En Turquie, l’une des destinations touristiques les plus prisées, le racisme et les violentes agressions contre les touristes arabes se multiplient et suscitent des inquiétudes quant à la sécurité des visiteurs. Les autorités semblent impuissantes.

Début juillet, la vidéo d’un homme armé d’un couteau menaçant un groupe d’hommes d’affaires saoudiens à Istanbul a choqué dans les pays du Golfe. Elle a relancé le débat et les inquiétudes en Turquie quant à ce phénomène.

La vidéo de l’agression, montrant un Turc, avec un grand couteau, menaçant et proférant des insultes, a vite fait le tour des réseaux sociaux. L’individu faisait aussi un geste de la main associé aux Loups gris, un groupe ultranationaliste turc créé à la fin des années 1960. L’homme a été arrêté et son arrestation a été filmée. Mais son acte est loin d’être rassurant pour les touristes arabes, notamment du Moyen-Orient. Car il ne s’agit pas d’un acte isolé.

Le racisme anti-arabe n’a jamais été aussi apparent en Turquie

L’incident s’est produit dans le quartier de Maslak, dans le Nord d’Istanbul. « Je suis un Turc, un Turc. Vous m’empêchez de dormir, qui êtes-vous ? C’est mon pays, regardez, voici le couteau », criait l’homme en colère à l’adresse de ses victimes.

L’incident s’est produit au moment où la violence à l’encontre des Arabes s’intensifie en Turquie. Et c’est loin d’être le premier acte de violence à l’égard de cette catégorie de touriste, dont le nombre est estimé à des centaines de milliers, voire des millions.

De nombreux autres incidents, impliquant des bagarres et des insultes xénophobes, ont, en effet, été déjà filmés et partagés l’année dernière sur les réseaux sociaux.

Selon le témoignage d’un voyageur franco-algérien, parti récemment en voyage à Istanbul, le racisme anti-arabe en Turquie n’a pas d’équivalent ailleurs. Il affirme, en effet, n’avoir « jamais vu un racisme anti-arabe aussi visible », y compris dans les pays européens les plus hostiles aux musulmans.

Lors de son séjour, il a constaté que les incidents avec des ressortissants arabes surviennent quotidiennement dans les restaurants et les épiceries de la métropole. De plus, il a aussi constaté un accueil glacial à l’aéroport. « J’ai présenté mon passeport français. Quand le policier a vu mon nom, il m’a demandé d’où je venais ! », témoigne-t-il.

Une touriste algérienne qui vient de rentrer d’Istanbul confirme. « Dès qu’ils voient que nous sommes arabes, ils refusent de nous parler. J’ai rencontré une Tunisienne qui vit à Istanbul qui m’a dit que même dans les salons de coiffure, ils refusent des clients arabes », affirme-t-elle.

Le sentiment anti-arabe semble déjà avoir son impact sur les arrivées touristiques

Les autorités tentent d’enrayer le phénomène pour ne pas perdre une manne touristique importante, mais elles semblent impuissantes. Certains lient cette montée du racisme à une forte présence de réfugiés syriens dans le pays. Mais cette explication est insuffisante à elle seule.

Ce sentiment anti-arabe semble déjà avoir son impact sur les arrivées de touristes en Turquie. Selon le site d’information Hürriyet Daily, cité par le journal saoudien Arabe News, le nombre de touristes provenant de plusieurs pays arabes a chuté en 2023.

Le nombre de visiteurs en provenance de Bahreïn a, en effet, baissé durant cette année de 34 %, des Émirats arabes unis de 17 %, du Qatar de 24,2 %, du Koweït de 24,4 % et de Jordanie de 22,2 %.

Outre les touristes arabes, les réfugiés et les ressortissants syriens font aussi face à des vagues de violences et d’agressions en Turquie. La dernière remonte à la fin du mois de juin dernier, suite à l’arrestation d’un syrien de 26 ans accusé d’agression sexuelle sur un mineur à Kayseri, en Anatolie centrale.

Des émeutes ont éclaté après la diffusion de l’information sur les réseaux sociaux. Les émeutiers ont attaqué et vandalisé des dizaines d’entreprises, de maisons et de véhicules appartenant à des Syriens. Les émeutes se sont même propagées à d’autres régions de la Turquie.

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