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Visas et titres de séjour en France : nouvelle fake news sur les Algériens

Visas et titres de séjour en France : nouvelle fake news sur les Algériens

Par Leonid / Adobe Stock pour TSA
Un visa Schengen pour la France.

À l’ombre de la crise diplomatique entre Paris et Alger, les fakes news concernant l’Algérie et les Algériens, le plus souvent véhiculées par l’extrême droite française, trouvent un terrain fertile en France.

Début décembre dernier, des députés du Parti Les Républicains ont déposé une proposition de loi visant à abroger les titres de séjour pour étrangers malades. Au début de ce mois de février, c’est le président du RN, Jordan Bardella, qui utilise le sujet pour s’en prendre aux Algériens.

Sur CNews et Europe 1, Jordan Bardella a assuré qu’il voulait mettre fin aux autorisations de soins délivrées à des étrangers malades, dont les Algériens sont, selon lui, les principaux bénéficiaires.

Le président du RN avance des chiffres qui choquent. Selon lui, « 40 % des Algériens qui demandent un visa sur le sol français sont des visas pour soin, c’est-à-dire des visas pour se faire soigner dans notre pays, aux frais de la princesse ».

40 % des visas demandés par les Algériens sont pour aller se soigner en France ?

Le média France Info a effectué un « fact-checking » pour vérifier la véracité de ces affirmations. Il dévoile d’abord que le numéro 1 du RN confond entre visa et titre de séjour, expliquant que la France ne délivre pas de visa pour soins, mais seulement des titres de séjour dédiés à cet effet.

Ensuite, en ce qui concerne le chiffre des 40 %, il semble que Bardella l’avait sorti de nulle part, vu que le plus récent rapport de l’OFII qui dévoile les chiffres des titres de séjour pour raisons médicales ne parle nullement d’un taux de 40 %.

Ce rapport, publié en décembre 2024, indique que seuls 2.103 Algériens ont demandé un titre de séjour pour soins en 2022, ce qui ne constitue que 7 % du total des nouveaux titres de séjour accordés aux Algériens au cours de cette année.

Le média français indique qu’il ne s’agit là que du nombre de demandes, et que le rapport de l’OFII ne précise pas combien de demandes de titres de séjour pour des raisons de santé ont été refusées aux Algériens durant cette période.

Toutefois, si on applique le taux d’acceptation générale avancé par ce rapport (61,5 %), et qu’on l’applique sur les 2.103 demande de titres de séjour pour soins émanant des Algériens, on trouve que seulement 1.293 titres de séjour pour soins ont été délivrés aux Algériens en 2022, soit un taux de 4 % du total des titres de séjour accordés aux Algériens cette année.

Visa pour soins en France : on est loin des 40 % avancés par Bardella

Si on veut aller plus loin et ajouter au total des titres de séjour délivrés aux Algériens les 131.264 visas qui leur ont été délivrés en 2022, on trouve que les demandes de titres de séjour pour soins formulés par les Algériens ne constituent que 1,3 %, alors que les acceptations ne constituent que 0,8 %. On est donc très loin des 40 % avancés par Jordan Bardella.

France Info, qui indique que les demandes de titres de séjour pour des raisons médicales sont en baisse en France, affirme que les Algériens restent les principaux demandeurs, et ce, en vertu de l’accord franco-algérien de 1968. Ils sont suivis par les Ivoiriens, les Géorgiens puis les Congolais.

Le média français explique que 27,1 % des étrangers qui demandent ce type de titre de séjour le font pour pouvoir se soigner en France de diverses maladies, notamment infectieuses, de type VIH ou hépatites virales.

21,3 % demandent des titres de séjour pour des raisons médicales, le font pour se soigner en France contre des maladies du système sanguin, tandis que 18,4 % le font pour suivre un traitement contre des maladies endocriniennes, nutritionnelles ou métaboliques.

Concernant le coût, il n’y a pas de quoi s’alarmer. Le rapport de l’OFII dévoile, en effet, que les soins apportés aux étrangers qui restent en France suite à des demandes de titres de séjour pour des raisons médicales ont un « coût invisible » puisqu’ils sont « pris en charge de manière globale par l’Assurance-maladie ».

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