Les fortes précipitations qu’a connues le Sahara algérien depuis fin août ont donné lieu à la résurgence, aussi inattendue que surprenante, d’un crustacé préhistorique. Ce phénomène surprenant a été observé par Redouane Tahri, chercheur en biodiversité, producteur et réalisateur de films documentaires sur la faune sauvage, à Béchar, dans l’ouest de l’Algérie.

Les récentes pluies torrentielles enregistrées dans la région ont créé des étendues d’eau temporaires. Ensuite, des crustacés primitifs du genre Triops, appelés également crevettes dinosaures, ont réapparu dans les eaux peu profondes de ces étendues d’eau.

@tout.sur.l.algerie Un crustacé préhistorique refait surface en Algérie #algerie #histoire ♬ original sound – TSA – Tout Sur L’Algérie

N’ayant jamais observé cette créature, les locaux ont qualifié ces petits organismes vivants de « créatures étranges ». Mais il s’est avéré par la suite qu’il s’agit d’arthropodes marins qui ont vécu il y a des millions d’années, avant même l’apparition des dinosaures.

Réapparition d’une espèce millénaire de Triops à Béchar dans le Sahara algérien

Dans une vidéo postée le 9 octobre sur sa page Facebook, Redouane Tahri, chercheur en diversité animale et producteur de documentaires sur la faune sauvage, montre deux de ces Triops nageant dans des eaux peu profondes d’une étendue engendrée par les eaux des récentes précipitations.

Interrogé par TSA, ce spécialiste explique que les crustacés découverts à Béchar appartiennent certainement à la famille des Triops. « Mais à défaut de recherches scientifiques approfondies, on ne peut pas les identifier avec exactitude, car il en existe plusieurs espèces en fonction de chaque zone géographique ».

Ce qui est certain, selon lui, c’est que cette espèce de crevettes dinosaures, observée à Béchar « remonte à des centaines de millions d’années. On a déjà découvert des organismes fossilisés, datant d’il y a 419 millions d’années, exactement de la même forme ».

L’existence des crustacés préhistoriques découverts dans le sud algérien remonte en effet à l’ère avant l’apparition des dinosaures. « Alors que les dinosaures remontent à 200 millions d’années, les Triops ont vécu, quant à eux, depuis plus de 400 millions d’années », a-t-il précisé.

Redouane Tahri affirme qu’il est en contact avec des chercheurs spécialisés pour réaliser des séquençages d’ADN de ces créateurs pour déterminer exactement leur espèce.

Comment peut-on expliquer la résurgence inattendue de ces crustacés primitifs ?

Des chercheurs étrangers, d’Espagne notamment, lui ont affirmé qu’ils ne disposent d’aucune identification sur les Triops algériens. « Ils veulent ainsi en faire l’identification pour l’intégrer dans la bibliothèque des espèces », a encore ajouté notre interlocuteur.

Le plus étonnant, c’est que des fossiles d’organisme appartenant à cette espèce observée à Béchar ont déjà été découverts dans plusieurs régions du désert algérien. Sa réapparition plusieurs siècles plus tard est donc intrigante.

À ce propos, Tahri ne trouve qu’une seule explication : « Ces crevettes dinosaures étaient toujours là, mais sous forme d’œuf, dans un état d’hibernation profonde sous l’effet de la sécheresse ».

Cette forme de vie permet à ces créatures de résister à des conditions environnementales extrêmes, dont la chaleur et la sécheresse. « Et lorsque les conditions de vie sont favorables, ces œufs éclosent et le cycle de la vie reprend aussi », reprend Redouane Tahri.

Et c’est ce qui s’est passé récemment à Béchar. Les fortes précipitations ont créé des conditions de vie idéales pour l’éclosion des œufs de cette espèce de Triops, ce qui a donné naissance à une nouvelle génération de ces crustacés préhistoriques.

Mais il faut savoir que cette nouvelle génération est menacée, car les étendues d’eau où elles vivent actuellement sont temporaires. Il faudra donc espérer une reproduction rapide, pour donner naissance à de nouveaux œufs résistants aux conditions extrêmes du Sahara, pour pouvoir les observer au cours de prochaines fortes précipitations.