L’enthousiasme suscité par les promesses de Donald Trump d’asseoir la paix en Palestine s’est vite transformé en désillusion. À la place d’une paix juste et durable, c’est un nouveau cauchemar que le président américain veut faire vivre aux Palestiniens avec son projet de déporter des millions de Gazaouis hors de leur pays, et d’occuper militairement Gaza.
La trêve à Gaza, après 15 mois d’une guerre d’agression qui a fait près de 50.000 morts, a coïncidé avec le retour au pouvoir de Donald Trump.
Le nouveau locataire de la Maison Blanche avait haussé le ton, exigeant la conclusion d’un accord de cessez-le-feu avant son entrée officielle en fonction, le 20 janvier dernier.
Ce qui fut fait. Beaucoup ont trop vite oublié les convictions chevillées au corps du président américain concernant Israël et le Moyen-Orient, qu’il a montrées et traduites en actes pendant son premier mandat. C’est bien lui qui a transféré l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, un pas qu’aucun président américain n’avait osé franchir avant lui.
Gaza : Trump remet en cause la solution à deux États
C’est aussi lui qui a reconnu la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien occupé. En novembre dernier, l’un des premiers responsables étrangers à jubiler après l’élection de Trump fut sans surprise le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Et c’est encore celui-ci qui est le premier à s’envoler pour Washington afin de rencontrer le nouveau président américain.
Dès son entrée en fonction, Donald Trump a signifié au monde qu’il ne sera pas celui qui mettra fin au calvaire du peuple palestinien. Sa première proposition était de concrétiser le projet que les extrémistes de Tel-Aviv avaient tenté au tout début de la guerre de Gaza, en octobre 2023, celui de déporter la population de l’enclave palestinienne vers les pays voisins.
Netanyahou et son cabinet avaient buté sur le refus de l’Égypte. Trump est revenu à la charge et a presque sommé l’Égypte et la Jordanie d’accepter d’accueillir les quelque 2,4 millions habitants de Gaza, arguant que cette dernière est entièrement détruite, qu’il faudra 15 ans pour la reconstruire et qu’on ne peut pas obliger des gens à vivre au milieu de ruines.
Le plan de Trump de chasser les habitants de Gaza de leur territoire remet en cause la solution à deux États, palestinien et israélien, qui est soutenue par la communauté internationale. L’Algérie a dit qu’elle reconnaîtra Israël le jour de la création d’un État palestinien. L’Arabie Saoudite aussi.
Gaza : Trump va au-delà des espérances des extrémistes israéliens
Les deux pays arabes ont rejeté officiellement la proposition, mais le président américain a fait de nouvelles déclarations, très inquiétantes. « Ils le feront », a-t-il répondu, sûr de lui, à une question relative au refus de l’Égypte et de la Jordanie d’accueillir les Palestiniens.
Mardi 4 février, à l’occasion de la visite de Netanyahou à Washington, Trump a réitéré sa détermination à mettre à exécution son plan, n’excluant pas cette fois d’envoyer l’armée américaine sur place.
« Nous ferons le nécessaire (…) Nous allons prendre le contrôle de cette partie et nous allons la développer, créer des milliers et des milliers d’emplois (…) Avec notre stabilité et notre force, en la possédant, nous serons un bon gardien », a-t-il déclaré en conférence de presse.
Trump et le grand Israël
Mais il y a encore plus inquiétant. Le plan de Donald Trump ne se limite pas à vider Gaza de sa population. Ses dernières déclarations vont au-delà de ce que pouvaient espérer les plus extrémistes des responsables israéliens. Interrogé lundi sur l’annexion de la Cisjordanie, le président américain a laissé entendre qu’il faut un plus vaste territoire pour Israël.
« Regardez ce magnifique stylo. Si ma table représente le Moyen-Orient, alors la pointe de ce stylo, c’est Israël. Ce n’est pas bon, n’est-ce pas ? C’est une différence assez importante. C’est en réalité assez précis. C’est un très petit morceau de terre », a-t-il dit.
« C’est remarquable ce qu’ils ont réussi à accomplir quand on y pense. Ils ont beaucoup de capacités intellectuelles. Mais c’est une petite parcelle de terre, il n’y a aucun doute là-dessus », a-t-il insisté.
Et pour mettre fin définitivement aux illusions de ceux qui voyaient en lui l’homme de la paix au Moyen-Orient, Trump a signifié qu’il n’a « aucune garantie que le cessez-le-feu à Gaza tiendra ».
En d’autres termes, la guerre pourrait reprendre d’un moment à l’autre et le projet du « grand Israël » est bien en marche.
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