En France, un député LFI d’origine algérienne de la 14ᵉ circonscription du Rhône a interpellé le gouvernement français pour empêcher l’implantation d’un supermarché halal à Lyon. Sa réaction a suscité une polémique sur les réseaux sociaux, notamment parmi les membres de la communauté algérienne. Explications.

Le supermarché Casino de la commune de Vénissieux, près de Lyon, devra céder sa place à l’enseigne Triangle, spécialisée dans le commerce halal.

La grande surface du quartier de Vénissieux, commercialisait de l’alcool et du porc, a fermé ses portes samedi 5 octobre en raison des difficultés que rencontre le groupe Casina. Elle devra rouvrir le 30 octobre sous la bannière de l’enseigne Triangle.

Idir Boumertit s’oppose à l’implantation d’un supermarché halal

Cela entrainera donc la fin de la commercialisation de l’alcool et du porc dans le quartier, vu que la nouvelle enseigne est spécialisée dans le commerce halal. Cette situation n’a visiblement pas plu au député La France insoumise (LFI), Idir Boumertit, qui rappelons-le, est d’origine algérienne.

Le parlementaire a interpellé la ministre déléguée chargée du Commerce, Françoise Gatel, par écrit, lui demandant d’intervenir, rapporte le média local Lyon Mag. Il est, pour lui, « important que la population multiculturelle de Vénissieux puisse accéder à une diversité de produits ».

Cela renforce « le vivre-ensemble » et garantit « que chacun puisse trouver ce dont il a besoin », a-t-il affirmé. De plus, le député estime les « petits commerces indépendants » halal de la région « risquent d’être fragilisés par la concurrence directe d’une grande enseigne comme Triangle ».

Idir Boumertit indique en effet, dans son écrit, que la reprise par Triangle du supermarché impliquerait « des ajustements dans l’offre de produits et notamment la suppression des boissons alcoolisées et du porc ».

Le maire communiste de la ville de Vénissieux, Michèle Picard, cité par le journal Le Figaro, a dit soutenir pleinement la démarche du député.

Si le député n’a fait que répondre aux préoccupations des habitants de sa circonscription, qui l’ont interpellé à ce sujet, d’où sa décision d’écrire au gouvernement, sa démarche ne passe visiblement pas auprès de certains membres de la communauté algérienne en France.

« Je trouve que ce monsieur a fait une demande totalement absurde »

Sur les réseaux sociaux, sa démarche a suscité de nombreux commentaires d’internautes, des Algériens de France en particulier, qui ne voient pas d’un bon œil son initiative, en raison notamment de ses origines algériennes et sa binationalité française et algérienne.

« Je trouve que ce monsieur a fait une demande totalement absurde, sachant qu’il existe de nombreux magasins d’alimentation qui ne vendent pas de porc ou d’alcool (en France) », écrit une internaute dans un commentaire sur Facebook.

« Le pauvre, il veut plaire », a renchéri un autre, estimant, au fond, qu’en fonction de ses origines algériennes, Idir Boumertit devait plutôt être favorable à l’implantation d’un commerce halal à la place d’un supermarché qui vend de l’alcool et du porc.

« Faut croire qu’il la veut la Légion d’honneur ». « Pourtant, beaucoup de musulmans de sa circonscription ont voté pour lui ». « Pauvre de lui, il est plus royaliste que le roi » … Des commentaires de ce genre inondent les réseaux sociaux.

Pourtant, Idir Boumertit n’a fait que jouer convenablement son rôle d’élu de la région, en transmettant les doléances de la population au gouvernement. Il n’a d’ailleurs jamais caché ses origines algériennes et sa double nationalité, française et algérienne.

Fin juillet dernier, au cours d’un voyage en Algérie, il a même envoyé une pique à Jordan Bardella, qui a, lui aussi, des origines algériennes du côté de son arrière-grand-père.

Dans un tweet, le député LFI a publié quelques photos de lui dans le village natal de sa famille en Algérie, tout en invitant Jordan Bardella à le rejoindre et à « assumer pleinement toute son histoire, sa complexité et sa tri-nationalité française, italienne et algérienne ».