Société

Soins impayés en France : l’Algérie répond avec les chiffres

Des titres de la presse française ont récemment ressorti l’histoire des factures impayées, que des patients algériens auraient laissées dans les hôpitaux français. L’Algérie a répondu par des chiffres détaillés, publiés par l’agence de presse officielle APS.

Dans l’édition du 20 janvier, le journal français L’Opinion a rapporté que, selon ses sources, les Algériens détenteurs d’un visa touristique ou diplomatique ont laissé des factures impayées s’élevant à 44,9 millions d’euros dans les hôpitaux français.

Ce montant concerne uniquement l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et pendant la seule année 2023, a précisé le journal.

L’information a été reprise par de nombreux médias de droite et d’extrême-droite. Selon le Journal du Dimanche (JDD), le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, souhaiterait mettre ce dossier « sur la table » comme levier de pression contre l’Algérie.

« La presse française poursuit sa longue série d’attaques contre l’Algérie » et « tente par tous les moyens de se convaincre que l’Algérie est redevable à Paris », écrit l’agence algérienne APS dans une dépêche diffusée mercredi 22 janvier, en réponse à ces allégations.

« Ce qui se dit et s’écrit sur des prétendues factures de soins non payées par l’Algérie auprès des hôpitaux français, relève du mensonge et de la mauvaise foi qui alimentent cette campagne haineuse contre l’Algérie », lit-on dans la dépêche.

Soins des Algériens dans les hôpitaux français : l’Algérie a payé plus de 110 millions d’euros en 14 ans

Face à cette « campagne où tous les coups sont permis », l’agence officielle algérienne préfère répondre par des chiffres pour démontrer que « l’Algérie a payé rubis sur ongle ses factures » dans le cadre de la convention algéro-française de Sécurité sociale relative aux soins dispensés en France aux ressortissants algériens. « L’Algérie paye toujours ses dettes lorsqu’elles sont bien justifiées », écrit l’APS.

De 2010 à 2019, plus de 93 millions d’euros (précisément 93.700.815,64 euros) ont été transférés d’Algérie aux hôpitaux français, selon l’APS. De 2020 à 2024, ce sont 23.263.322,55 d’euros (plus de 23 millions d’euros) qui ont été transférés dans le même cadre, a ajouté l’agence de presse officielle.

La somme due « n’est pas aussi affolante que cela ». Elle s’élève à un peu plus de 2,5 millions d’euros (2.537.194,23 euros), représentant les frais d’hospitalisation de 2018 à 2024. Mieux, c’est l’Algérie qui « ne cesse de demander à la partie française de tenir une réunion de la commission mixte » pour apurer ces créances, assure l’APS.

Or, assure l’agence algérienne, c’est la partie française qui évite cette réunion qui constitue « une étape cruciale pour arrêter les sommes exactes des dus », soit les sommes justifiées comme étant celles des prestations fournies à des citoyens algériens.

« Il ne faudrait pas non-plus abuser de la bonne disposition de l’Algérie à payer », poursuit l’agence algérienne qui estime de ce fait « impératif que ces factures soient bien celles de citoyens algériens soignés dans les hôpitaux français, sous les formes d’usages de la prise en charge bel et bien définies ».

Accusations contre l’Algérie en France : après « l’aide au développement », les « factures de soins »

L’APS souligne, en effet, qu’il est « courant » que des patients, probablement des non-Algériens, soient marqués « à tort et à travers sur le très commode « carnet de dette » d’Alger ».

Du reste, « l’Algérie ne transfère plus ses ressortissants vers les hôpitaux français », conclut l’APS.

Le 11 janvier, l’ancien ministre algérien, El Hachemi Djaâboub, a répondu à cette polémique en soulignant que les Algériens préfèrent désormais se rendre en Turquie pour des soins de meilleure qualité et à moindre coût qu’en France.

L’Algérie « ne transfère plus » ses patients pour des soins en France

Par ailleurs, le transfert de malades algériens vers l’étranger a fortement baissé ces dix dernières années. En juin 2020, le président de la Commission médicale nationale d’étude des dossiers de transfert pour soins à l’étranger, le professeur Bougherbal, avait révélé que ces transferts avaient fortement diminué, passant de 1.400 en 2014 à seulement 240 en 2019.

Avant cette accusation de factures de soins impayées, le courant extrémiste en France avait distillé des contre-vérités sur le montant de « l’aide au développement », dont bénéficierait l’Algérie.

Le montant de 800 millions d’euros, avancé par l’eurodéputé Sarah Knafo, a été vite démenti. Cette « aide » s’élève, en fait, à 600 millions d’euros en cinq ans et ne finit pas dans les caisses de l’État algérien.

Ce sont des sommes destinées aux universités françaises qui accueillent des étudiants algériens ainsi qu’à la prise en charge des frais de mission d’experts français et de bureaux d’études pour arracher plus de contrats.

« Il s’agit d’un investissement pour maintenir la place de la France en lui faisant gagner plus d’argent », a indiqué le 12 janvier à TSA une source algérienne qui a qualifié tout ce qui se dit à propos de cette prétendue « aide au développement » de « grosse fumisterie ».

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