Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est revenu, ce vendredi 10 janvier, sur la politique française en matière de visas. Il plaide notamment à plus de rigueur et d’exigence dans la délivrance des visas touristiques, en particulier pour les ressortissants de certains pays, dont implicitement l’Algérie.
Intervenant en marge d’un déplacement dans la sous-direction des visas à Nantes, le ministre a d’emblée indiqué que les visas sont un « élément de l’influence de la France », mais aussi « un élément de la maîtrise de l’immigration ».
« Beaucoup utilisent les visas touristiques pour se maintenir illégalement en France »
Il note que son pays accorde 25 % du total des visas délivrés par l’ensemble des États membres de l’Union européenne. En 2023, la France a délivré 2,5 millions de visas et l’Allemagne, qui arrive juste après, a délivré environ 1,5 million de visas, détaille-t-il.
« Il s’agit donc pratiquement d’un million de visas de différence entre les deux pays », a fait savoir le locataire de Beauvau, qui n’a pas manqué de souligner que de nombreux étrangers utilisent les visas de court séjour (touristiques) pour s’introduire dans le pays pour ensuite s’y maintenir de façon illégale.
Il a également appelé à une politique plus restrictive en matière des visas, à travers le principe de réciprocité envers notamment les pays qui ne reprennent pas leurs ressortissants expulsés, dont l’Algérie, sans la citer nommément.
« La loi immigration, votée en janvier 2024 et le code communautaire visas, nous permettent d’agir en donnant donnant », a ajouté le responsable politique français.
Concrètement, il suggère d’actionner tous les leviers disponibles pour restreindre la distribution des visas aux ressortissants des pays qui n’appliquent pas la réciprocité en matière de délivrance des laissez-passer consulaires.
« Surveiller de très près les 20 postes consulaires qui distribuent l’essentiel des visas pour la France »
Le ministre de l’Intérieur insiste sur le fait que la France doit être « beaucoup plus exigeante » dans la délivrance des visas, touristiques en particulier. « Ces visas de court séjour sont des moyens qui permettent de se maintenir illégalement en France. Il faut donc être très vigilant ».
À ce propos, Bruno Retailleau préconise de mieux surveiller les postes consulaires français dans lesquels les risques migratoires à travers ces pratiques sont au plus haut.
Sachant que la compétence de la politique de délivrance des visas en France est partagée entre le département de l’intérieur et le ministère des Affaires étrangères, Retailleau a appelé les services de ce dernier à faire preuve davantage de « vigilance ».
« Je souhaite qu’on puisse surveiller de très près les 20 postes consulaires qui sont à l’étranger et qui distribuent l’essentiel du nombre des visas pour la destination France », a-t-il plaidé. Ici encore, les pays du Maghreb, en particulier l’Algérie, sont visés par les déclarations de Retailleau, sans pour autant les citer directement.
Désaccord avec le ministère des Affaires étrangères sur l’Algérie
L’offensive de Bruno Retailleau n’est toutefois pas partagée par le ministère français des Affaires étrangères.
Selon la radio Europe 1, qui cite des diplomates français, le Quai d’Orsay n’est pas du tout sur la même ligne que l’Intérieur concernant la gestion de la crise avec l’Algérie.
Les diplomates français estiment que les visas ne peuvent pas être utilisés comme moyen de pression sur l’Algérie. « ça ne marche pas comme moyen de pression », ont-il expliqué à Europe 1.
Selon eux, le problème doit être traité à l’échelle européenne. « La circulation des personnes, cela devait se gérer au niveau européen », ont-ils expliqué.