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Titre de séjour en France : « Ça fait un an que je n’arrive pas à prendre de rendez-vous »

Des files interminables, des rendez-vous impossibles à obtenir en ligne, et des étrangers en situation régulière poussés vers l’irrégularité sans autre forme de procès : le renouvellement de titre de séjour dans certaines préfectures et sous-préfectures de France est devenu un véritable parcours du combattant.

À la sous-préfecture de Saint-Denis, situé nord de Paris, des centaines de personnes sont quotidiennement confrontées à des conditions d’accueil « indignes », tandis que des familles et des travailleurs sont plongés dans la précarité à cause d’un système qui sature.

Le cauchemar des renouvellements de titres de séjours à la sous-préfecture de Saint-Denis

Renouveler un titre de séjour est devenu le cauchemar administratif de nombreux étrangers vivant en Seine-Saint-Denis, et ce, en raison du système de rendez-vous en ligne mis en place par la sous-préfecture de Saint-Denis. Rares et aléatoires, les créneaux disponibles disparaissent en à peine quelques minutes, ce qui pousse beaucoup de personnes à passer des nuits entières à actualiser le site, sans succès.

N’arrivant pas à obtenir de rendez-vous, bon nombre d’étrangers choisissent de se rendre directement à la sous-préfecture, alors même qu’il est impossible d’être reçu sans rendez-vous. C’est ainsi que des centaines de personnes se retrouvent à attendre pendant des heures devant la sous-préfecture, formant de longues files d’attente qui commencent dès l’aube.

« Ça fait 4 jours que je viens à 4 h du matin pour un renouvellement », « Moi, ça fait un an que je n’arrive pas à prendre de rendez-vous. Mon compte est même bloqué », révèlent quelques témoignages sur les réseaux sociaux.

@diangou.traore Dans des récits poignants, des personnes relatent les obstacles qu’ils/elles doivent surmonter pour renouveler leur titre de séjour d’une durée de 10, 2 ou 1 an, aboutissant parfois à la perte de leur emploi et de leur logement. La plupart de ces personnes sont sur le territoire français depuis plus de 40 ans. #prefecture #sousprefecture #sousprefecturesaintdenis #titredesejour #titresejourfrancais #saintdenis ♬ son original – Traoré Diangou

De son côté, Diangou Traoré, une militante associative, déclare dans les colonnes de France 3 : « J’ai vu 300 personnes agglutinées sur le trottoir. Certaines, désespérées, essayaient de faire passer leur dossier entre les grilles, pour les donner au vigile. C’était une situation déshumanisée de panique et de pleursJ’ai ressenti de la tristesse et de l’injustice. Et j’ai compris que c’était tous les jours comme ça ».

Incapables de renouveler leur titre de séjour à temps, beaucoup d’étrangers, jusqu’alors en situation régulière, perdent leur emploi, puisque la validité des papiers est nécessaire pour travailler. Ils voient également leurs droits sociaux essentiels suspendus (accès aux soins, prestations sociales…).

Faute de revenus stables, les dettes s’accumulent rapidement, plongeant des familles entières dans la précarité, ce que déplore Traoré : « C’est devenu une fabrique de sans-papiers, alors que certains ont 30 ans de carte de séjour ».

Inefficace et saturé, le système numérique est à revoir

Le système de rendez-vous en ligne mis en place par la sous-préfecture de Saint-Denis remonte à 2018, et bien qu’il fut introduit dans le but de simplifier les démarches de renouvellement de titres de séjour, il est rapidement devenu saturé et complique, de ce fait, la vie de centaines d’étrangers en attente de renouvellement.

Ce système inefficace a même donné lieu à un trafic illégal de rendez-vous, avec des individus qui vendent les places dans les files d’attente ou les créneaux réservés en ligne pour des sommes parfois exorbitantes pouvant aller jusqu’à 500 € pour un rendez-vous.

Aussi, si le système de rendez-vous en ligne est ainsi jugé contre-productif, c’est notamment car il ne tient pas compte des urgences individuelles. Des situations critiques telles qu’une perte d’emploi, une expulsion imminente ou une urgence médicale ne sont pas prises en considération.

Les dossiers les plus urgents ne sont pas priorisés, et la sous-préfecture n’arrive pas à absorber la demande qui est passée de 30.000 à 60.000 dossiers à traiter chaque année, d’après l’équipe du député Eric Coquerel.

Des promesses d’amélioration insuffisantes

Face aux critiques incessantes des associations de défense des droits des étrangers, la sous-préfecture de Saint-Denis a récemment annoncé « l’abandon du filtrage » à l’entrée. Cela signifie que les demandeurs recevront les récépissés pour le renouvellement des titres de séjour dans une salle d’attente, leur évitant ainsi de patienter dans la rue.

Ces mesures timides sont néanmoins limitées. Les solutions proposées ne répondent pas aux besoins urgents des demandeurs, et bien que le sous-préfet de Saint-Denis ait annoncé un nouvel outil pour mieux prioriser les dossiers d’ici 2025, les étrangers font toujours face à des difficultés d’accès aux rendez-vous.

Un fait qui a poussé le groupe d’associations et d’habitants de Saint-Denis « Collectif pour le respect des droits des étrangers 93 » à maintenir son appel à manifester devant la sous-préfecture ce vendredi 4 octobre.

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