Économie

Taxes douanières de Trump : quel impact sur l’Algérie ?

Dans sa politique de protectionnisme tous azimuts, le président américain Donald Trump vient d’allonger la liste des produits qu’il compte soumettre à de fortes taxes douanières pour encourager leur production aux États-Unis.

Parmi les nouveaux produits ciblés figure l’acier, que l’Algérie exporte vers l’Amérique depuis quelques années.

Selon CNBC Arabic, Trump a promis dans des déclarations publiques d’instaurer de nouvelles taxes sur les puces informatiques, les médicaments, l’acier, l’aluminium et le cuivre. Le montant des taxes envisagées n’a pas été précisé.

En campagne électorale pour les présidentielles de novembre 2024, Trump avait promis de taxer fortement tous les produits en provenance de certains pays, comme la Chine, le Canada et le Mexique. Il a aussi menacé l’Union européenne de décréter la même mesure si elle n’importe pas plus de gaz et de pétrole américains.

Cette semaine, il a fait plier, en usant de cette arme des taxes, la Colombie qui refusait d’accepter ses ressortissants clandestins expulsés des États-Unis.

Lors de son premier mandat (2017-2020), Donald Trump avait imposé, en mars 2018, une taxe de 25% sur l’acier importé aux États-Unis et 10% sur l’aluminium. La mesure a toutefois été levée par son successeur Joe Biden en 2021.

Si une telle taxe est de nouveau en vigueur, elle touchera de plein fouet les plus gros fournisseurs d’acier qui exportent aux États-Unis.

Les plus grands producteurs mondiaux de ce matériau sont la Chine, le Japon, l’Inde, la Russie, la Corée du Sud, l’Allemagne, la Turquie…

L’Algérie ne figure pas parmi les mastodontes mais a l’ambition de devenir un grand acteur important de l’acier dans les années à venir.

Gaz, acier : quel effet aura la politique de Trump sur l’économie algérienne ?

L’industrie sidérurgique, dominée pendant plusieurs décennies par le complexe d’El Hadjar, a été renforcée par l’ouverture de nouvelles unités, dont le complexe algéro-qatari de Bellara (Jijel) et celui des Turcs de Tosyali (Oran), en plus du complexe de bobines d’acier de Mila.

D’importateur net de produits sidérurgiques, l’Algérie est devenue un exportateur notamment de rond à béton et de tôles d’acier. Parmi les destinations de l’acier algérien, figurent les États-Unis en bonne place.

Selon le ministère de l’industrie, l’Algérie a produit 3,5 millions de tonnes de fer et d’acier en 2022, devenant le troisième producteur du monde arabe.

En 2023, l’Algérie a exporté pour 1,14 milliards de dollars de produits sidérurgiques. Les exportations de Tosyali se situent à un peu moins de 1 milliard de dollars, vers une cinquantaine de pays, avec une concentration sur l’Europe, l’Afrique de l’Ouest, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud.

À terme, le complexe compte atteindre 2,5 milliards de dollars. Même si le volume exact des exportations vers les États-Unis n’est pas connu, Tosyali a annoncé à plusieurs reprises l’expédition de cargaisons de différents produits sidérurgiques vers ce pays.

En 2021, il a annoncé avoir exporté 27.000 tonnes de rond à béton vers les États-Unis.

Le complexe AQS (Algeria qatari Steel) de Bellara ambitionne pour sa part d’atteindre une production de 4 millions de tonnes par an et destiner 2,7 millions de tonnes à l’exportation.

L’acier algérien pourrait être touché par les mesures de Trump

Les ambitions de l’Algérie reposent sur l’exploitation du gisement de minerai de fer de Gara Djebilet (Tindouf), doté de réserves de 3 milliards de tonnes et considéré parmi les plus grands gisements au monde.

Outre les retombées d’une éventuelle forte taxation des produits sidérurgiques, l’Algérie pourrait aussi être directement impactée par une autre mesure que pourrait prendre le président américain.

En campagne électorale, Donald Trump avait sommé l’Union européenne d’importer plus d’hydrocarbures des États-Unis. La Commission européenne a exprimé sa disposition à augmenter ses achats.

Reliée par des gazoducs à l’Espagne et à l’Italie, l’Algérie est l’un des plus gros fournisseurs de gaz de l’Europe qui a décidé de réduire fortement sa dépendance au gaz russe. 

L’Algérie qui est un grand pays gazier a peu des chances d’être touchée par les mesures de Trump visant à forcer l’Europe à acheter plus de gaz et de pétrole américains.

Si les quantités de pétrole exportées par l’Algérie par rapport aux grands producteurs comme la Russie et l’Arabie saoudite, le gaz algérien peut trouver d’autres débouchées dans d’autres régions du monde, en raison de la forte demande sur cette énergie.

En juillet dernier, l’ambassadrice américaine en Algérie, Elisabeth Moore Aubin, avait révélé que les États-Unis sont le premier investisseur étranger en Algérie avec plus de 6 milliards de dollars, ajoutant que les échanges commerciaux entre les deux pays s’élèvent à 4 milliards de dollars. 

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