Malgré le durcissement de la législation, l’Algérie fait toujours face à la spéculation sur certains produits, comme le montre le scandale de la pomme de terre cette semaine. Le ministre de la Justice a de nouveau brandi le glaive de la loi face à ceux qui tentent de s’enrichir au détriment de la société.
Depuis quelques semaines, c’est la pomme de terre qui a vu son prix flamber, atteignant jusqu’à 150/160 dinars algériens dans certains marchés, contre 60/70 dinars en temps normal. Les avis divergent sur les causes de cette flambée, mais il est certain que la spéculation y est pour quelque chose.
Cette semaine, trois spéculateurs ont été arrêtés à Mostaganem, une wilaya qui produit d’importantes quantités de pomme de terre chaque année. Les trois individus ont exhorté sur les réseaux sociaux les agriculteurs à ne pas effectuer la récolte pour garder les prix élevés, les menaçant de représailles.
La spéculation n’a pas épargné les véhicules neufs assemblés en Algérie, revendus au marché noir nettement plus chers que le prix d’usine. Ce trafic, qui touche notamment le modèle Diablo Panoramique de Fiat, a fait réagir plusieurs ministères récemment.
Jeudi 10 avril, le ministre de la Justice Lotfi Boudjemaa a révélé devant l’Assemblée populaire nationale (APN) avoir donné « des instructions fermes » aux procureurs généraux afin de « faire face à la spéculation dans ce domaine », particulièrement, a-t-il dit, les voitures Fiat et notamment les Fiat Doblo.
Le ministre de la Justice : « Ta liberté s’arrête lorsque tu touches la subsistance des Algériens »
« Il y aura des mesures strictes, les instructions ont été données et la justice bien évidemment accompagnera les institutions gouvernementales pour le bon fonctionnement de l’économie nationale et pour l’intérêt du simple citoyen pour lequel le président de la République consacre son programme », a-t-il dit.
Ce n’était pas la première fois que le ministre de la Justice évoquait la fermeté dans la lutte contre la spéculation. Avant le mois de Ramadan, il avait appelé les juridictions à appliquer la loi dans toute sa rigueur contre ce fléau.
Mercredi 23 avril, il est revenu à la charge, toujours devant les députés de l’APN. Boudjemaa a rappelé les dispositions très fermes de la loi de lutte contre la spéculation. « La spéculation est un problème. Certains disent : j’ai fait une affaire et j’ai gagné 200 ou 300 millions. Fais une affaire si tu veux, mais tu as 30 ans de prison, et dans certains cas la perpétuité », a menacé Lotfi Boudjemaâ.
« Celui qui veut travailler doit le faire dans la transparence. Ta liberté s’arrête lorsque tu touches la subsistance des Algériens », a-t-il ajouté.
Le ministre de la Justice faisait référence aux dispositions de la loi de lutte contre la spéculation adoptée fin 2021. Le texte prévoit contre les spéculateurs des peines allant jusqu’à 30 ans de prison, voire la perpétuité si les faits sont commis dans le cadre d’un groupe criminel organisé.
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