En décidant d’adapter la célèbre chanson « Mr le Président » de Matoub Lounes, l’artiste normande Moonya, de son vrai nom Amandine Fontaine-Rebière, ne s’attendait probablement pas à faire un carton.

Les chiffres ne mentent pas : depuis sa sortie, le titre a enregistré plus de 2 millions de vues dont plus d’un million sur la plateforme Facebook.

De quoi ravir cette jeune musicienne, multiinstrumentiste, de Brionne près de Pont-Audemer dont l’éclectisme musical est sa marque de fabrique.

Moonya surprise par le succès de son adaptation d’une chanson Matoub Lounes

 «Je ne m’attendais pas du tout, j’ai fait ça comme ça et je suis très heureuse que ça ait autant plu . Du coup, c’est une aventure qui continue, je vais continuer », se réjouissait-elle, sur le plateau de la chaine publique France 3.

À la fois engagée, passionnée et voyageuse, Moonya qui touche à tous les genres musicaux, a parcouru de nombreuses scènes européennes avant de se retrouver en janvier dernier à la mythique salle du Bataclan où elle fut invitée par le chanteur Kabyle Ali Amrane.

Sa prestation, devant un public majoritairement de la diaspora algérienne en France, lui a permis de mesurer le succès de sa reprise d’un titre phare du répertoire du chanteur légendaire assassiné en juin 1998.

« Le 18 janvier, je suis monté au Bataclan, salle mythique, ça été une grande et belle surprise pour moi. Je remercie Ali Amrane qui m’a invité à faire la première partie ; ça été effectivement grandiose, un Bataclan plein, avec un public majoritairement kabyle, mais qui a été très à l’écoute de ma musique, c’était un très bon moment », savoure-t-elle.

Comment est né l’idée d’une adaptation ? Tout commence à l’été 2022 lorsqu’elle se rend pour la première fois en Kabylie où elle fût invitée à une fête de mariage.

Une visite en Kabylie qui a tout changé

Ce séjour d’une semaine dans une région dont elle ne connaissait que très peu de choses auparavant va très vite la marquer. Autant par l’accueil des gens, la beauté des paysages que par la culture de la région et la fête qu’elle trouvait « fabuleuse ».

 « Je suis resté une semaine et à la fin je savais que j’allais y retourner, c’était magique. J’ai pu découvrir les beaux paysages, je suis retourné en mai de l’année suivante et là, en fait, j’ai commencé à vouloir visiter des villages traditionnels, à connaitre un peu plus la culture, la musique, et c’est là qu’est venu l’intérêt profond pour Lounes Matoub, puisqu’il est partout en Kabylie », racontait-elle lors d’un passage sur le plateau de Berbère Télévision.

Du coup, Moonya s’intéresse de plus près à la vie et au parcours de l’artiste au destin tragique dont la notoriété demeure intacte près de trois décennies après sa disparition le 25 juin 1998.

C’est ainsi qu’elle se rend à Taourirt Moussa, le village natal de l’artiste, la fondation portant son nom, puis se met à la lecture du livre « rebelle » publié en 1995 par Lounes Matoub et Véronique Taveau, un livre introspectif dans lequel le chanteur parle de sa vision, ses convictions et son engagement en faveur de la culture berbère.

« J’ai lu son livre « Rebelle » et aimé le personnage, le fait qu’il soit autodidacte, cette liberté dans la musique qu’il décrit dans le livre…le jour où j’ai écouté « Mr le président » et sa voix en français à la fin de la chanson, ce morceau a raisonné en moi parce que j’entendais le déserteur de « Boris Vian » », raconte Moonya.

Et c’est donc naturellement que la reprise a été faite. En adaptant cette chanson, puisée de l’album de 1984 de Lounes Matoub, Moonya qui a pris le soin au préalable de solliciter l’avis de Malika, la sœur du rebelle, et de Omar Meguenni, brillant musicien, arrangeur de l’album, entendait rendre un hommage appuyé à l’artiste disparu.

« Mon souhait est de rendre hommage à Lounes Matoub, de pouvoir faire revivre cette œuvre ».  Un hommage qui confère désormais au titre l’universalité.

Poussée par le succès, la jeune normande n’exclut pas d’adapter d’autres chansons, mais aussi de chanter un jour…en kabyle.

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