Politique

Tebboune sur sa visite en France : « Je n’irai pas à Canossa »

La visite d’État que devait effectuer le président Abdelmadjid Tebboune en France entre fin septembre et début octobre est à nouveau renvoyée aux calendes grecques.

Le président Emmanuel Macron a adressé fin juillet dernier une lettre au roi Mohammed VI pour lui annoncer l’alignement de son pays sur les thèses marocaines concernant le Sahara occidental.

Cette lettre a été dévoilée le 30 juillet dernier par le Palais royal marocain. Le jour même, l’Algérie a décidé de retirer son ambassadeur à Paris, Said Moussi, en signe de protestation contre le changement de position de la France qui soutenait jusque-là le plan d’autonomie marocain, sans le considérer comme la « seule base » pour la résolution sahraouie, comme l’a écrit Macron à Mohammed VI dans sa lettre.

Le président Tebboune a mis officiellement fin aux fonctions de Said Moussi, comme ambassadeur d’Algérie à Paris et n’a pas désigné son successeur.

Tebboune critique la nouvelle position de la France sur le Sahara occidental

Lors de son entretenue médiatique périodique avec des médias algériens qui a été diffusée samedi soir sur la Télévision algérienne, le président Tebboune a expliqué que ce retrait et sa visite en France n’étaient pas liés.

Tout en critiquant la nouvelle position française sur le Sahara occidental, il a demandé à la France, en tant que membre du Conseil de sécurité, de respecter les décisions de l’ONU, sur ce conflit.

« La France ne peut pas être membre du Conseil de sécurité, dont le rôle est de sauvegarder la paix mondiale, et violer ses résolutions. Un peu de respect pour les instances onusiennes », a critiqué le président Tebboune, en rappelant que l’Union européenne a pris la décision de s’aligner sur les décisions du Conseil de sécurité concernant le conflit sahraoui qui dure depuis 1975.

La visite de Tebboune en France renvoyée sine-die

« La France a bombardé un pays arabe (La Libye, NDR) au nom du Conseil de sécurité, mais quand il s’agit du Sahara occidental, elle ignore cette instance », a regretté le chef de l’État.

Sur la nomination d’un nouvel ambassadeur d’Algérie à Paris, le président Tebboune l’a écarté dans l’immédiat. « L’avenir est à Dieu et aux peuples. Nous allons voir », a-t-il répondu.

Sur le maintien ou non de sa visite d’État en France dans le contexte de fortes tensions entre les deux pays, le président Tebboune a répondu : « Je n’irai pas à Canossa ». Cette expression ne signifie pas se rendre dans cette magnifique ville de Toscane en Italie.

Selon le site Historia, l’expression qu’a utilisée le président Tebboune pour annoncer le report sine-die de sa visite en France, signifie « l’action de faire pénitence, de s’humilier devant un personnage important afin d’obtenir son pardon ».

« Le vrai grand remplacement »

La visite du président Tebboune a été évoquée à plusieurs reprises depuis celle effectuée par son homologue français en août 2022 en Algérie, mais à chaque fois, une crise entre les deux pays survient pour la reporter.

En plus de sa visite en France, le président Tebboune a abordé le dossier de la mémoire en laissant entendre qu’il n’avance pas en accusant Paris de chercher à falsifier l’histoire. « L’Algérie a été choisie pour le vrai grand remplacement qui est de chasser la population locale et la remplacer par la population européenne », a dénoncé le président Tebboune.

Il a dit que l’Algérie exige de la France la « reconnaissance de ses crimes coloniaux ». « Il y a eu génocide en Algérie. Nous étions quatre millions de personnes en 1830. À l’indépendance, la population de l’Algérie ne dépassait pas les 9 millions de personnes », a accusé le président Tebboune.

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