search-form-close
Titre de séjour : un avocat médiatique accusé de tromperie

Titre de séjour : un avocat médiatique accusé de tromperie

Par lefebvre_jonathan / Adobe Stock

Face aux procédures de plus en plus compliquées et aux retards enregistrés par les préfectures, les demandeurs de titres de séjour en France ont plus que jamais besoin d’être accompagnés.

Sur les réseaux sociaux, un avocat spécialisé dans le droit des étrangers a capté les lumières. Il s’agit d’Alexis Tordo, qui était suivi, début mars dernier, par plus de 350.000 abonnés sur TikTok.

Populaire sur les réseaux sociaux et régulièrement invité sur les plateaux de chaînes télévisées, l’avocat recevait aussi chaque jour des dizaines de clients qui faisaient la queue devant ses locaux, au point de déranger le voisinage.

L’avocat Alexis Tordo suspendu barreau de Paris

Mais derrière cette réussite médiatique, et aussi financière, se cache une réalité peu reluisante, rapporte le média français Libération, qui dévoile que l’avocat a été suspendu à titre conservatoire par le barreau de Paris en juillet dernier.

Le média français ajoute qu’Alexis Tordo, principalement connu pour les conseils qu’il donne sur sa chaîne TikTok, fait actuellement l’objet d’une procédure disciplinaire, et qu’il risque d’être radié de l’ordre des avocats.

L’avocat est confronté à une centaine de plaintes concernant un « abus de confiance », un « abus de faiblesse », voire une « escroquerie ». Beaucoup de clients lui reprochent d’avoir encaissé de l’argent et d’avoir ignoré leurs dossiers.

« Il était vraiment dans une logique commerciale »

« Mes consultations ont duré cinq minutes et jamais, on a parlé de procédure, seulement d’argent. Pour lui, c’est comme si on n’existait pas : il parle mal, vous pousse dehors, il insulte certains clients… », témoigne Rayan, un client tunisien de cet avocat.

C’est aussi le cas de Fouad, un Algérien à qui cet avocat a promis de décrocher une carte de séjour en « deux mois » alors que les délais d’instruction des dossiers en Ile-de-France vont parfois jusqu’à deux ans.

L’avocat facture ses services très chers, et bien entendu, sans aucune obligation de résultat. Il commence souvent par un premier rendez-vous, souvent téléphonique, à 150 €. Il peut cependant promettre de faire jouer ses relations dans telle ou telle préfecture, mais il fallait d’abord lui verser 1.500 €.

L’avocat à une petite préférence pour le cash, selon plusieurs plaignants interrogés par Libération. Anissa, ancienne stagiaire chez l’avocat, confie que ce dernier « était vraiment dans une logique commerciale » et qu’il «  n’était pas transparent avec les clients ». « J’ai dû traiter des demandes de carte de résident pour des personnes qui ne remplissaient même pas les critères », a-t-elle témoigné.

Alexis « Tordonnance »

À cause des pratiques de cet avocat, certains de ses clients se retrouvent dans une situation difficile. C’est le cas de Rayan, qui a perdu son travail, car il n’a pas pu renouveler son titre de séjour dans les temps. « J’ai fait dix ans d’études, j’avais un travail, un logement… À cause de lui, je n’ai plus rien », a-t-il déclaré au journal.

Si l’avocat commence à avoir mauvaise réputation parmi ses clients, c’est également le cas dans les couloirs des tribunaux ou on le surnomme « Tordonnance », car il est connu pour recevoir beaucoup d’ordonnances (documents envoyés par la Cour quand une requête est irrecevable).

Contacté par le journal français, Alexis Tordo, qui a disparu du paysage médiatique depuis octobre dernier, date où sa suspension du barreau a été renouvelée, a assuré que « toutes les diligences adéquates ont été effectuées ».

L’avocat de 29 ans ne regrette qu’« un défaut de communication ». Il explique qu’il a «  eu beaucoup de clients » et que  « sa structure et ses locaux qui n’étaient pas adaptés à une telle clientèle ». « Je mets ça sur le compte de la jeunesse », s’est-il justifié.

Bien qu’il soit actuellement suspendu, l’avocat continue à prendre des consultations, ce qui peut être considéré comme un exercice illégal de la profession, souligne le journal français.

  • Les derniers articles

close