L’ancien ministre algérien El Hachemi Djaaboub, l’homme qui a mis fin aux fonctions de Boualem Sansal au ministère de l’Industrie au début des années 2000, s’est exprimé sur la crise en cours entre l’Algérie et la France, répondant point par point sur les « leviers » que l’extrême-droite française presse pour actionner contre l’Algérie, notamment celui de la suspension de l’octroi des visas.
Dans un long texte publié sur les réseaux sociaux, El Hachemi Djaaboub réitère sa conviction que l’affaire Boualem Sansal « n’est que la partie visible de l’iceberg du vaste complot ourdi par les forces du mal » contre l’Algérie.
Affaire Sansal : un « vaste complot » ourdi contre l’Algérie
Parmi les voix qui appellent à faire pression sur l’Algérie, l’ancien ambassadeur à Alger Xavier Driencourt, que Djaaboub qualifie de « chef de la cinquième colonne française en Algérie ».
L’ancien ambassadeur est le premier à avoir appelé à la révocation de l’accord franco-algérien de 1968 sur l’immigration.
Un accord qui n’est qu’une « coquille vide », comme l’a qualifié récemment le président de la République Abdelmadjid Tebboune, tient à rappeler l’ancien ministre de l’Industrie.
Selon Djaaboub, l’accord de 1968 est en recul par rapport aux accords d’Évian concernant la liberté de circulation entre les deux pays. « La France a le choix entre ‘’le maintien de cet accord et le retour aux accords d’Evian » qui consacrent la liberté totale de circulation, estime-t-il.
« Suspendre les visas pour la France ne fermera pas les portes du Paradis aux Algériens »
Xavier Driencourt a aussi proposé d’annuler les accords de 2008 entre l’Algérie et la France consacrant la libre circulation aux porteurs du passeport diplomatique.
El Hachemi Djaaboub formule le vœu qu’une telle décision soit prise afin de « couper les liens secrets » avec la France. Cela, estime-t-il, ne portera préjudice qu’à certaines personnes qui ne peuvent pas se passer de la France.
Le même Driencourt veut diviser par quatre le nombre de visas octroyés aux Algériens afin, écrit El Hachemi Djaaboub, de provoquer un mécontentement et un soulèvement en Algérie.
« Visiter Paris n’est ni un des piliers de l’Islam ni une des composantes de notre patriotisme, et refuser d’accorder un visa français ne fermera pas les portes du Paradis ou du monde aux Algériens. Paris n’est pas l’unique destination pour le tourisme, l’éducation ou les soins », rétorque l’ancien ministre islamiste.
Du reste, la France, qui a « échoué à diviser » les Algériens pendant 132 ans de colonisation, « ne pourra pas le faire avec une simple suspension des visas », ajoute-t-il.
Les Algériens « se rendent en Turquie pour se soigner »
Concernant la saisie des biens des Algériens en France, Djaaboub souligne que l’Algérie n’a eu de cesse d’appeler la France à coopérer pour récupérer les biens détournés en Algérie, en vain. Il invite aussi à faire la distinction entre les biens mal acquis des corrompus et ceux gagnés à la sueur de leur front par les travailleurs immigrés algériens.
S’agissant du levier des taxes douanières, El Hachemi Djaaboub rappelle que le commerce entre les deux pays est régi par l’accord d’association avec l’Union européenne qui est du reste désavantageux pour l’Algérie, d’où le souhait de le réviser profondément exprimé par le président de la République.
À ceux qui appellent aussi à revoir les accords de sécurité sociale, l’ancien ministre rétorque que les Algériens se rendent désormais en Turquie pour des soins de meilleure qualité et à moindre coût.