algérienne : « Ce que je fais est algérien, même si c’est dans une autre langue. Je suis fière de représenter mon pays ».

Avec passion et liberté, elle poursuit son chemin dans la chanson. Elle espère même étendre la tournée pour Pink Casbah jusqu’en Algérie, pour « retrouver mon public algérien et rencontrer cette jeunesse créative et émergente ».

Concernant les tensions entre l’Algérie et la France, Samira Brahmia est confiante, convaincue que « la réconciliation est inévitable », arguant : « Les peuples veulent que ça se fluidifie, c’est dans notre intérêt à tous », et soutenant que « la musique est le meilleur vecteur pour diffuser un beau message ! ».

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