Diasporas

Titres de séjour : ils passent la nuit devant la préfecture pour un rendez-vous

Rester légalement en France est devenu un véritable défi pour de nombreux étrangers. Même s’ils y résident parfois depuis plusieurs années, pour décrocher un renouvellement de titre de séjour, il leur faut passer par un véritable parcours de combattant.

À Perpignan, pour toute démarche liée au séjour, les étrangers doivent se réveiller très tôt, voire passer une nuit blanche, pour pouvoir espérer être reçus à la direction de la citoyenneté et de la légalité de la préfecture des Pyrénées-Orientales.

Ce bureau préfectoral n’ouvre ses portes que trois jours par semaine, les lundis, mardis et vendredis,  de 9h à 11h. Parmi la centaine d’étrangers qui  se pointent chaque jour, seules 50 personnes ont droit à un ticket.

« Parfois c’est la pagaille »

En France depuis 30 ans, Rachid, 59 ans, attend depuis 2 h du matin. « Lundi, je suis venu vers 6h, il y avait trop de monde…Je n’ai pas réussi à avoir de ticket. Je suis venu pour rien », a-t-il confié au journal local l’Indépendant.

Comme Rachid, ils sont plusieurs à passer la nuit devant la préfecture en espérant pouvoir décrocher le ticket qui leur permettra d’accéder au point d’accueil afin que leur demande soit examinée. Si l’objectif est souvent le même, les histoires des demandeurs sont différentes.

Tenant sa place depuis 3h30 du matin, Jean-Paul, un ressortissant guinéen de 22 ans, explique au média français que son récépissé de demande de carte de séjour « arrive à échéance ». Il est donc là pour demander un nouveau, en attendant qu’un titre de séjour lui soit délivré.

Ce jeune homme, arrivé à la préfecture avec un tabouret pliant, explique que « parfois c’est la pagaille ». Il dévoile que des bagarres éclatent entre les étrangers car certains d’entre eux arrivent à la dernière minute et tentent de doubler toute la file.

« Un problème de système » ?

Najat quant à elle, une ressortissante marocaine de 29 ans, fait la queue depuis 5 h du matin. Elle est là pour demander une carte de séjour de 10 ans. Elle explique qu’il lui faut ce document pour pouvoir signer un contrat CDI que son employeur lui propose. Mais face aux blocages, rien n’est sûr.

Najat, qui dévoile qu’elle renouvelle son titre de séjour depuis 2016, explique que les choses n’étaient pas si compliquées lors de ses premières demandes. « Un agent m’a dit qu’il y a un problème de système depuis que nos dossiers ne sont plus traités ici, à Perpignan, mais à Montpellier », a-t-elle confié.

Au bout de la file d’attente, se tient Amélia, une Algérienne qui n’a pas pu finaliser la demande de titre de séjour de sa fille en ligne, et qui est donc venu tenter sa chance au point d’accueil. Hélas, ils sont déjà près de 70 personnes à la devancer.

Peu avant 9 heures, un agent de la préfecture sort et rappelle les règles du jeu. « Seuls les 50 premiers rentreront. Une altercation sur la voie publique et on arrête tout. Je n’en ferai rentrer que 20 s’il le faut ! ».

À 9h tapantes, le portail s’ouvre. L’Algérienne n’aura pas de ticket. Le Guinéen, lui, bien qu’il soit parmi les premiers à entrer, revient la mine basse, quelques minutes après. « Toute cette attente pour deux minutes au guichet », a-t-il dénoncé, dévoilant qu’on lui a simplement dit qu’ils allaient le rappeler.

Les plus lus